Article dans Le Figaro du 15/09/2010 : Le succès au bac se joue dès le primaire
Une étude du ministère compare le parcours de deux générations d'élèves entrés en sixième en 1989 et en 1995.
En clair, l'institution n'est guère performante lorsqu'il s'agit de combler les retards des plus faibles : seul un quart des élèves ayant redoublé une fois dans l'enseignement primaire obtiennent le bac. Mieux, obtenir un bac scientifique, dès lors que l'élève a redoublé, ne serait-ce qu'une seule fois, au cours de sa scolarité primaire, constitue un événement rarissime. Seul 1 % des élèves du panel 1995 y sont parvenus !
Autre enseignement peu réjouissant à l'heure de la montée en flèche des divorces dans la société française : les élèves vivant en famille monoparentale ou recomposée ont moins de chances de devenir bacheliers que ceux qui vivent avec leurs deux parents. Seulement 51 % des premiers le deviennent contre 67 % des seconds. Le désavantage persiste si on prend en compte le niveau à l'entrée en sixième ou l'origine sociale. Cette moindre réussite est plus prononcée pour les enfants qui vivent dans une famille recomposée que pour ceux qui appartiennent à une famille monoparentale.
Enfin, l'étude met à mal le mythe de l'égalité des chances. «Les écarts de réussite entre élèves originaires de milieux sociaux différents ont plutôt tendance à s'aggraver», souligne la note. Un élève dont le père est enseignant a ainsi quatorze fois plus de chances d'obtenir le bac que celui dont le père est ouvrier non qualifié dans le panel 1995, contre neuf fois dans le panel 1989.
Disparités renforcées par l'orientation
Pour la plupart des groupes sociaux, l'accès au bac progresse néanmoins. La proportion de bacheliers (63 %) a en effet augmenté de 2 points entre la génération 1989 et celle de 1995, une hausse liée pour l'essentiel à l'augmentation des bacheliers technologiques. C'est parmi les enfants de chefs d'entreprise et d'artisans-commerçants que la progression est la plus forte : la part de bacheliers augmente de 10 et 6 points dans ces populations. Une telle proportion peut s'expliquer par la transformation de ces deux professions : les chefs d'entreprise sont de plus en plus diplômés, et les artisans commerçants sont en déclin dans la population active, ce qui porte leurs enfants à accroître leurs exigences de diplômes, selon la DEPP. La part de bacheliers augmente également, mais à un degré moindre, parmi les enfants d'enseignants, d'employés de commerce ou de service.
À l'opposé, «les élèves originaires des milieux sociaux les plus défavorisés (employés de service, ouvriers non qualifiés, inactifs) voient leurs chances de devenir bacheliers se contracter, voire baisser sensiblement dans le cas des enfants d'employés de service», souligne la note. Ces disparités de réussite sont redoublées par l'orientation : les bons élèves de milieux sociaux défavorisés demandent moins souvent une orientation en lycée général ou technologique que les autres.
Par Marie-Estelle Pech
A découvrir aussi
- Revue de presse : Article dans Le Monde du 13/01/2011 : Les dangers d'Internet pour les enfants largement relativisés
- Revue de presse : Article dans Les Echos du 08/02/2011 : L'OMS inquiète des narcolepsies chez des enfants vaccinés contre le H1N1
- Revue de presse : Article sur www.cafepedagogique.net du 23/05/2011 : Evaluation CM2 : La Dgesco fait son bilan
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 103 autres membres