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Revue de presse : Article dans Les Echos du 19/09/2011 : La bosse des maths, un talent inné

Une étude menée sur des enfants de quatre ans montre que certains ont une relation intuitive avec les nombres.

Les enfants des classes de maternelle sont-ils tous égaux face à l'apprentissage des mathématiques ? Poser cette question conduit inévitablement au vieux débat sur l'inné et l'acquis, source d'interminables polémiques dans le monde enseignant. Les résultats annoncés récemment par une équipe de psychologues de l'université Johns Hopkins, à Baltimore (Etats-Unis), relancent ces vieilles querelles en affirmant que « certains jeunes enfants possèdent une sensibilité aux nombres plus développée ». Prudents, les auteurs de ces travaux, publiés dans l'édition en ligne de la revue « Developmental Science », précisent que ces études préliminaires n'expliquent pas pourquoi certains jeunes cerveaux semblent naturellement plus doués que d'autres pour manipuler des valeurs numériques.

 

Pour arriver à ces conclusions, les universitaires américains ont analysé les réactions d'un groupe de 200 enfants âgés d'environ quatre ans confrontés à des problèmes de comptage simples. Pour l'essentiel, les psychologues ont évalué leur capacité à comparer et à classer des collections d'objets de tailles différentes. En observant un boulier, les bambins devaient évaluer la taille d'un ensemble, sans véritablement devoir comptabiliser le nombre de ses composants. Un peu comme un adulte qui estime d'un rapide coup d'oeil les sièges libres dans un wagon de métro avant de s'installer. Surprise, certains enfants ont une relation intuitive avec les nombres. Selon la psychologue Melissa Libertus, auteur principal de la publication, cette étude confirme que le don pour les maths, quand il existe, est antérieur à l'acquisition des premières notions formelles d'arithmétique dispensées dans les petites classes. Principale conclusion de l'enquête : les talents précoces des petits matheux sont probablement innés plutôt qu'acquis.

Evaluer l'environnement

Ce « sens des nombres » est une caractéristique très répandue dans le monde animal, où il semble indispensable à la survie dans un environnement hostile. De nombreuses espèces savent analyser rapidement une situation représentant une opportunité ou une menace, comme la disponibilité de nourriture ou la présence de prédateurs. Certains singes évaluent ainsi le potentiel guerrier d'une troupe d'envahisseurs. Ils choisissent de combattre ou de fuir en se livrant à une mesure approximative du nombre d'ennemis. « Le sens des nombres est universel, alors que le goût pour les mathématiques dépend de la formation et de la culture », explique Melissa Libertus dans sa publication.

 

Ces travaux ont également montré que certains petits se sentent spontanément à l'aise dans un univers mathématique, alors que d'autres sont à la peine. Ce goût pour les nombres dans la petite enfance se transforme-t-il en appétit pour les équations différentielles à l'adolescence ? L'enquête ne répond pas à cette question cruciale. Les chercheurs ont cependant remarqué que les enfants doués du sens des nombres comprennent plus facilement la symbolique graphique des chiffres arabes et assimilent mieux les concepts abstraits. Bref, la bosse des maths apparaît très tôt dans la vie. Peut-être même qu'elle existe chez le nouveau-né qui calcule avidement le volume de ses premiers biberons.

 

Alain Perez



19/09/2011
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