Revue de presse : Article dans Le Figaro du 01/09/2014 : Les rythmes scolaires bousculent la rentrée
Des Français défavorables à 60 % à la réforme des rythmes scolaires, selon un récent sondage, une deuxième ville de France, Marseille, qui renvoie à la Toussaint l'organisation des activités périscolaires et plusieurs dizaines d'élus promettant de ne pas ouvrir leurs écoles le mercredi 3 septembre… Bras de fer au sommet ? La rentrée s'annonce chaude pour la nouvelle ministre de l'Éducation, qui affiche toute sa fermeté sur le front des rythmes.
«Je rappelle qu'il revient à l'État d'organiser le temps scolaire, a indiqué Najat Vallaud-Belkacem lors de sa conférence de presse de rentrée, le 1er septembre. Ne pas ouvrir les locaux, c'est se mettre en infraction avec la loi», a-t-elle martelé, évoquant des «sanctions» et des préfets qui pourraient se substituer aux maires pour l'ouverture des écoles. Elle invite aussi les élus à «ne pas faire de cette réforme un champ de bataille idéologique».
Une mise en garde à l'adresse des élus de droite récalcitrants, notamment dans le département de l'Essonne. «Beaucoup de maires socialistes me disent de tenir bon», rétorque Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la République (DLR) et député maire de Yerres. Le chef de file des élus frondeurs a prévu des cadenas symboliques aux portes des écoles, alors même que la réforme des rythmes, généralisée cette année à l'ensemble des communes, prévoit un mercredi matin travaillé. «Les préfets peuvent se substituer aux maires. Ils ne trouveront pas d'enfants dans les écoles», poursuit l'élu, qui mène la fronde avec l'assentiment des parents. «Nous ne pouvons mettre en place la réforme dans les délais impartis et dans les conditions de sécurité requises pour les enfants. Nous demandons un délai», conclut-il, évoquant de la part du gouvernement «un déni de réalité».
De son côté, la nouvelle ministre de l'Éducation et ancienne porte-parole du gouvernement a bien appris sa leçon. Un discours bien huilé autour de cette réforme «vendue» par la gauche pendant la campagne présidentielle, formalisée par Vincent Peillon - qui lui doit d'ailleurs son éviction de la Rue de Grenelle - et assouplie par son successeur, Benoît Hamon. «Une matinée de plus, c'est une occasion de plus d'apprendre à lire, à écrire et à compter. Tout démontre que les enfants apprennent mieux», a martelé Najat Vallaud-Belkacem. Elle emboîte donc le pas de Benoît Hamon, resté cinq mois seulement au ministère, qui avait tenu en juin une conférence autour des «bénéfices pédagogiques de la nouvelle organisation du temps scolaire».
Un discours qui n'a pas convaincu, si l'on en croit le sondage CSA pour RTL, publié le 1er septembre. Les Français considèrent à 60 % que la réforme est «une mauvaise chose» - ils étaient 53 % l'année précédente. Les sympathisants de droite la rejettent à 71 %, contre 42 % à gauche. Inlassablement depuis l'été 2012, le feuilleton sur les rythmes scolaires retient toute l'attention de l'opinion, avec son lot de rebondissements et de déconvenues. Mais de quoi parle-t-on au fond ? À l'origine, l'ambition était d'alléger l'année scolaire des petits Français, concentrée sur 144 jours - un record dans l'OCDE où la moyenne se situe à 187. Un sujet sur lequel avait planché le ministre Luc Chatel, en 2011. La réforme Peillon, validée par le décret de janvier 2013, a mis en place une matinée supplémentaire travaillée - soit 180 jours désormais. Trois petites heures qui bouleversent les emplois du temps des parents, enseignants et élus. Du consensus théorique à la mise en pratique, il y a une marge qui ne tolère pas de maladresses. Cette réforme, évaluée à 600 millions d'euros par an, est mal vécue par les élus, qui réclament un accompagnement financier pérenne de la part de l'État - un «fonds d'amorçage» a été mis en place. Dans de telles conditions, nombre d'acteurs, à commencer par le Snuipp, principal syndicat d'enseignants du premier degré, dénoncent une réforme à plusieurs vitesses, dépendante des capacités respectives des communes.
Dans les jours qui viennent, la nouvelle ministre va être confrontée aux difficultés pratiques avérées des nouveaux rythmes. Problèmes de cantine, de transports, simple garderie en lieu et place d'un périscolaire survendu… Des difficultés démultipliées en cette rentrée, puisque la totalité des écoliers seront concernés, soit 6,7 millions d'élèves, contre 1,3 million en septembre 2013 où 20 % seulement des communes avaient basculé.
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