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Revue de presse : Article sur www.cafepedagogique.net du 10/05/2012 : Pressions

Ainsi donc, dès le lendemain de l’élection de François Hollande, les deux plus grosses fédérations syndicales mettent déjà la pression sur l’ex-candidat pour lui rappeler ses engagements. Quelles qu’aient été leur position explicite, aucune ne va regretter la défaite de Sarkozy. Mais à quoi est due cette urgente (et amicale ?) pression ? Ne risquent-elles pas d’apparaitre dans l’opinion comme trop soucieuses de leurs intérêts corporatistes ?

 

Certes, les promesses sont les promesses. Et on attend légitimement des signes rapides qui permettent d’espérer dès la rentrée, des effets tangibles du « changement ». Les nouveaux maitres de la rue de Grenelle vont sans doute avoir un été compliqué, et peut-être avec eux les recteurs qui vont craindre pour leur avenir. Surtout ceux qui ont été très zélés avec leurs anciens maitres…

 

Mais sur qui pèse le plus la pression, en fait ? On se rappelle que pour la puissante Fédération de l’Education Nationale (FEN), la décennie 80 avait été le tombeau d’une certaine forme de syndicalisme d’accompagnement. Faute d’avoir compris assez tôt que leur rôle n’était pas de servir les plats (ou d’accéder aux postes honorifiques…), elle avait subi de plein fouet une érosion spectaculaire de son influence et une fuite sans précédent de ses syndiqués, transformant la « forteresse » en champ syndical fragmenté. Le SGEN, de son côté, proche du ministre Savary, avait joué le rôle de laboratoire d’idées sans en tirer de bénéfice à long terme.

 

La FSU, majoritaire, va pour la première fois être confrontée à un pouvoir de gauche. Et elle sait que les créations de postes ne suffiront pas à changer l’Ecole. « Nous sommes prêts à discuter de nos pratiques, de la formation, de l'évaluation » expliquait hier Bernadette Groison. Ses deux gros syndicats, SNUipp pour les écoles et SNES pour le second degré, vont-ils profiter de la dynamique de la période pour faire des propositions audacieuses, ou vont-ils rester campés derrière les certitudes des motions de congrès ? Parce que derrière les principes conciliants signés par tous dans l’appel de Bobigny, il n’est pas sûr que les appareils syndicaux de la FSU, de l’UNSA ou du SGEN aient les moyens de sortir de la guerre des camps.

 

Pourtant, la pression de la « vraie vie » est réelle, quand le quotidien des établissements est souvent difficile. Comme l’exprime remarquablement Lucien Marboeuf sur son site L’instit’humeurs, « l’école, qui a le sens de l’intérêt collectif chevillé au corps par essence, sait dans sa grande majorité qu’elle doit changer ». Grâce à l’important travail de rencontre réalisé par l’équipe de Peillon avant les élections, le très attendu nouveau ministre sait qu’il devra d’abord trouver les mots et les gestes symboliques pour faire tomber le sentiment de défiance et de solitude vécu par les enseignants. Mais il devra aussi ouvrir des chantiers compliqués, auxquels les différents syndicats savent qu’ils devront amener leur pierre, quoi qu’en disent leurs éléments les plus radicaux. Sans quoi l’Ecole deviendra une pomme de discorde qui sera un bon prétexte pour ceux qui voudront que la perspective de changement se grippe.

 

En 1984, les partisans de l’école privée et les opposants à la Gauche avaient mis la pression, et amené la chute du ministre Savary, initiateur des politiques d’éducation prioritaire, de l’enseignement en langues régionales et des missions académiques de formation continue. Depuis, les réformateurs de l’Ecole ont mis la pédale douce. Au grand dam des élèves qui ont besoin de l’Ecole…

 

Marcel Brun



11/05/2012
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