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Revue de presse : Article dans Le Monde du 08/10/2010 : Enseignants stagiaires : "dire que je viens d'en prendre pour 40 ans !"

En septembre, les enseignants stagiaires qui ont réussi leur concours en juin ont effectué leur première rentrée. Un mois après, ils font part de leur malaise face au manque d'encadrement et de formation.

 

Extraits :

  • "La prise de fonction est beaucoup plus difficile que ce qu'on nous avait fait croire", par Anonyme

Actuellement en ZEP dans la région nord-parisienne, j'ai appris mon affectation directe en école élémentaire, ainsi que le niveau de ma classe, seulement trois jours avant la rentrée. Deux réunions peu préparées à l'inspection de circonscription nous ont donné "les armes" a priori suffisantes pour nous lancer. Autant vous dire que nous avons été jetés dans une véritable fosse aux lions : des niveaux scolaires extrêmement différents dans ma classe, conjugués à une équipe pédagogique remodelée à maintes reprises et donc très individualiste. Ajoutons à cela un nouveau directeur devant prendre en charge 17 classes. Tout cela fait que la prise de fonction est beaucoup plus difficile que ce qu'on nous avait fait croire.

Ma formatrice est venue me voir au bout de trois semaines et demie, pour me donner une longue série d'objectifs théoriques dans le but de faire de moi le parfait professeur des écoles. Il n'en fallait pas plus pour m'enfoncer et me faire sentir incapable.

Au-delà de la détresse de certains de mes collègues qui sont dans la même situation que moi, je ne comprends toujours pas comment des élèves en difficulté, dans une école avec si peu de moyens, peuvent se sortir de cet échec programmé. Est-ce cela la République ? Est-ce ainsi que les institutions favorisent l'égalité des chances ?

  • "Une rentrée mi-figue mi-raisin", par Violaine J.

Mi-figue parce que ça y est, je l'ai fait ! Je suis entrée dans "ma" classe, je me suis installée derrière "mon" bureau, j'ai donné un cours à des élèves et j'ai adoré ça ! Enfin, après toutes ces années à galérer pour obtenir le concours, j'ai accompli mon rêve. Par chance, j'ai deux classes très agréables et je me suis sentie à l'aise face aux élèves.

Mais aussi mi-raisin. Après un mois de cours, je n'ai toujours pas de tuteur. Pas évident pour une jeune prof de savoir où sont ses défauts et ses qualités. On m'a annoncé qu'un inspecteur pédagogique régional deviendrait à l'occasion mon tuteur en venant assister à certains de mes cours. C'est bien, je vais avoir un regard objectif sur mon travail. Mais quid de la relation privilégiée que l'on peut avoir avec un tuteur qui nous suit et nous voit progresser ?

Je n'ai aucun contact avec l'inspecteur en dehors de cette visite dans ma classe, alors comment et à qui poser mes questions ? Elles sont nombreuses et jusqu'à présent j'ai dû y répondre seule. Comment faire si je panique ? Si je perds pied ? Pis, comment vais-je faire lorsqu'à la rentrée de la Toussaint, j'aurai deux classes supplémentaires ?

En réalité, je ne m'en sens pas capable. Ereintée par le travail que je fournis déjà, dans quel état serai-je lorsque mon temps de travail aura doublé ? Réponse à Noël, si je ne me suis pas écroulée avant.

  • "Dire que je viens d'en prendre pour quarante ans !", par Cédric

Me voilà nommé dans une école rurale, avec un double niveau. Jusque-là tout va bien : je suis loin des clichés sur les jeunes profs envoyés en ZEP et dans les cités. Je découvre des élèves charmants, bons  mais plutôt prétentieux. Et très vite je découvre la présence envahissante des parents, qui se montrent fort désagréables et considèrent que puisque je suis jeune, je suis mauvais.

J'ai une tutrice sympathique qui m'aide à faire face à cet aspect du métier, que je ne connaissais pas : des enfants-rois qui ont tout et à qui tout est dû, et des parents qui leur donnent raison quoi qu'il arrive. De plus, ma tutrice n'a pas encore reçu de formation. Pour l'instant, elle me dit surtout ce qu'elle veut que je fasse et me laisse très peu de liberté. Finalement, je me demande déjà si la ZEP, avec ses enfants en difficulté ou livrés à eux-mêmes, n'est pas plus riche pour l'enseignement. Et dire que je viens d'en prendre pour quarante ans !

 



13/10/2010
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