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Revue de presse : Article de TF1 du 07/04/2010: "La consigne du gouvernement, c'est : 'tout pour les bébés' "

Interview - Pour la troisième fois de l'année, un grand nombre de crèches sera fermé aujourd'hui en raison d'un mouvement de grève. Nadine Morano, à l'origine du décret contesté, parle de manipulation politique et de désinformation.

TF1 News : Pour la troisième fois depuis le début de l'année, les professionnels de la petite enfance sont en grève, est-ce que vous maintenez votre projet de décret en l'état ?

Nadine Morano : Tout d'abord, ce décret a fait l'objet d'une concertation avec l'ensemble des professionnels, des syndicats et des collectivités locales pendant un an et demi. Il a d'ailleurs été validé par le conseil d'administration de la Caisse nationale d'allocation familiale auquel siègent les partenaires sociaux et les associations familiales.

Le collectif "Pas de bébés à la consigne", qui appelle à la grève, est un collectif d'opposants avec une démarche politicienne fondée sur la désinformation. Ce décret ne modifie en rien le taux d'encadrement des enfants. Alors que j'entends dire par le collectif qu'il y aurait un adulte pour 12 bébés, le projet de décret, tel qu'il a été validé par la Cnaf, ne prévoit pas de modification du taux d'encadrement.

TF1 News : Votre projet prévoit toutefois d'autoriser des dépassements de 20% du taux d'occupation des crèches.
 
N.M : Dans notre pays, le taux réel et moyen d'occupation des
crèches est de 67%. Donc notre objectif est d'optimiser les places libres à certains moments de la journée ou de la semaine en élevant le taux d'accueil ponctuel de 10 à 20%.

Comme c'est déjà le cas, les crèches de moins de 20 places pourront effectuer des dépassements de 10%, ce taux passera à 15% entre 20 à 40 berceaux et à 20% pour les structures de plus de 40 berceaux.  
 
TF1 News : Les situations de dépassement exceptionnel ne sont-elles pas vouées à devenir pérennes ?
 
N.M : Non, parce que le taux d'occupation ne dépassera de toutes façons pas les 100%. Prenons l'exemple d'une crèche de huit berceaux : on a 8 enfants qui sont inscrits à l'année. Or, Pierre et Jean ne viennent pas à la crèche le mercredi matin, il y a donc deux places qui sont inoccupées temporairement. Nous pourrions donc attribuer cette place à un autre enfant. Pas seulement pour une demi-journée mais il y a beaucoup de moments dans une semaine où la crèche ne fait pas le plein.  Mais rassurez-vous, on ne va pas mettre 12 enfants quand il y a 8 places. On ne va pas les coucher dans des lits superposés !

TF1 News : Combien de nouvelles places de crèche pourriez-vous créer grâce à ce décret ?

N.M : Je n'ai pas fait le calcul, ce n'est pas le but recherché. Je ne suis pas dans une démarche quantitative mais qualitative. Je veux plus de flexibilité pour les parents.

TF1 News : Vous prévoyez également d'abaisser le taux de personnel qualifié de 50 à 40%. 

N.M : Le taux d'encadrement ne bougera pas pour les petites structures. Celles de plus de 40 places pourront recruter des titulaires d'un CAP ou d'un BEP Petite enfance avec trois ans d'expérience. Il faut savoir que nous avons besoin de recruter 60.000 personnes et que nous rencontrons des difficultés. Mais on ne renonce en rien à la qualité. 

TF1 News : Le personnel des crèches ne le perçoit pas comme ça et redoute non seulement d'avoir plus d'enfants mais de devoir encadrer des personnes moins formées et qui ne peuvent pas, notamment, rester seules avec les enfants.

N.M : Je suis allée mercredi matin à la crèche des Petits poucets de Rueil-Malmaison : les personnes que j'ai rencontrées m'ont fait part de leurs craintes telles que vous les exprimez. Mais elles ont été rassurées quand je leur ai dit que le taux d'encadrement ne bougerait pas et que les titulaires de CAP ou BEP ne viendront pas en remplacement des personnels qualifiés mais en renfort. Une puéricultrice qui a fait des études sur la psychomotricité des enfants n'a pas le même rôle qu'une personne qui a fait un CAP ou un BEP Petite enfance. Elles sont en revanche complémentaires.

exergue

On ne va pas les coucher dans des lits superposés !

TF1 News : Le gouvernement s'était engagé à créer 200.000 places pour les tout-petits, la moitié en crèche et la moitié chez les assistantes maternelles d'ici 2012. Où en êtes-vous aujourd'hui ?

N.M : J'ai signé l'année dernière une convention d'objectifs et de gestion de 1,3 milliard d'euros pour la création de ces places. Nous avons un tableau de bord des créations de places très précis. Mais après l'engagement financier, il faut construire ces places.
 
TF1 News : Seront-elles créées d'ici la fin du quinquennat ?

N.M : Oui. Pour les assistantes maternelles, nous leur avons permis d'accueillir 4 enfants au lieu de 3. Dans les pays du Nord, je vous rappelle qu'elles en ont 6. Nous avons mis en place un prêt à taux zéro pour leur installation quand elles ont besoin d'adapter leur logement. Nous leur avons également permis de se regrouper dans un local pour travailler ensemble. Elles peuvent être 4 et accueillir jusqu'à 16 enfants. C'est un système qui marche très bien.

Pour les crèches, nous avons prévu la création de 76.000 places "classiques". Par ailleurs, nous aurons 8000 places en jardin d'éveil. Je viens d'ailleurs d'en inaugurer deux dans le Tarn-et-Garonne. Quant au dispositif "Espoir banlieue", nous devions créer 1500 places dans les 215 quartiers prioritaires. Finalement, nous en créerons 3000. Je vous rappelle que dans ces quartiers, le taux d'activité des femmes est de 10 points inférieurs à la moyenne nationale.
 
TF1 News : Certains vous soupçonnent d'augmenter le taux d'accueil des enfants faute de moyens pour créer de nouvelles crèches. Que leur répondez-vous ?

N.M : C'est parfaitement inexact car, je vous l'ai dit, en pleine crise nous avons signé un engagement de 1,3 milliard d'euros supplémentaires. Le collectif dit "pas de bébé à la consigne", moi je leur réponds que pour le gouvernement, la consigne c'est : "tout pour les bébés". 

Christophe Harnois, porte-parole du collectif "Pas de bébés à la consigne", a répondu à Nadine Morano sur LCI radio. Il juge le projet dangereux pour les structures consacrées à la petite enfance.  

Sophie Lutrand



08/04/2010
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