Revue de presse : Article dans L'Express du 11/06/2010 : Crèches en grève - "L'enfant n'est pas une marchandise"
Des centaines de crèches font portes closes ce jeudi. A l'appel du collectif "Pas de bébés à la consigne", les professionnels de la petite enfance se mobilisent pour exiger un accueil de qualité pour les tout petits. Les explications de Christophe Harnois, du syndicat Unsa petite enfance.
Pourquoi manifestez-vous aujourd'hui?
Nous sommes très inquiets de la politique du gouvernement vis-à-vis de la petite enfance. On assiste à un désengagement complet de l'Etat sur le secteur. On aura la preuve avec le projet de décret qui assouplit la réglementation sur l'accueil des tout petits dans les crèches.
Nous exigeons depuis un an du gouvernement qu'il retire ce décret. Mais plutôt que de dialoguer avec les professionnels de la petite enfance, le gouvernement préfère les mépriser.
Que reprochez-vous à ce projet de décret ?
Ce projet de décret abaisse de 50 à 40% le seuil de personnel "qualifié" (puéricultrices, éducateurs de jeunes enfants, auxiliaires de puériculture, infirmiers ou psychomotriciens) minimal obligatoire dans les établissements d'accueil des moins de 6 ans. Nous contestons cette révision à la baisse. Le gouvernement veut amoindrir la formation des personnels pour s'occuper de la petite enfance, et c'est inacceptable.
Par ailleurs, le taux d'enfants que la crèche peut accueillir en "surnombre", c'est-à-dire au-delà de sa capacité autorisée, peut aller jusqu'à 20% pour les crèches de plus de 40 places. Alors qu'aujourd'hui il était de 10% quel que soit le nombre de places dans l'établissement. Autrement dit, sur une crèche de 66 berceaux, on passe à 72 sans reculer les murs, avec moins de personnel qualifié et sans recruter.
Dernier point, le gouvernement a l'intention de généraliser les jardins d'éveil, ces nouvelles solutions d'accueil prévues pour les 2-3 ans, sans toutefois en préciser le niveau d'encadrement. Il serait de 1 adulte pour 12 enfants alors qu'actuellement dans les crèches on compte un adulte pour 8 enfants. Cette solution n'est pas tenable.
Vous dénoncez un désengagement de l'Etat pour le secteur de la petite enfance. Il a pourtant annoncé la création de 10 000 places de crèches d'entreprise d'ici 2012...
Justement ce dispositif montre que l'Etat abandonne toutes les structures municipales et associatives respectueuses du rythme de l'enfant, de son éveil. Au lieu de ça, il met en place des structures privilégiant une vision rentable au détriment d'un accueil de qualité. Un bébé ça demande de la disponibilité, du temps, du travail d'équipe... Il faut sortir de cette logique rentable. Une entreprise ne peut pas s'occuper de la petite enfance avec une logique lucrative. La petite enfance n'est pas un service comme un autre. L'enfant n'est pas une marchandise, dont on se servirait pour faire des bénéfices. C'est pourquoi nous voulons que le secteur de la petite enfance soit protégé, comme doivent l'être la santé et l'éducation.
Par Emilie Cailleau
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