Revue de presse : Article dans L'Express du 06/01/2012 : "Au moins un élève sur dix est victime de harcèlement"
Une adolescente de 12 ans, victime de harcèlement à l'école, s'est suicidée à la veille de sa rentrée scolaire. Comment en est-on arrivé là ? L'analyse de Marcel Rufo, pédopsychiatre et auteur de Tiens bon !.
Une collégienne s'est suicidée lundi soir à Lens à la veille de la rentrée scolaire. Selon les premiers éléments de l'enquête, elle était victime de harcèlement dans son collège, où elle était élève en classe de sixième. Comme peut-on en arriver là à cet âge ?
Ce genre d'événement est rarissime. On compte entre cinq et sept suicides par an chez les enfants de moins de 12 ans. Le harcèlement scolaire peut être une des causes du suicide chez les jeunes adolescents. Mais un problème familial, une dispute ou simplement le sentiment de solitude peuvent parfois expliquer le passage à l'acte. Contrairement aux adultes, les enfants agissent souvent sous le coup de l'impulsion. Ils n'ont pas conscience de la portée de leurs actes. La préadolescence est l'âge de la passion et de l'excès. L'âge du tout ou rien. En revanche, le taux de suicide augmente très fortement avec l'âge. Chez les ados de 12 à 18 ans, on dénombre, en effet, plus de 700 cas par an.
Comment se caractérise le harcèlement chez les enfants et les adolescents ?
D'après une étude à paraître menée par Didier Barbieux, [ndlr : sociologue, directeur du Centre Rhapsodie], au moins un élève sur dix est victime de harcèlement en primaire. Au collège, ces chiffres sont encore plus importants. Les victimes sont souvent des personnes qui font preuve d'une grande sensibilité. Elles ont une "différence" : milieu socio-économique défavorisé, poids, rousseur... Mais paradoxalement, il est parfois difficile de détecter les victimes de harcèlement car elles se sentent souvent responsables de ce qui leur arrive et considèrent l'avoir mérité.
Qui sont ces enfants qui harcèlent leurs camarades de classe ?
Le harceleur pervers qui prémédite ses actes est un cas rarissime chez les enfants. Dans la majorité des cas, les élèves violents sont très souvent des victimes. Harceler, c'est souvent le signe d'une vengeance ou la compensation d'un malaise propre, que ce soit à la maison ou à l'école. Dans la majeure partie des cas, l'enfant violent ne sait même pas pourquoi il agit ainsi. Il considère souvent cela comme un jeu.
Mais à l'école, le harcèlement se fait souvent en bande. Le meneur n'est pas le seul à faire pression sur sa victime. Il y a aussi le ventre mou, les peureux qui voient mais n'osent pas agir, de peur que la situation se retourne contre eux. Le développement des nouvelles technologies a aussi permis le développement du cyber-harcèlement. L'enfant est filmé puis la vidéo est mise sur la toile. Cela fragilise tout particulièrement l'adolescent car il sait que tout le monde va la voir.
Comment détecter le harcèlement ?
Si les enfants se taisent, c'est donc à ceux qui les côtoient le plus d'être vigilant. Les enseignants et les infirmières scolaires peuvent parfois observer des indices chez les victimes. Un enfant en isolement, par exemple, peut être particulièrement exposé. A l'adolescence, il arrive aussi que les jeunes montrent des changements de caractère, ou fassent ce que l'on appelle une dépression hostile [ndlr : expressivité changeante]. Cela peut également être le signe d'une souffrance due au harcèlement.
Par Léonore Guillaume
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