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Revue de presse : Article sur www.cafepedagogique.net du 08/10/2013 : Anne-Sophie Benoist : " Reculer l'application des nouveaux rythmes à 2015 serait une catastrophe"

Présidente de l'Andev, l'association des directeurs de l'éducation des villes, Anne-Sophie Benoist suit de très près la mise en place des nouveaux rythmes scolaires. Un mois après la rentrée elle fait le point des difficultés rencontrées et rappelle les efforts des communes.

 

Quel regard jetez vous sur la mise en place des nouveaux rythmes scolaires ?

Les collectivités territoriales sont partout au rendez-vous. La mobilisation est maximale pour préparer la généralisation en 2014. C'est là où c'est le plus difficile, par exemple dans les communes rurales, que l'on constate le génie territorial, la capacité des territoires à se mobiliser en s'appuyant sur leurs forces. Elles font des choix. Entre un nouveau rond point et la réforme des rythmes, il est vite fait.

 

Certaines communes semblent refuser la loi et attendre les municipales. C'est ce que vous constatez ?

Certaines communes sont très engagées dans leur PEDT, d'autres moins. D'autres aussi arrêtent de travailler leur PEDT en attendant avril en espérant que la loi ne s'applique pas. Tout existe. Mais c'est rare et ce n'est pas forcément toujours des communes de droite...

 

Quels échos avez vous des communes qui appliquent les nouveaux rythmes ?

C'est trop tôt pour faire un bilan. Mais le problème principal n'est pas financier. C'est la formation des animateurs. Il faut du temps pour les former et les amener à s'investir pleinement de façon à donner du sens à ce qui se fait. Le souci principal c'est que les enfants viennent aux activités au lieu de trainer dans la rue ou les entrées d'immeubles.

 

Comment se passent les relations avec les enseignants ?

Ce n'est pas facile, pas plus d'ailleurs avec les parents. C'est difficile d'arriver à un partage du projet éducatif, difficile de mettre en place une culture commune. L'occupation des salles de classe semble être un des gros points noirs. En effet c'est très crispant pour les enseignants de partager la salle de classe. Ils considèrent leur salle comme quelque chose d'intime et c'est aussi un espace de travail. Heureusement toutes les écoles ne sont pas pleines. Ailleurs des communes essaient d'installer des armoires fermant à clé pour garder un espace privé. La mutualisation du matériel pose aussi problème, même s'il provient de la mairie. Un autre problème identifié c'est le maintien des études. Les enseignants y sont attachés.

 

Quelle visibilité avez vous sur le financement du périscolaire en 2014 ?

On est dans le flou surtout du côté de la Caisse d'allocations familiales (CAF). Il y a une contradiction entre le décret d'août dernier et les déclarations de la CAF. On attend une circulaire qui clarifie les choses. Les collectivités souhaitent une pérennisation du fonds d'amorçage. Mais elles sont prêtes à faire des choix budgétaires.

 

Dans les communes qui appliquent les nouveaux rythmes, vous estimez que les activités sont de qualité ?

C'est trop tôt pour le dire. Mais partout les collectivités territoriales ont innové et tiré parti des ressources locales. Elles ont mobilisé tout ce qu'elles pouvaient réunir.

 

Vous êtes optimiste pour l'avenir ?

Ne pas arriver à mettre en place les activités périscolaires ce serait une catastrophe. Reculer l'application de la loi en 2015 également. Il faut penser aux 140 000 jeunes qui sortent du système scolaire sans diplôme actuellement.

 

Le ministère prépare la réforme de l'éducation prioritaire. Là aussi les villes sont aux premières loges...

Ce qui nous parait prioritaire c'est d'arriver à stabiliser les choses. Il faut lutter contre le turn-over chez les enseignants. Revoir l'empilement des dispositifs. Mais aussi revoir les indicateurs. Par exemple remplacer le passage en 2de générale et technologique par le passage en lycéen y compris les LP. Il faut introduire des indicateurs du bien être, de l'estime de soi. La stabilité des enseignants, le dialogue avec les parents sont de  bons leviers de réussite. Mais pour le moment, on se demande ce que va devenir l'éducation prioritaire.

 

Propos recueillis par François Jarraud



07/11/2013
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