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Revue de presse : Article dans Le Monde du 28/12/2010 : Les enfants nés en fin d'année ont une scolarité plus difficile

Ils sont sagittaires ou capricornes, mais là n'est pas leur problème. C'est de n'avoir pas su attendre l'an neuf dont souffrent les natifs de décembre. Julien Grenet, chercheur en économie au CNRS et à l'Ecole d'économie de Paris, a mis à jour le fait qu'un natif de la fin de l'année gagne toute sa vie active 1,5% de moins que s'il était né en janvier. Soit un manque à gagner de 12 000 euros sur une carrière complète de 42 années au salaire médian de 1580 euros net mensuels.

 

Cette différence de traitement trouve ses racines dans la scolarité et dans cette façon qu'a l'école française de ne pas tenir compte du différentiel de maturité entre les natifs du début et de la fin de l'année. Les enseignants savent bien que les enfants de décembre ont plus de mal, mais le chercheur a eu l'intuition que cet écart était largement sous-estimé.

 

Selon ses calculs, publiés dans La Revue économique, n°61 de mai 2010, ces onze mois de maturité en moins sont presque aussi discriminants que le fait d'être fils d'ouvrier plutôt que fils de cadre. Une des plus grosses causes de variances des résultats scolaires dans notre système incapable de corriger les inégalités. Ainsi, "un écart de 11 mois fait perdre sept places dans une classe de CP de 30 élèves".

 

EN PRIMAIRE, 34% DES ÉLÈVES NÉS EN DÉCEMBRE REDOUBLENT

 

Le principe de l'orientation, c'est qu'"à niveau égal, un élève qui a déjà redoublé au cours de sa scolarité est davantage orienté dans la voie professionnelle qu'un élève qui n'a pas redoublé , rappelle le chercheur. Or, en primaire, 34% des élèves nés en décembre redoublent contre 17% des natifs de janvier. Deux fois plus. Voilà comment la machine infernale de l'école ferme la porte de son lycée général à toute une frange d'élèves pour cause d'anniversaire tardif.

 

L'économiste a aussi mis à jour le fait que les élèves qui suivent des formations professionnelles sont bien plus souvent nés en fin d'année. A partir des panels de l'éducation nationale, il a reconstitué l'orientation de tous les élèves nés en 1986, et y a mesuré que seuls 55,2% des enfants de décembre ont été orientés vers un lycée général contre 58,3% de ceux qui étaient nés en janvier de la même année.

 

"Quelque 33,5% des diplômés de CAP et de BEP sont nés en décembre contre 31% parmi les natifs de janvier", ajoute-t-il. A l'heure de l'embauche, le patron ignore qui a redoublé. En revanche, il regarde le dernier diplôme obtenu pour choisir ses candidats et établir ses bulletins de salaires.

 

Maryline Baumard

 



03/01/2011
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