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Revue de presse : Article sur www.cafepedagogique.net du 04/04/2014 : Programmes : La charte des programmes introduit au curriculum

Le Conseil supérieur des programmes a publié le 3 avril la Charte qui doit encadrer et définir les futurs programmes. Le document propose une version très ouverte et très éducative des programmes qui va bien au-delà des classiques programmes d'antan. Associant compétences et connaissances, les graduant afin de définir un socle, ouverts à la collaboration et au numérique, invitant à la coordination entre disciplines, les nouveaux programmes bénéficieront aussi d'une procédure de publication transparente. Un pas est fait vers le curriculum.

 

Ne cherchez pas le mot "curriculum". Il n'apparait nulle part dans "La charte des programmes" que publie le Conseil supérieur des programmes le 3 avril. Mais son esprit est bien présent. Il apparait en fines touches tout au long des procédures proposées par le texte.

 

La charte définit les programmes comme une "norme nationale" qui s'impose aux établissements publics et privés sous contrat. Leur conception doit se faire par "des procédures d’élaboration des programmes mieux définies et connues de tous (qui) permettront aux professeurs d’avoir une vue professionnelle plus riche de ce qui est en jeu". Les enseignants sont systématiquement consultés sur les nouveaux programmes. La charte spécifie aussi les conditions de révision des programmes.

 

La charte insiste sur la cohérence d'ensemble des disciplines aussi bien au niveau général (programme de maternelle, de l'école ou des lycées) qu'à celui de ses déclinaisons. Au niveau général, le programme "sert un objectif de cohérence globale, entre les acquis souhaitables des élèves et les enseignements dispensés, comme entre les champs disciplinaires, les disciplines ou les pratiques éducatives". Pour ses déclinaisons par niveau, le programme  fait "référence aux grands domaines de formation qui mettent en synergie plusieurs disciplines et qui peuvent associer des démarches d’éducation et d’instruction". Sur ce point l'approche est bien curriculaire d'autant que la charte évoque aussi l'évaluation.

 

L'école du socle est évoquée indirectement à travers le socle lui même : "le socle commun de connaissances, de compétences et de culture relève d’un document qui constituera le programme général correspondant aux cycles de l’école élémentaire et du collège". La charte distingue bien "ce qui est indispensable" et que tout élève doit avoir acquis du niveau de maitrise atteint par les élèves.

 

Le contenu des programmes associe connaissances et compétences, y compris des compétences sociales. La dimension éducative est mise en avant. Le programme doit "mettre en avant tout ce qui peut contribuer à développer chez les élèves la confiance en soi, les processus d’expression, de création, de mémorisation et d’appropriation, la compréhension du sens des enseignements". "Norme nationale", le programme a un contenu complexe qui repose sur des principes rappelés dans la charte. Les programmes doivent "participer de l’ambition d’une recherche de vérité" et "relever du caractère inclusif de l’École et bénéficier à la totalité des élèves". Ils "relèvent à la fois d’une mission d’instruction et d’une mission d’éducation". Pour Alain Boissinot, président du Conseil supérieur des programmes, interrogé par le Café pédagogique, "il est important de dire que le programme ne comprend pas que des connaissances mais aussi des enjeux éducatifs. Il n'y a pas de contradiction entre les deux. Il y a la volonté de ne pas opposer connaissances et compétences et de ne pas se laisser enfermer dans la polémique. Dans un programme il y a conjonction de connaissances et de compétences. Les compétences ne sont pas hors sol, elles s'acquièrent dans des champs de connaissances."

 

Le président du CSP reconnait l'importance de la partie éducative. "On a essayé de faire un texte mobilisateur, pas provocateur apportant des nuances sur certains sujets. Le Conseil souhaitait donner des indications techniques sur la façon dont on fait évoluer les programmes mais aussi aborder la question de leur finalité dans l'enseignement scolaire. La charte aborde des sujets importants comme ce qui caractérise les savoirs scolaires, la recherche de cohérence, de méthode et de vérité. Il est important de dire que le programme ne comprend pas que des connaissances mais aussi des enjeux éducatifs. Il n'y a pas de contradiction entre les deux. Il y a la volonté de ne pas opposer connaissances et compétences et de ne pas se laisser enfermer dans la polémique. Dans un programme il y a conjonction de connaissances et de compétences. Les compétences ne sont pas hors sol, elles s'acquièrent dans des champs de connaissances."

 

Le numérique est très présent dans cette nouvelle vision des programmes. Le programme doit "prendre toute la mesure des outils numériques tant pour l’accès aux connaissances que pour les modes d’apprentissage qu’ils induisent, notamment collaboratifs". Il doit "prendre en compte l’environnement culturel des enfants, et notamment l’importance croissante des images, des sons et des technologies numériques". "Le numérique est essentiel", nous a dit Alain Boissinot. "Sous deux aspects. Il faut être capable de maitriser le numérique pour entrer dans la culture numérique y compris sous ses aspects déontologiques. Et puis il y a l'autre dimension : en quoi le numérique modifie la position du professeur, les pratiques de classe, incite à aborder autrement les apprentissages. Il y a des enjeux importants sur ces points".

 

Enfin le texte institue le retour des documents d'accompagnement, une pratique ancienne sacrifiée sous Darcos sous prétexte de "liberté pédagogique" des enseignants. La charte prévoit "des documents plus spécialisés, destinés à aider les enseignants dans l’exercice quotidien de leur profession. Il s’agit d’une logique d’outillage et d’ingénierie pédagogiques, comme de formation continue. Ces documents, n’ayant pas la valeur réglementaire et normative des programmes, pourront être modifiés plus facilement et accompagner au besoin les évolutions nécessaires." Pour Alain Boissinot, "Il faut relancer la production d'outils didactiques. C'est lié à la question de la formation initiale et continue qui sont essentielles. On va travailler avec les directeurs des Espé sur cette question."

 

La liberté des enseignants est rappelée. Le programme doit "laisser aux enseignants et aux équipes pédagogiques des écoles et établissements des espaces d’initiative et de responsabilité concernant la mise en oeuvre du programme, notamment pour leur permettre d’apprécier comment atteindre les objectifs du programme dans chaque situation". "On a voulu être clair", nous a confié Alain Boissinot. "Il ne s'agit pas d'instaurer des programmes à la carte dans les établissements. Le programme est bien une référence nationale qui participe du lien social. Mais cela ne doit pas empêcher les enseignants d'avoir un espace d'initiative. Le programme ne doit pas chercher à tout dire. Il doit dire l'essentiel et laisser ouvert un champ pour les équipes enseignantes."

 

La charte va maintenant devenir une référence commune pour les programmes à venir, la rédaction du socle commun.

 

François Jarraud

 

La charte



22/04/2014
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