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Revue de presse : Article dans Le Point du 02/02/2012 : Elle sait pourquoi votre enfant est nul en maths

Anne Siety aide ceux qui "bloquent" devant les mathématiques. Son livre* explique tout.

Diplômée d'une grande école de commerce, elle s'ennuyait ferme dans son job de conseil en stratégie. Ce qu'elle aimait, c'étaient les petits cours de maths, tâcher de découvrir avec ses élèves ce qui clochait entre eux et cette discipline qu'elle adorait. Elle est donc devenue psychopédagogue en mathématiques. Elle raconte son expérience dans Qui a peur des mathématiques ? (Denoël). Dans ce livre, une bonne nouvelle : les blocages en maths ne proviennent pas d'un défaut d'intelligence, mais de bonnes vieilles angoisses cachées.

 

Le Point : Avez-vous déjà personnellement connu un "blocage" en maths ?

Anne Siety : Oui. Le phénomène a duré à peine cinq minutes : cinq minutes épouvantables face au théorème de Thalès. Un souvenir dont je suis encore saisie, mais qui est sans doute à l'origine de mon intérêt passionné pour l'énigme du blocage en mathématiques.

 

En quoi consiste ce blocage ?

C'est le fait que, confrontée aux mathématiques, l'intelligence de certaines personnes semble fonctionner moins bien. Lorsqu'on fait des maths, je crois qu'on est en contact direct avec des zones très sensibles de soi-même, sans intermédiaire. On ne dispose pas, comme dans d'autres matières, d'éléments concrets qui puissent servir d'amortisseur. En français, la grammaire n'existe pas toute seule : elle s'appuie sur des textes, des phrases, des livres qu'on peut tenir en main... La confrontation avec l'univers des maths peut faire résonner des blessures très anciennes, réveiller des questions non résolues. Je me souviens d'un élève, enfant adoptif, qui bloquait sur... les racines. Ces émotions sont parfois d'une telle intensité qu'elles peuvent verrouiller la pensée. L'élève risque alors d'éprouver des difficultés à franchir la porte des mathématiques.

 

Qu'y a-t-il d'effrayant derrière cette "porte" ?

Il y a parfois la confrontation avec soi-même. Mais aussi sa relation avec les autres, avec ses parents, avec ce que représentent les maths dans la famille. Un père ultramatheux qu'on ne se sent pas capable de satisfaire ou d'égaler. Une question quant à la structure familiale : un enfant, qui peinait à se différencier de son frère jumeau, s'obstinait en classe à confondre le 1 et le 2. Ou cette jeune fille qui ne supportait pas que son frère traverse sa chambre pour gagner la sienne : quand elle a pu exiger qu'on frappe avant d'entrer, elle a résolu son problème avec les parenthèses, qui jusque-là étaient, disait-elle, "incapables de garder les nombres à l'abri".

 

Un élève ne peut-il néanmoins surmonter son blocage par le travail ?

Inciter un élève à travailler davantage avec une meilleure méthode (fiches, exercices) revient souvent à accroître sa douleur et son inhibition. Pour nombre d'élèves bloqués, se mettre au travail représente une difficulté presque insurmontable. Si on les voit passer des heures devant leur bureau sans rien faire, il faut savoir que c'est à leur corps défendant. La première souffrance des maths, c'est l'impossibilité de travailler. Quoi qu'ils en disent, les enfants et les ados ont tous envie de bien faire, de faire plaisir à leurs parents, à leur prof. Que peuvent-ils rencontrer sur le chemin des mathématiques qui leur fasse renoncer au suprême bonheur de se sentir valorisé, reconnu ? Quel est cet obstacle caché, si souvent confondu avec de la paresse ? C'est ce que nous essayons de découvrir.

 

Un élève entre dans votre bureau et vous dit : je suis nul en maths. Que faites-vous ?

J'essaie de lui montrer que, contrairement à ce qu'il croit, tout n'est pas bloqué, qu'il y a toujours quelques éléments qu'il comprend et qui pourront servir de levier pour que le reste s'éclaircisse. Les élèves ont en général déjà pris des petits cours, sans succès. Nous allons tenter autre chose : un véritable travail de recherche pour comprendre ces pannes du raisonnement. Nous analysons les erreurs, fruits d'une pensée en mouvement et autant d'indices pour notre enquête. En général, cette phase où ils utilisent leur intelligence captive les élèves. Une des clés de la démarche psychopédagogique est de les aider en soulageant leur souffrance, à retrouver peu à peu le plaisir de la réflexion.

 

Y a-t-il des cerveaux mieux adaptés que d'autres à la pratique des maths ?

Je crois que le cerveau n'est pas en cause. Il me semble plutôt que les maths prennent leur source dans le corps. Il existe par exemple un théorème en géométrie qui dit que deux droites non parallèles ont nécessairement un point commun. Mais ce n'est pas vrai en géométrie dans l'espace. Sur le papier, le théorème n'évoque rien. Mais si vous parvenez à percevoir cette règle comme la traduction d'un vécu physique que vous possédez déjà, vous n'avez même plus besoin de l'apprendre. N'oublions pas que, si l'humanité compte en base 10, c'est parce que nous avons dix doigts. Les mathématiques, c'est d'abord le rapport de l'homme à la terre, au monde.

 

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Propos recueillis par Fabien Roland-Lévy

 

Qui a peur des mathématiques ? d'Anne Siety (Denoël, 256 p., 15 euros).



13/02/2012
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