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Revue de presse : Article dans Le Parisien du 29/01/2013 : Et maintenant des cours de soutien dès la maternelle

On connaissait les cours de soutien privés, de maths, de français ou d’anglais, pour lycéens et collégiens. Au fil des années, on s’était même habitué à voir cette offre séduire des parents d’enfants scolarisés du CP au CM2. Mais voilà qu’apparaissent les cours de soutien… pour les enfants en grande section de maternelle! La société Cours Ado vient d’inscrire une offre à son catalogue.

 

Est-ce bien raisonnable, dans un pays où tout le monde semble s’accorder à dénoncer la pression scolaire qui pèse sur ses écoliers ? « Cela manifeste une angoisse scolaire de la part de certains parents, liée notamment à un contexte économique difficile. Il faut faire attention à ne pas tomber dans l’excès et à ne pas mettre une pression sur les enfants », réagit Sébastien Sihr, patron du Snuipp, syndicat enseignant majoritaire dans le primaire.

 

Ex-enseignante de collège-lycée et fondatrice de la société Cours Ado, Isabelle Dumas affronte sans faillir les critiques. « Je sais que cela en choque plus d’un, note-t-elle. Mais l’idée de quadriller les acquis et de les renforcer dès la maternelle est simplement partie d’un constat : le jour où j’ai appris que dès la première semaine de cours préparatoire les enseignants savent déjà qui de leur classe ira jusqu’aux études supérieures, moi, cela m’a fait un choc, j’en ai encore la chair de poule. » L’objectif du programme proposé à ses futurs très jeunes élèves serait ainsi de « bien démarrer le CP, sachant que l’on doit y savoir lire en décembre ! »

 

Comme le soulignent les études et le rappelle le psychologue Jean-Luc Aubert, « 15 à 20% des enfants en maternelle sont en dehors de la conversation scolaire, n’utilisent pas un langage suffisamment correct pour comprendre ce qui se dit autour d’eux ». « On sait que ce sont les mêmes 15% qui se retrouvent en difficulté au primaire puis à l’entrée en sixième et constituent le gros des troupes des 140 000 jeunes qui sortent du système scolaire sans rien », déplore le ministère de l’Education nationale.

 

Un dispositif d’aide au sein de l’école existe depuis 2008


Jeannette, institutrice en grande section dans le Jura, peut effectivement repérer un élève en difficulté dès la maternelle : « Les enfants qui ont des problèmes d’écoute ou de maîtrise du geste dans l’écriture, je sais que ce sera dur pour eux en élémentaire et qu’il faudra les aider un maximum. » Ce que ne conteste pas Sébastien Sihr. Mais pour lui, « repérer les élèves qui ont des difficultés sans les marquer au fer rouge, c’est une des missions de l’école. Un enseignant sera toujours plus compétent qu’un organisme privé en la matière. Au bout de six heures d’école, les enfants ont besoin de s’aérer. Toutes les études ont montré que développer des apprentissages de manière prématurée ne bénéficiait pas forcément aux enfants qui ont déjà des acquis fragiles. Cela risque d’accroître les inégalités qui existent déjà. »

 

D’ailleurs, depuis 2008 et l’instauration de l’aide personnalisée, y compris en maternelle, l’Education nationale propose de soutenir les petits qui ont plus de mal que les autres. Timéo, 4 ans, jeune écolier en Mayenne, en a bénéficié parce qu’il ne savait pas compter de 0 à 6 en moyenne section. « Au début, j’ai trouvé ça un peu dur qu’on lui mette la pression à cet âge-là. En plus, les autres petits se moquaient de lui, raconte sa maman. Mais finalement, mon gamin s’éclate pendant ces cours qui sont très ludiques. Ils jouent avec des cubes, ça lui plaît. Alors, pourquoi pas ? »

 

Claudine PROUST AVEC VINCENT MONGAILLARD



29/01/2013
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