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Revue de presse : Article dans Le Parisien du 23/06/2011 : Essonne - L’instit forcée de travailler loin de sa famille

L’an prochain, Christine devra enseigner dans l’Essonne alors que son mari et ses enfants vivent à Toulouse ; 74 autres profs du département se sont vu refuser leur mutation.

 

De la colère. C’est ce qu’éprouve Christine Namarre depuis qu’elle a appris qu’elle n’aurait pas le feu vert pour travailler à Toulouse (Haute-Garonne), à la rentrée. L’an passé, cette institutrice, qui résidait à Saintry-sur-Seine et enseignait dans l’Essonne depuis des années, a déménagé dans la banlieue toulousaine, où son mari, agent ERDF, a été muté.

 

En 2010, elle demande donc son transfert vers la Ville rose à deux reprises. Sans succès. Comme le reste du sud de la France, l’académie toulousaine est très demandée.

 

Cette mère de famille décide alors de prendre un congé parental d’un an. Cette année, elle pensait obtenir sa mutation, mais n’a même pas pu tenter sa chance. « L’inspection académique de l’Essonne refuse de me laisser partir sous prétexte qu’il n’y a pas assez d’enseignants dans le département », regrette-t-elle. Un cas qui n’est pas isolé (voir encadré). Christine Namarre a donc le choix entre trois solutions : prolonger son congé parental, continuer à travailler dans l’Essonne ne serait-ce qu’à mi-temps ou démissionner de l’Education nationale.

 

« Si je reste chez moi, à Toulouse, je ne cumulerai pas de points et ma mutation sera encore plus dure à obtenir à l’avenir. Quant à quitter l’Education nationale : pour faire quoi ? Mon diplôme ne vaut rien sur le marché du travail. » Christine a donc opté pour la seconde option. Calculette en main, elle énumère ce que va lui coûter cette prochaine année de travail à mi-temps. Entre les billets d’avion, la location de voiture et l’essence, elle devra débourser au minimum 13000 €. « Heureusement, je pourrai loger chez mes beaux-parents à Ormoy ou chez des amis, je n’aurai donc pas d’hôtel à payer », tente-t-elle de relativiser. Mais il y a un autre dommage que Christine n’arrive pas à évaluer. Le temps passé loin de Raphaël, 6 ans, d’Emmy, 3 ans, de Lucille, 18 mois, et bien sûr de Vincent, son mari. « Pour l’instant, je ne préfère pas y penser. » Cette institutrice qui a travaillé à Saintry-sur-Seine, Corbeil, Evry et Ris-Orangis espère au moins que son mi-temps sera réparti sur la moitié de la semaine. « Il ne manquerait plus que je travaille le lundi et le jeudi et que je doive rester plusieurs jours là-bas ou payer deux allers-retours! » Pour faire entendre son désarroi, Christine a rejoint le collectif Mutez-nous ! qui regroupe quelque 80 instituteurs dans son cas en France. Ce groupe, lancé par Valérie Motti, une institutrice du Rhône, fêtera son premier anniversaire au mois d’août. Sa créatrice vient enfin d’obtenir son transfert dans le Pays basque après… neuf années d’attente.

 

« Pour moi, c’est bon, mais pour mes collègues, le combat continue. On ne va pas lâcher prise. Le système de mutation mis en place par le ministère ne rime à rien », assène Valérie Motti. Après avoir essuyé un refus de sortie d’académie, les instituteurs peuvent toujours tenter le recours gracieux. Mais pour Christine, ce ne sera pas la peine. Sur 200 demandes d’entrée, l’inspection toulousaine n’en a accepté qu’une quinzaine. Trop tard. Dans un an peut-être…

 

HÉLÈNE HAUS



23/06/2011
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