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Revue de presse : Article sur www.magicmaman.com du 24/07/2012 : Obésité infantile : les parents sont-ils responsables ?

Il y a quelques mois, c’est un enfant de 8 ans qui était retiré à la garde de ses parents, en Ohio. Il pesait 100 kilos. En Australie, ce sont deux enfants obèses qui ont été placés dans une institution. Mais inutile d’aller aussi loin : en France aussi, il arrive que des parents perdent la garde de leur enfant obèse pour cause de « négligence parentale ». Le Pr Patrick Tounian, pédiatre et nutritionniste à l’hôpital Armand-Trousseau à Paris, spécialiste de l’obésité infantile, nous livre son point de vue.

Conséquences de l'obésité infantile : Deux pré-ados australiens ont été retirés ce mois-ci à la garde de leurs parents. Que vous inspirent cette décision de justice ?
Pr Patrick Tounian 
: Cela nous attriste. Cela fait des années que l’on lutte contre la maltraitance institutionnelle. Pas celle des parents, mais celle des institutions.

 

Conséquences de l'obésité infantile : Selon vous, les parents ne sont en rien responsables de l’obésité de leur enfant ?
On ne parle pas ici d’un enfant un peu rond, de quelques kilos en trop. On parle d’obésité morbide, qui concerne moins de 1% de la population. Or on sait aujourd’hui que 100% des obésités morbides sont d'origine génétique. Au dernier congrès européen sur l’obésité qui s’est tenu à Lyon en mai dernier, on a même évoqué une origine monogénique. Il ne s’agirait pas seulement d’une prédisposition génétique, mais bel et bien d’un gène muté responsable de ce qui est une maladie à part entière. Or les parents ne peuvent être tenus responsables de la maladie de leur enfant. En retirant les enfants à leurs parents, on gâche la vie d’une famille. On rend les choses encore plus difficiles qu’elles ne le sont déjà.

 

Conséquences de l'obésité infantile : Pour nombre d’internautes, les parents donnent n’importe quoi à manger à leur enfant, ne les font pas bouger, etc.
Il y a quelques semaines, j’ai participé à une émission radio de grande écoute. J’ai passé 10 minutes à expliquer que les parents ne pouvaient en aucun cas être tenus responsables de l’obésité de leur enfant. Suite à cette émission, un sondage a été réalisé : 70% des auditeurs persistaient à penser que les parents en sont responsables. A côté de l’obésité morbide, il y a l’obésité plus commune. Mais là aussi, il y a une prédisposition génétique, qui ne pourra certes s’exprimer que dans un environnement propice : l’accès à une nourriture riche et un manque d’exercice physique. Mais un enfant pourra manger n’importe quoi, s’il n’a pas cette prédisposition génétique, il ne deviendra pas obèse. S’il ne s’agissait que d’une question de mauvaises habitudes alimentaires, l’obésité serait beaucoup plus simple à traiter ! On ne doit pas lutter contre des mauvaises habitudes, mais bien contre programmation génétique.

 

Conséquences de l'obésité infantile : Comment s’exprime cette prédisposition génétique ?
Ces enfants ont une constitution qui les pousse à manger plus et bouger moins. Pour le dire simplement, ils ont tout le temps faim. Leur seuil de satiété est très élevé. Oui, ces enfants mangent beaucoup. Mais c’est parce qu’ils sont génétiquement programmés ainsi. Et pour des parents qui sont confrontés à ce problème, c’est très difficile à vivre au quotidien. Ce ne sont pas des parents laxistes, ou qui gavent leur enfant de cochonneries. Ce sont des parents qui ont face à eux des enfants qui ont en permanence faim.

 

Conséquences de l'obésité infantile : Quelle prise en charge préconisez-vous ?
En matière de prise en charge de l’obésité infantile, il ne faut pas être pressé, il faut savoir attendre que l’enfant soit suffisamment mature pour d’une part comprendre le lien entre nourriture ingérée, calories et prise de poids, et d’autre part pour qu’il soit motivé, lui, pour prendre une part active dans la prise en charge de son poids. S’il ne comprend pas pourquoi il doit se restreindre, pourquoi il doit sans cesse lutter contre la faim, cela ne sert à rien – et peut même être préjudiciable. Or c’est vers 10-12 ans que les enfants acquièrent cette maturité.


Par Julie Martory



25/07/2012
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