Article dans Le Messager du 16/09/2010 : Quel avenue pour les (toutes) petites écoles de village ?
La Forclaz, La Vernaz, La Baume : l'école de la première commune est en classe unique à cinq niveaux ; l'école de la deuxième devrait perdre sa troisième classe à la rentrée prochaine ; l'école de la dernière vient de disparaître.
"L'Education nationale cherche à fermer les petites écoles, déplore Serge Coffy, maire de La Baume. Moi, je voulais mettre les enfants du village à La Vernaz, où il y a une belle école, mais ça n'a pas été possible. C'est l'inspecteur qui me l'a dit : ils veulent regrouper tout le monde sur Saint-Jean-d'Aulps et Morzine."
Maire de La Vernaz, Jacqueline Garin s'attend elle aussi "à de sérieuses réductions, puisque les réformes veulent des classes à vingt, vingt-cinq élèves". Des "regroupements pédagogiques" qui se traduiront certainement par la disparition d'une classe dans sa commune en 2011 : "Il me faudrait cinquante élèves pour l'éviter, mais je n'en ai que quarante-six, quarante-sept, dont beaucoup de CM2... qui iront l'an prochain au collège. Mais il n'est pas dit que nous nous laisserons faire. L'Académie ne nous dit pas franchement les choses, dénonce Mme Garin : les élus sont souvent mis au pied du mur." Et de vanter, pourtant, les mérites des petites classes, selon elle bénéfiques aux enfants en difficulté.
Quant aux transports : "J'ai les trois quarts de mes administrés qui descendent travailler sur Thonon ; ils vont devoir monter à Saint-Jean-d'Aulps pour emmener leurs enfants à l'école avant de redescendre ?" Il y a bien des bus scolaires, "mais pour les petits de maternelle ?" L'élu imagine alors une entente intercommunale où, selon les niveaux, les écoliers seraient affectés à l'école de tel ou tel village.
Enfin Gilbert Gallay, maire de La Forclaz, n'a "pas vraiment d'information sur l'avenir" mais pense pouvoir maintenir sa classe unique. "Sinon se posera le problème des transports : les enfants devront se lever vraiment tôt !" Alors pour maintenir les effectifs au village, voire pour les faire grandir, il a le projet d'une cantine scolaire. "Ce n'est pas le moment de faire des frais pour les écoles", prévient pourtant Serge Coffw, dont la cantine réalisée en 2008 est aujourd'hui privée de ses écoliers. Mais M. Gallay se veut confiant.
Volonté affichée de concertation
Inspecteur adjoint auprès de l'inspecteur académique, Jean-Marie Krosnicki est en charge du premier cycle. Pour lui "il n'exite pas de plan de réorganisation qui n'aurait pas été réfléchi avec les élus". Certes, à partir de novembre les maires vont être consultés en vue de "dispositifs concertés de regroupement" pour la rentrée de 2011, essentiellement sur des critères d'effectifs, mais la visée en sera purement pédagogique, pour une amélioration de l'enseignement et de meilleurs résultats des écoliers. Car "on constate en effet de fortes disparités de niveau chez les élèves en milieu rural". Selon M. Krosnicki, il n'est pas bon d'avoir trop peu d'élèves ni trop de niveaux par classe, et d'ailleurs les nouvelles générations d'enseignants goûteraient peu les classes uniques. "Mais il faut prendre le temps nécessaire, et je peux garantir que la rentrée prochaine ne se fera pas sur le dos des petites écoles".
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