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Revue de presse : Article sur www.cafepedagogique.net du 28/03/2012 : T’as fait tes devoirs ?

Combien de soirs, nous parents, sommes nous rentrés à la maison, fatigués avec juste l’envie de refermer la porte sur les obligations quotidiennes et de retrouver le cercle familial. Envie d’ôter ses oripeaux professionnels, de se dépouiller des « il faut », « tu dois » pour des « et si on », « ça te dirait », ces soirs là on se sent gagnés par l’impérieuse nécessité de partager les ultimes moments de la journée sans pression, avec la seule obligation de s’immerger dans l’instant, d’être totalement disponibles. Et là, fatidique, nous vient à la bouche la question rituelle « t’as fait tes devoirs ? » ou lorsque les enfants sont plus petits « Tu as des devoirs pour demain » ou  encore plus soupçonneux « montre moi ton cahier de texte » ? Au dessus de la question posée, quelque soit le ton, quelque soit son contenu, plane tout un renoncement, une obligation qui s’impose.

 

Certains l’appellent la corvée des devoirs. On essaie de comprendre l’énoncé, de cerner l’intention, le but. Parfois c’est simple, parfois c’est compliqué. On essaie de se rappeler les explications de début d’année, à la réunion de rentrée. Mais à ce moment là, on est arrivé en retard et puis l’attention était focalisée par d’autres questions. Bref, on ne se souvient plus des consignes. Avec un peu de chance, les enfants sont autonomes, ont compris l’exercice. Dans le cas contraire, on s’arme de patience mais vite très vite la fatigue prend le dessus. L’enfant ne comprend pas les mots que l’on emploie, les raisonnements appliqués inspirés de la façon dont nous même avons appris. « Non la maitresse elle fait pas comme ça ». Et là, on se sent dépourvu, presque à côté de la plaque et la maitresse on aimerait bien la voir à notre place.

 

Pourtant, nous parents, avons envie que nos enfants réussissent, c’est même pour un certain nombre d’entre nous une obsession. Se sentir dépassé à l’heure des devoirs ne signifie pas que l’on soit indifférent au domaine scolaire. Non, cela veut dire simplement que ce lien qui pourrait se tendre entre école et maison, entre parents et enseignants, est distendu, voire absent. La zone de partage et d’échanges se résume bien souvent au cahier de textes pour les devoirs, au cahier de liaison pour la communication à l’Ent pour ceux qui sont passés à l’ère numérique. Zones étrangères, langages différents, l’éducation réunit pourtant les deux sphères et la jonction reste encore trop à inventer.

 

C’est sans doute pour cela qu’un certain nombre de parents souhaitent que les devoirs à la maison demeurent. Par ce travail scolaire ramené à domicile, ils ont l’impression de voir ce que leurs enfants font, de mesurer par ce temps grignoté sur l’espace familial le travail réalisé. En ne ramenant rien dans son cahier de textes, l’enfant est soupçonné de ne rien apprendre et le prof de ne rien lui apprendre. C’est donc la relation entre parents et école qu’il faut interroger face à ce souhait en apparence masochiste.

 

Monique Royer



29/03/2012
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