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Revue de presse : Article sur www.cafepedagogique.net du 11/05/2012 : Les vraies questions du vrai faux maintien des évaluations nationales du primaire

Vincent Peillon, conseiller éducation de F. Hollande, annonce, dans Le Monde, le maintien des évaluations nationales en CE1 et CM2 mais sans remontée des résultats et donc contrôle de leur réalité. Le destin de ces évaluations défendues bec et ongle par Luc Chatel pose aussi la question de l'avenir de leur rémunération et de l'évaluation du système éducatif.

 

"Il est trop tard pour dire qu'on arrête tout. Que les enseignants les fassent passer pour savoir où en sont leurs élèves. En revanche, nous suspendons les remontées nationales des résultats", déclare Vincent Peillon dans Le Monde. Les évaluations nationales sont prévues dans la semaine du 21 au 25 mai.

 

"Nous remettons en cause ces évaluations parce qu'elles mélangent tout", explique V Peillon. "On a voulu en faire un moyen de connaître le niveau des élèves et un outil de pilotage du système". Réalisées en fin d'année, les évaluations aident fort peu les enseignants à connaître le niveau de leurs élèves : ils n'ont pas attendu la fin mai pour s'en soucier. Par contre elles auraient pu conduire à la mise en place d'un examen d'entrée en 6ème, une perspective inscrite dans le programme UMP.

 

Ces évaluations avaient été très critiquées par le Haut Conseil de l'Education pour leur manque de sérieux. "La fiabilité des indicateurs n'est pas assurée. La manière dont elles sont renseignées n'est ni contrôlée ni harmonisée", avait déclaré le HCE en septembre 2011. Elles étaient également l'objet de vives critiques des parents de la FCPE et des syndicats. Ils regrettaient le mélange des genres entre bilan du système éducatif et évaluation diagnostic. Enfin ils déploraient la façon dont le ministère les avait imposé sur le terrain avec de très fortes pressions sur les enseignants, engageant les corps d'inspection dans un "sale boulot".

 

Un cadeau empoisonné

Ces évaluations laissent un double cadeau empoisonné au nouveau ministre. Le premier c'est celui de leur rémunération. Pour les faire accepter au corps enseignant, Xavier Darcos a manié le baton administratif et la carotte salariale. Les enseignants perçoivent une prime de 400 euros pour leur passage. Supprimer brutalement les évaluations c'est aussi mettre fin à cette prime d'autant plus attendue que les salaires sont bloqués depuis 3 ans.

 

Comment évaluer le système éducatif ?

L'autre poison c'est celui de l'évaluation du système. Si ces évaluations disparaissent, comment évaluer l'efficacité de l'école primaire ? La Depp, le service des études du ministère publie chaque année l'enquête CEDRE dont le sérieux est attesté. Il s'agit d'une enquête sur échantillon. Mais les vives critiques des experts sur les évaluations nationales, la censure dont la Depp a fait l'objet, font que de nombreuses voix demandent une évaluation de l'éducation nationale par une agence indépendante.

 

Vincent Peillon semble hésiter sur ce point. Dans Le Monde il explique que "pour avoir des outils de pilotage, il faut travailler par sondage à partir d'évaluations réalisées par la direction de l'évaluation (DEPP) dont c'est le métier". Mais sur RTL il affirme que "on est le seul pays du monde où c'est le prescripteur pédagogique qui en même temps fait ces statistiques et donc les fausse pour de la communication". L'avenir de la Depp devra être clarifié par la nouvelle équipe. Les syndicats voient d'ailleurs les choses différemment. Ainsi, Christian Chevalier, secrétaire général du Se-Unsa, demande un évaluateur indépendant. "L’évaluation du système, indispensable au pilotage de la politique éducative, elle doit se faire à partir d’échantillons représentatifs. Elle doit être conduite par une autorité indépendante et présenter toutes les garanties sur les plans scientifique et éthique".

 

Les réactions à l'annonce de V Peillon

Pour le Snuipp, "Ces évaluations devraient plutôt se dérouler en début d’année. Elles constitueraient ainsi une feuille de route pédagogique pour les équipes enseignantes afin d’organiser des situations d’apprentissages adaptées aux besoins des élèves. Elles devraient être un outil de lien et d’information aux familles. A aucun moment, leurs résultats ne devront servir à établir un palmarès des écoles. Ils n’auront absolument pas vocation ni à être rendus publics, ni à être remontés nationalement". Une opinion partagée par le Se-Unsa qui affirme que "les évaluations nationales peuvent constituer des outils utiles si elles sont centrées sur une fonction diagnostique et passées à une date compatible avec la mise en œuvre d’actions pédagogiques efficaces. Leurs résultats ne doivent pas être utilisés pour classer les écoles et les établissements, ni pour évaluer les enseignants. Elles ne doivent donc pas donner lieu à des remontées académiques et nationales". Le Sgen appelle les enseignants "à utiliser les évaluations CM2 et le LPC selon le seul critère de ce qu'ils y voient d'utile".

 

Du côté des parents, Jean-Jacques Hazan nous confie sa satisfaction de voir ces évaluations, que la FCPE a combattu avec opiniatreté, disparaître. "Si la pression pour leur passage disparaît on est content". La Fcpe aurait cependant préféré une suppression pure et simple des évaluations.

 

François Jarraud



11/05/2012
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