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Revue de presse : Article dans Les Echos du 27/09/2011 : L'école malade

C'est un signe à ne pas prendre à la légère : pour la première fois dans l'histoire récente, cinq syndicats de l'enseignement privé ont décidé de se joindre à la grève décrétée aujourd'hui par leurs collègues du public dans le primaire et le secondaire.

 

Leurs revendications ? Un copié-collé de la liturgie protestataire enseignante dont la récurrence, à chaque rentrée, fait que l'on n'y prête plus qu'une oreille distraite : classes surchargées, profs débordés, suppressions de postes débridées.

Sauf que, pour les enseignants du secteur privé, s'ajoute une inquiétude très spécifique, liée à leur statut de non-fonctionnaire : la crainte du chômage alors qu'ils ont perdu 1.433 postes cette année et que, en 2012, 1.350 sont encore appelés à disparaître.

C'est sans doute là qu'il faut chercher les causes de cette alliance d'un jour entre deux mondes plutôt habitués à se regarder en chiens de faïence. Là et dans l'incontestable dégradation des conditions générales d'enseignement, d'autant plus sensibles dans des établissements où la démographie scolaire est en forte hausse depuis plusieurs années et où l'expérimentation pédagogique, souvent plus avancée que dans le public, nécessite des moyens humains supplémentaires.

 

On peut naturellement balayer d'une pichenette un événement sans doute amplifié par la proximité des élections professionnelles d'octobre. C'est ce que semble tenté de faire Luc Chatel, le ministre de l'Education.

On peut aussi se gausser des tourments de ces « écoles de riches », quand bien même leur composition sociale révèle bien plus de mixité qu'on ne l'imagine. Ces deux attitudes, chacune à leur manière bien dans la tradition française, ne sont plus de mise.

 

Le récent rapport de l'OCDE sur l'éducation dans le monde a porté un regard suffisamment sévère sur notre système national pour que l'on cesse les querelles de chapelle et qu'on prenne le problème à bras-le-corps. Sans doute fallait-il administrer une potion sévère à une machine éducative prompte à produire de la dépense aussi excessive qu'inutile.

C‘est le sens des 80.000 suppressions d'emplois décidée pendant l'actuel quinquennat.

Mais, à l'heure où le nombre d'élèves se stabilise, voire augmente à nouveau, peut-être est-il temps de dépasser ce débat sur les effectifs pour explorer par quelles voies réformer une école décidément bien malade.

 

Daniel FORTIN
Rédacteur en chef



27/09/2011
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