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Revue de presse : Article dans Le Figaro du 01/09/2014 : Des parents déboussolés face à la réforme des rythmes scolaires

 

«Je ne sais pas ce que va faire ma fille aujourd'hui à l'école. Aucune information, rien, zéro.» Angélique, mère d'une petite Lucie en CE1 à La Chapelle-la-Reine, en Seine-et-Marne, ne décolère pas. L'école de sa fille, à côté de Fontainebleau, inaugure cette année la réforme des rythmes scolaires. «Le mardi et le jeudi, ils sont censés faire des activités périscolaires. Sauf qu'on ne sait pas ce qu'ils vont faire. Et les autres jours, ils finissent à 14 h 45. Dans la nature jusqu'au soir», poursuit la mère de famille. Résultat, pour s'organiser, elle assure être contrainte de quitter le travail dès 16 h 30 pour s'occuper de ses deux enfants, qu'elle élève seule. «Vous imaginez la tête de mon employeur. Le placard me guette… Même si je reprends mon travail, chez moi, dès que les enfants sont couchés ! À 21 heures, je reprends mon ordinateur pour purger mes mails et finir mes tâches. Si je pouvais, je paierais une nounou, cela me réconforterait et ne pénaliserait pas ma carrière. Mais je ne peux pas assumer. La réforme est extrêmement pénalisante pour les familles monoparentales.»

 

Au salaire de la jeune fille au pair, il faut toutefois ajouter les frais de logement, de nourriture, de blanchissage, etc. Et noter que la somme n'est pas déductible fiscalement comme le sont les heures de baby-sitting.

 

Face à la nouvelle organisation du temps scolaire, chacun s'adapte avec plus ou moins de facilité. «Eh bien on s'organise, qu'est-ce que voulez que je vous dise !»tempête Virginie, mère de quatre enfants dans les Hauts-de-Seine. Comme elle, de nombreux parents regrettent notamment le mercredi chômé. «C'est surtout galère pour mon grand, qui rentre en CE2. Les cours se terminent à midi et la cantine ne prend pas le relais. Aucune garderie non plus l'après-midi. Il faut revoir le planning de la nounou», poursuit Virginie. «Je ne vais plus passer tous mes mercredis avec mes petits-enfants, ça me brise le cœur», regrette de son côté la mamie de la famille.

 

Marine est mère de deux petites filles qui vont à l'école à Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis. Ses filles vont commencer l'école plus tard et finir plus tôt. Après avoir fait ses comptes, elle a décidé d'abandonner le baby-sitting pour engager une jeune fille au pair. «Ça n'a l'air de rien comme ça, mais une heure de plus de baby-sitting par jour, c'est énorme, témoigne la jeune femme. J'ai choisi de prendre une jeune fille au pair. Ça nous coûterait tellement cher en baby-sitting qu'on a décidé de payer 300 euros environ par mois une jeune fille au pair américaine qui fera beaucoup plus d'heures de garde, qui les emmènera à leurs activités, etc. Et qui apprendra à parler anglais à mes filles ! Ce n'est une solution possible que pour les gens qui ont eu un peu de chance et qui ont pu se loger grand. Chez nous, elle aura sa propre chambre avec sa propre douche.» Au salaire de la jeune fille au pair, il faut toutefois ajouter les frais de logement, de nourriture, de blanchissage, etc. Et noter que la somme n'est pas déductible fiscalement comme le sont les heures de baby-sitting.

 

Jérôme, père de famille du XIXe arrondissement de Paris, a quant à lui réussi à s'organiser avec sa compagne pour garder leurs enfants, mais il trouve ses enfants «perdus» face à la réforme. «J'espère que cette année, ça se passera mieux», lâche-t-il. À Paris, le changement d'organisation du temps scolaire a eu lieu dès la rentrée 2013 et n'a pas fait que des heureux. «Je n'accable pas l'école. Elle fait ce qu'elle peut avec les moyens qu'on lui donne, c'est-à-dire très peu. Mais dans l'école de mes enfants, ils se retrouvent à faire exactement la même chose sur le temps périscolaire que lors des ateliers classiques du soir. Cela veut dire concrètement qu'après les cours ma fille peut enchaîner avec une leçon de théâtre sur le temps périscolaire puis un deuxième atelier de théâtre en atelier du soir. Les enfants passent leur vie en atelier, du coup ! C'est stressant, il faut penser aux chaussures spéciales cirque le mardi, au déguisement pour le théâtre le mercredi… Pire, les personnes chargées d'occuper le temps périscolaire ne sont pas les plus qualifiées. Dans mon école, on a demandé à la dame chargée de surveiller les enfants pendant la pause déjeuner d'animer un atelier tricot du jour au lendemain.»

 

Un sentiment de désorganisation que partage Neila, mère de trois enfants à Clermont-Ferrand : «les activités périscolaires ne sont que de la garderie animée, soupire-t-elle, et on nous demande de payer pour ça ! Certes, ce n'est que 15 euros par an, mais quand même.» À La Ciotat, dans les Bouches-du-Rhône, les parents d'élèves s'organisent entre eux pour ne plus avoir à envoyer leurs enfants à la cantine. «Avec la réforme, le prix de toutes les activités a augmenté, explique Sabrina. L'école reste gratuite, mais tous les services autour sont devenus payants. Avant, la garderie le midi était gratuite, on ne payait que pour le repas. Moi, j'ai trois enfants, cela me coûterait 12 euros par jour de repas et de garde, je ne peux pas assurer. Alors, on fait un roulement entre parents pour faire déjeuner les petits.»

 

Mireille, enseignante à Lille, a décidé quant à elle d'inscrire ses deux enfants, en CE1 et CM2, dans le privé. Seules 10 % des écoles primaires privées, qui ont le choix, adoptent en effet la réforme à la rentrée. Le Secrétariat général de l'enseignement catholique n'a toutefois pas constaté de boom dans ces inscriptions au niveau national. «J'ai beau être professeur dans un collège public… je n'ai pas eu le choix. Mais je n'ai toujours pas osé le dire à mes parents, enseignants et syndicalistes depuis toujours», sourit la mère de famille.

 

infographie rentree scolaire 2014

 

Judith Duportail



05/09/2014
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