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Revue de presse : Article sur www.cafepedagogique.net du 30/05/2012 : 7èmes Entretiens de la petite enfance : La maternelle auscultée

Les 7èmes Entretiens de la petite enfance réunissent spécialistes et enseignants les 30 et 31 mai à Cassis. Ils écouteront V. Bouysse, auteure du rapport rendu public récemment sur la maternelle, M Fayol, M Brigaudiot, F Carraud et E Durand. Nicole Geneix, organisatrice des Entretiens, analyse le rapport Bouysse.

 

Qu’avez-vous appris, personnellement, au cours des précédentes éditions ? 

Les entretiens constituent un moment stimulant. Ils réunissent divers professionnels de la petite enfance venus des crèches, halte garderie, écoles maternelles. Pendant deux jours, des éducateurs de jeunes enfants, des psychologues, médecins de PMI, responsables territoriaux de structures d’accueil collectif, des enseignants, des inspecteurs sont réunis pour profiter de l’apport des conférenciers qui se plient au jeu de la singularité de ce rassemblement, en choisissant un thème d’intervention à même d’intéresser des professionnels venus d’horizons divers, mais tous mobilisés par les tout jeunes enfants, leur développement et leur bien être.

 

Pourquoi insistez-vous sur ce croisement de cultures professionnelles ? 

Il est toujours intéressant de confronter les approches professionnelles pour en dégager le commun et le particulier… et contribuer modestement à rapprocher les points de vue et pourquoi pas les pratiques.

 

L’éducation nationale a posé la question des liens grande section/CP, CM2/6ème, pourquoi ne pas se préoccuper de la cohérence entre la première rencontre avec l’école et ce qui l’a précédé : mode d’accueil collectif ou garde parentale, nourrice agréée. 

Nous savons bien que tous les enfants ne sont pas également préparés à l’école en fonction de leur histoire sociale, familiale, culturelle. Il est d’autant plus important d’avoir un souci de cohérence éducative, de travailler à des collaborations pour  le bien être et la réussite des enfants.

 

Le rapport des inspections générales sur l’Ecole maternelle, récemment rendu public, a du retenir votre attention. Comment le percevez-vous ? Ce rapport me semble constituer une base solide pour engager un travail de fond sur l’école maternelle. Il contient des approches et point de vue rarement évoqués, ou en tout cas pas avec cette intensité dans des rapports officiels. Comme à chaque publication de nouveaux rapports, certains ne retiendront que la mise en lumière des défauts et lacunes et continueront ainsi à entretenir un discours de déploration sur notre école. Je veux pour ma part retenir les analyses des causes des insuffisances pointées et les pistes de travail proposées. 

 

Par exemple ? 

Le rapport n’est pas tendre avec les failles de l’institution : le trop faible intérêt porté à l’école maternelle est pointé tout comme l’insuffisante formation des inspecteurs, des formateurs et donc des enseignants. Le statut de la recherche est à interroger : la part consacrée à l’école élémentaire et plus encore à l’école maternelle est bien trop faible aujourd’hui, il me semble qu’elle donne plus une vison fragmentée de l’école maternelle que la vision globale qu’il convient d’actualiser et  de conforter. Il est bien sûr indispensable de conduire des recherches sur l’acquisition de la conscience phonologique, l’entrée dans l’écrit ou l’acquisition du nombre… et de produire des outils pour les enseignants.

 

On regrette parfois les évaluations trop précoces ? 

Il ne faut pas rejeter en soi les outils d’évaluation. Tous les professionnels évaluent : le pédiatre qui reçoit un tout petit en consultation l’évalue à sa manière. Mais plus que les outils, ce sont leurs usages qui doivent être questionnés : attention à ne pas figer les différences et en faire des outils de prédiction du destin scolaire. 

 

Reprenez-vous à votre compte les risques de primarisation de la maternelle ? 

Le rapport pointe les risques de creuser les écarts entre élèves en faisant débuter très tôt certains apprentissages, trop tôt pour certains qui se sentent dévalorisés alors qu’ils sont encore si petits. Les inspecteurs relèvent également que de plus en plus d’enfants entrent au CP en sachant quasiment lire, tant mieux pour eux, mais qu’en est-il des autres ? La tentation d’une précocité accentuée ne permet pourtant pas à notre école d’obtenir de meilleurs résultats globaux… et dans certains pays nordiques, on apprend à lire à 7 ans.

 

Le rapport nous invite à la réflexion, il revendique de l’ambition pour tous et pour l’école, invite à des partenariats de qualité avec les collectivités locales, les ATSEM. Il met l’accent sur la nécessité de bâtir des politiques globales de la petite enfance, insiste sur les relations que l’école doit entretenir avec les parents… et met l’accent sur la singularité de la toute première scolarisation, quand les petits sont encore loin d’être des élèves. Ils auront toute la durée de l’école maternelle pour le devenir, ne l’oublions pas.

 

Il est lucide, sévère diront certains, mais ouvre des pistes d’actions valorisantes pour les professionnels et l’école, pour peu que l’on veuille bien admettre la complexité du sujet et la nécessité d’un travail en profondeur basée sur la bienveillance à l’égard des enfants et de leurs parents, le respect des enseignants, la nécessité de les accompagner, de les former, mais aussi de prendre appui sur leur expertise, qui est réelle. De nouvelles relations entre recherche en éducation et pratiques de classes sont à construire, car le métier d’enseignant ne se résumera jamais à une addition de techniques. Et c’est heureux ! 

 

Marcel Brun



01/06/2012
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