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Revue de presse : Article dans Les Echos du 16/12/2009 : Bras de fer autour de la future formation des enseignants

Syndicats d'enseignants, d'étudiants, et associations familiales ont manifesté hier contre le projet du gouvernement, qui prévoit de recruter les futurs enseignants à bac + 5.

Pas moins de 18 organisations représentatives ont participé hier à une journée d'action pour dénoncer le projet de réforme de formation des enseignants. Outre la quasi-totalité des syndicats d'enseignants y figuraient la FCPE, principale association de parents d'élèves, ou l'Unef, principal syndicat étudiant, donnant lieu à quelques manifestations peu suivies à Paris, (600 personnes) et dans différentes villes de province. De son côté, le PS, par l'intermédiaire de son secrétaire national à l'enseignement supérieur Bertrand Monthubert, a demandé « l'arrêt » de la réforme. Le projet gouvernemental, qui vise à élever le niveau de formation des enseignants en les recrutant au niveau master (bac + 5) contre licence (bac + 3) aujourd'hui, avait déjà été au coeur des contestations universitaires de l'hiver dernier, amenant le gouvernement à repousser son projet. Hier, le ministre de l'Education nationale Luc Chatel a déclaré vouloir « tenir le cap », tout en précisant que « la négociation est toujours ouverte ». Le « cadrage » des nouveaux masters devrait être présenté le 21 décembre au Cneser, l'instance représentative et consultative du monde universitaire. Revue des points les plus contestés de la réforme.

· Une formation jugée peu professionalisante

Jusqu'ici, l'étudiant admis au concours devenait enseignant stagiaire, son apprentissage se décomposant entre des périodes de formation en Instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM) et des stages devant la classe. Avec la réforme, les stages s'échelonneront sur les deux années d'études de master. De quoi supprimer 16.000 postes de fonctionnaires - les futurs enseignants n'auront que le statut d'étudiants, même s'ils seront rémunérés -, et compromettre, selon les syndicats, l'apprentissage « devant la classe ». La durée des stages - 108 heures maximum par an -est ainsi jugée insuffisante d'autant qu'ils ne seront pas obligatoires, même si ces expériences devraient conditionner l'admission des élèves. Plus largement, la nature des épreuves pose question. Le projet gouvernemental se cible avant tout sur l'acquisition des connaissances disciplinaires, sans qu'il ne soit fait mention des apprentissages pédagogiques. « Les enseignants n'auront qu'une vague idée de ce qu'est un élève », regrette la FCPE. De son côté, le ministère met en avant la possibilité de faire des stages avant même de passer le concours, « ce qui est radicalement nouveau », a insisté hier la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche Valérie Pécresse.

· Un calendrier resserré

Le gouvernement souhaite caler les concours - d'admissibilité et d'admission -en deuxième année de master (M2). Il s'agit selon lui de permettre aux candidats échouant au concours de se réorienter vers d'autres voies, leur permettant de valider un diplôme. Pour les syndicats, ce projet va avant tout aboutir à une année particulièrement chargée, entre le suivi des cours, des stages éventuels et un mémoire de recherche à préparer pour valider leur master. « Les étudiants vont faire du bachottage », regrette le SE-Unsa.

· Universités contre IUFM

Confiant la formation des enseignants aux universités, la réforme pose la question du devenir des IUFM, qui ne sont pas mentionnés dans le projet du gouvernement. Critiqués pour le mode de formation trop « pédagogue », ils sont détenteurs, pour les syndicats, d'un « savoir-faire unique ». Le cadrage fixé par le gouvernement est accusé de laisser trop de libertés aux universités dans la définition des contenus et du parcours de l'étudiant, favorisant ainsi les disparités territoriales.

· Une revalorisation insuffisante

L'objectif de base de la réforme - élever le niveau de formation des enseignants -n'est pas accompagné, selon les syndicats, de contreparties suffisantes. Dans le cadre des négociations actuelles sur la revalorisation des carrières, Luc Chatel a proposé une revalorisation de 135 euros par mois lors de la première année d'enseignement. « Insuffisant », jugent les enseignants, qui s'inquiètent en outre de voir les étudiants issus des catégories sociales les moins favorisées se détourner du métier, faute de pouvoir poursuivre leurs études. De son côté, le ministère met en avant la mise en place de 12.000 bourses au mérite d'un montant maximal de 2.500 euros.

MAXIME AMIOT, Les Echos


16/12/2009
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