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Revue de presse : Article dans Le Figaro du 10/10/2011 : Comment prévenir la mort subite du nourrisson ?

La réponse de Dominique Carles, anatomopathologiste.

La mort subite du nourrisson reste l'une des premières causes de décès des enfants âgés d'un mois à un an. C'est toujours un mystère, même si des mesures de prévention s'avèrent efficaces. Aucune explication ne peut être apportée malgré l'étude des circonstances du décès, un bilan biologique exhaustif et une autopsie. De multiples hypothèses sont avancées ; certaines s'appuient sur des travaux de recherche très élaborés. D'autres, comme la théorie du rêve ou de l'hibernation, sont plus inattendues, mais toutes témoignent de nos difficultés à comprendre la mort subite - et inacceptable aujourd'hui - d'un nourrisson.

 

Ce qui ressort actuellement de toutes les études, c'est l'association entre la mort subite du nourrisson et le couchage sur le ventre. Dès 1944, il avait été noté que les morts subites du nourrisson étaient rares à Hong kong où, traditionnellement, les nourrissons ne sont jamais couchés sur le ventre. Les études ultérieures ont confirmé ce lien, mais ce n'est qu'à la fin des années 1980 et au début des années 1990 que de véritables campagnes de sensibilisation sur les bonnes méthodes de couchage des nourrissons ont été lancées. Ces campagnes ont prouvé leur efficacité : on enregistrait près de 1 500 morts subites du nourrisson par an en France au début des années 1990 ; actuellement, moins de 500 enfants décèdent dans ces circonstances.

Ce qu'on a remarqué, c'est que certains enfants sont plus vulnérables que d'autres, qu'il existe une période critique dans le développement de l'enfant et qu'intervient un facteur déclenchant exogène. Cette hypothèse du «triple risque» est une approche originale, utile pour l'étude de chaque cas et à même aussi de mieux définir les mesures de prévention.

 

La vulnérabilité fait référence à des facteurs de risque dont on sait qu'ils sont statistiquement associés à la mort subite du nourrisson : prématurité, sexe masculin, faible poids de naissance, tabagisme maternel pendant la grossesse.

Des anomalies des neurotransmetteurs ou des altérations microscopiques constatées sur le cerveau des enfants décédés de mort subite pourraient aussi expliquer cette vulnérabilité.

 

En ce qui concerne la période critique, on constate effectivement que la mort subite du nourrisson s'observe chez des enfants d'un mois à un an (exceptionnellement au cours de la deuxième année), avec un pic de fréquence à trois mois de vie, période majeure du développement avec notamment un encéphale dont le poids fait plus que doubler.

C'est aussi à cet âge que des mécanismes très complexes assurant notamment l'autonomisation de certaines fonctions physiologiques comme la respiration sont en pleine maturation et, de ce fait, fragiles.

Enfin, le facteur déclenchant est par exemple une infection des voies respiratoires, infection a priori banale, mais qui, chez un enfant vulnérable et à un âge critique, est susceptible d'être à l'origine d'une mort subite.

 

Si certains risques ne peuvent pas être maîtrisés, il en est d'autres dont l'effet peut être limité par quelques mesures simples mais rigoureusement appliquées.

Le plus important reste le couchage. Pour dormir, l'enfant doit être dans une turbulette, couché sur le dos dans un lit adapté à son âge, avec un matelas ferme recouvert d'une housse, sans couette, ni couverture ou peluches. Il faut absolument éviter le couchage dans le lit des parents. La température de la chambre de l'enfant doit être modérée, de 18 à 20 °C.

Le tabagisme pendant la grossesse et après la naissance est à proscrire, de même que fumer dans les pièces où vit l'enfant. Enfin, les animaux de compagnie ne doivent en aucun cas avoir accès à la chambre de l'enfant.

 

Tant que le décès brutal d'un enfant jusqu'alors en bonne santé n'est pas entièrement élucidé, au terrible désarroi des parents, mais aussi des soignants, c'est donc le devoir des institutions, des professionnels de santé, des associations auprès des parents et des assistantes maternelles d'expliquer et de diffuser sans relâche ces recommandations.



11/10/2011
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