Revue de presse : Article dans L'Express du 02/12/2010 : Suppression des notes : l'exemple de Vitruve
L'association Lafev a lancé mi-novembre un appel national à la suppression des notes en primaire. L'école Vitruve, à Paris, est un des rares établissements publiques à fonctionner sans système de notation. Reportage.
Nichée dans une impasse du 20e arrondissement de Paris, l'école publique Vitruve n'est pas un établissement scolaire comme les autres. Le système de notation a été gommé du paysage éducatif au profit d'activités ludiques.
"Ici tout est différent. Les enseignants se partagent à tour de rôle les différentes sections. Quant aux enfants, ils changent au quotidien de pupitre et de classe", confie un professeur. Au total, 250 enfants sont encadrés par une dizaine d'enseignants. Un "coordinateur" - qui diffère chaque année - chapeaute l'équipe. "Tout le monde se connaît, s'enthousiasme une institutrice. Au point que le tutoiement est de rigueur."
Les CP apprennent à écrire grâce au graphisme tandis que les CM2 découvrent la profondeur de champs avec la photographie... La spécialité vitruvienne, c'est donc sa méthode d'apprentissage. Pas de "leçons" classiques mais des ateliers en tout genre. "Par exemple, les CP organisent tous les jours un goûter pour l'école. L'objectif : dresser la liste des courses, gérer un budget précis et comprendre la notion d'égalité", explique un maître d'école.
"On fonctionne à l'inverse du schéma traditionnel, détaille un collègue. Dans le cadre d'une activité, les enfants se posent des questions et à partir du constat des difficultés rencontrées, ils en tirent un savoir", explique-t-il encore. "L'enfant développe et mémorise davantage un savoir à travers des activités ludiques et concrètes", affirme la coordinatrice.
"Est-ce le but de l'école de former une élite ?"
Lorsqu'on parle du système éducatif classique aux vitruviens, les esprits s'échauffent. "Est-ce le but de l'école de former une élite ? De devenir une machine à classer ?" s'insurge l'un d'entre eux. "Qui est-on pour assimiler les capacités d'un enfant à un nombre ?" s'agace un autre.
Si la note sonne comme une grossièreté aux oreilles de l'équipe de Vitruve, les enseignants n'abandonnent pas l'évaluation de leurs élèves pour autant. Après chaque activité, un bilan qualitatif et personnel est dressé. Puis, une fois tous les trois mois, en présence des parents d'élèves, les professeurs détaillent les compétences acquises... ou à approfondir.
"Avec ce système, les enfants se détendent et osent lever la main pour s'exprimer, partager et acceptent enfin de se tromper", affirme une institutrice. Et lorsque les élèves rencontrent des difficultés, "ils font un tour aux ateliers des plus petits pour rattraper leur retard". "La magie vitruvienne, en somme..." conclut un autre enseignant.
"Les parents sont effrayés"
Du côté des parents, la méthode vitruvienne ne fait pas forcément l'unanimité. "Ils sont effrayés par notre façon décalée d'aborder l'école. Parfois même - mais c'est très rare - au point de retirer leur enfant de notre établissement", témoigne la coordinatrice. Autre inquiétude soulevée par les familles : la transition entre le "cocoonage" de Vitruve et l'univers du collège.
"On explique aux enfants cette transition. Ils savent comment ça va se passer", nuance un maître d'école. Et "à 11 ans, ajoute-t-il, on est plus apte à prendre de la distance avec une note qu'à 6 ans."
Par Claudia Choquet
Les contraintes du publique
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