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Revue de presse : Article sur www.cafepedagogique.net du 04/01/2011 : Les élèves nés en fin d’année ont une scolarité plus difficile. Ah bon ? Et alors ?

Le journal Le Monde, reprenant une étude de Julien Grenet, chargé de recherche au CNRS, a déclenché l’habituel buzz médiatique, repris immédiatement par tous les médias… Pourtant, comme le dit lui-même l’auteur, l’information n’est pas nouvelle…

 

Récemment mise en exergue dans les résultats de la recherche rendue publique par la FNAME par André Ouzoulias (FNAME-IUFM Versailles-UCP), elle était déjà présente dans le rapport Fauroux en… 1996 (p.96), et rappelée en 1997 par Jean Ferrier, inspecteur général chargé par S. Royal (alors ministre) dans son rapport pour « améliorer l’École primaire », qui devait être une des trames des programmes de 2002… Extraits : « les enfants jeunes dans leur classe d’âge, ceux de la fin de l’année civile, ne sont pas définitivement des enfants immatures », mais leurs apprentissages « seront marqués de légers décalages qui risquent d’être source d’échecs si les conditions ne sont pas aménagées ». Il poursuit (toujours en 1997) : « A cet égard, la rigidité de l’attitude par rapport à l’âge, la "dictature de l’état civil ", est excessive. Il devrait devenir banal de considérer qu’un an de décalage au terme de la scolarité primaire par rapport à l’âge théorique idéal ne témoigne pas d’un retard rédhibitoire, ni d’ailleurs, en sens opposé, d’une géniale précocité. (…) Le mode de gestion de l’année supplémentaire sous forme du redoublement traditionnel est largement responsable de ce déficit. »

 

Et alors, à l’époque, que proposait-il dans son rapport pour y remédier ?

Des choses assez simples, avec le recul. Encore que… Quelques extraits de l’époque :

- « le développement quantitatif de l’accueil de ces tout petits est à encourager dans les zones défavorisées en premier lieu (zones d’éducation prioritaires et milieu rural) »

- « Il convient de dire simplement que l’évaluation est au service des apprentissages, qu’elle n’est pas assujettie à des critères de forme mais à une intention et à sa mise en oeuvre : comprendre pour faire progresser ».

- « C’est un principe éthique qui devrait être posé d’abord et que devrait faire sien tout enseignant dans le cursus primaire qui ne sélectionne pas les élèves ni ne les répartit en filières : adopter une attitude compréhensive - qui ne doit pas céder à la complaisance - à l’égard des élèves tout en maintenant très présente, et pour lui, et pour ces élèves et leur famille, la référence aux exigences nationales. On doit renoncer à regarder des élèves sous un jour déficitaire ; on doit s’attacher à voir et à leur montrer leurs progrès, se faire un but - pour tous - des exigences nationales, en s’accordant une année supplémentaire pour les construire le cas échéant ».

Pour toutes ces ambitions, Jean Ferrier appelait donc à l’époque à renforcer la mise en place des cycles d’apprentissage, à développer la formation des enseignants, en particulier celle concernant la maternelle.

 

Ce qui est dingue, dans tout ça, c’est de voir avec quelle énergie les cinq dernières années de pilotage de l’École se sont évertuées à la fois à faire exactement l’inverse, mais ne manquent pas de pousser des cris d’orfraies devant chaque diagnostic des difficultés persistantes ! D’ailleurs, Julien Grenet ne fait pas très différemment : si vous allez sur la page qui rassemble ses productions scientifiques, vous verrez qu’il est aussi un fervent défenseur du libre choix scolaire pour les familles, dont Choukri Ben Ayed prouve la nocivité pour les élèves, de milieu populaire ou pas… Du diagnostic au remède présumé, il y a un gouffre…

 

Marcel Brun

 

Le site personnel de Julien Grenet

 

Le rapport de Jean Ferrier en 1997



04/01/2011
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