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Revue de presse : Article sur www.cafepedagogique.net du 03/06/2015 : La classe plaisir : Le Manifeste

Le plaisir vécu de cette semaine, nous aimerions qu’il devienne un plaisir à vivre permanent, vécu par tout un chacun. C’est pourquoi, nous l’avons appelé « Manifeste », pour qu’il puisse être entendu. Ce plaisir, décrivons-le d’abord. C’est celui d’avoir pu visiter la classe d'un autre enseignant dans une autre école, pour à la fois prendre un peu de distance par rapport à sa propre pratique et se ressourcer, grâce à l’observation d'une autre façon de faire.

 

Ce plaisir, nous l’avons pratiqué à deux – en toute innocence ! – entre un enseignant de CP-CE1 et un de CM1-CM2. Cette double visite a apporté beaucoup à chacun, et ceci à quatre niveaux :

1 – Ce fut bien sûr l’occasion de découvrir une démarche différente de la nôtre, ou alors proche, mais que nous avions, par habitude, peur ou routine, laissée de côté. Par exemple, lorsque moi, D, j’ai pu découvrir chez N un moment de lecture-plaisir que j’ai aussitôt repris et adapté à mon niveau de classe et à ma personnalité.

Et moi N, j’ai été subjugué, lors du moment de réflexion collective, par la capacité de réflexion et la qualité des échanges entre les enfants de la classe de D et j’ai pu ainsi me rendre compte que la tenue d’ateliers philosophiques avec les « grands » était tout à fait à ma portée et pouvait être très enrichissante pour tous.

2 - Cette visite a permis à l’observé, grâce au regard "gratuit" et bienveillant de l’observateur - donc très loin de ce que peut être celui d’un inspecteur, qui par définition est celui qui inspecte - de saisir en toute tranquillité ce qui pourrait être modifié, réorienté, mais aussi gardé dans sa pratique de classe.

3 - Cette visite réciproque a permis à chacun de nous de chercher pour trouver les mots les plus justes possible pour décrire nos choix pédagogiques, dans le désir que nous avions de les expliciter et nous faire comprendre. Ce fut un bon exercice pour éprouver la justesse ou non de certaines de nos options de classe.

4 – Enfin, la découverte en observateur d’un temps de classe extérieur, avec ses moments-champagne mais aussi ses moments-galère, a permis de dédramatiser nos propres errements : « Je ne suis pas le seul à parfois passer à côté de l’objectif. Ouf ! »

Ce quadruple apport est vraiment ce qui manque cruellement dans notre métier d’enseignant.

 

Fort de ce constat, voilà notre manifeste :

Il y a une vraie richesse dans ce que font la plupart des enseignants, dans leurs classes et dans leurs écoles, qui ne trouve malheureusement jamais l’occasion d’être partagée.

Si on remplaçait une bonne part des animations pédagogiques, le plus souvent déconnectées de nos besoins, par :

- des échanges de pratiques entre écoles : Les enseignants d’une école font partager à une ou d'autres école(s) un projet qu'ils ont porté sur l'année et transférable à d'autres équipes - et réciproquement - et puis, on s'en empare... ou pas

- des visites entre enseignants, comme celle que nous venons d'exposer (c'est ce que nous faisons aussi lors de nos réunions mensuelles Freinet du mercredi après-midi, où il y a un temps où le collègue de la classe accueillante nous fait découvrir sa classe),

l’école deviendrait alors ce qu’elle devrait être : un espace bouillonnant de recherches, d’expérimentations, et parfois de jubilation. En retrouvant un certain "bon sens", loin des dispositifs-usines à gaz habituels (comme le Magistère), qui passent à côté de ce qu'il nous faudrait pour avancer.

 

Il faudrait pour cela :

1) que des temps nous soient accordés pour faire ces visites (de nombreux directeurs autour de nous sont prêts à prendre nos classes sur ces temps-là)

2) que cela puisse se faire entre enseignants volontaires et sans une volonté de contrôle de la part de l’institution : pas de rapports de visite, pas de supervision hiérarchique, pas de validation du choix de l'enseignant visité

3) que l'institution accorde sa confiance aux enseignants dans leur capacité à regarder et à saisir, sans qu'elle nous indique ce qu'il faut voir et ce qu'il faut penser de ce qu'on voit

 

Il s’agit donc là d’un appel pour une remise en question des principes qui guident la si justement décriée formation continue des enseignants. Que l'on sorte de ces modes de formation le plus souvent magistraux, pour en découvrir d'autres, sous la forme de partage entre enseignants et entre équipes, pour redonner une vraie part à l'envie et l'en-vie.

 

Un appel à relayer !

 

Daniel Gostain

 

La classe plaisir



18/08/2015
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