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Revue de presse : Article dans Le Figaro du 01/12/2010 : Luc Chatel veut rassurer sur la formation des enseignants

Le ministre de l'Éducation signale moins de 1% de stagiaires «repérés en difficulté». 

«On peut avoir un doctorat et être incapable d'enseigner une addition ou d'apprendre à lire. La pédagogie, cela s'apprend, on oublie que ça nécessite des mois et des mois de formation», affirme cette débutante parisienne qui se dit «démunie» devant sa classe de CP à laquelle elle est censée apprendre à lire. Professeur des écoles stagiaire, elle essuie cette année les plâtres de la réforme de la formation des enseignants. Une réforme qui consiste à mettre plus tôt et pendant davantage d'heures les débutants devant les classes, après qu'ils aient réussi leur concours en juin. Auparavant, les apprentis enseignants bénéficiaient d'une formation théorique en alternance d'un an dans les IUFM. Mais la suppression de cette année de formation a permis de diminuer le nombre de postes d'enseignants dans le budget 2010.

 

Trois mois après l'entrée en vigueur de cette réforme, Luc Chatel tient cependant un discours rassurant. « Les indicateurs ne sont pas particulièrement alarmants », a-t-il assuré lors d'un «point d'étape » de l'année en cours, mercredi. « Moins de 1% » des 15 763 enseignants débutants ont été « repérés en difficulté », entre 3 et 4% ont été en congés maladie contre 5% en 2009 et 78 avaient démissionné mi-octobre, soit moins que l'an dernier, a-t-il affirmé. Du côté des jeunes enseignants qui, pour la première fois cette année, dispensent leurs cours à plein temps, tout n'est cependant pas si rose.

 

Lourde préparation de classe 

Ils déplorent une charge de travail excessive, selon une enquête du Snes-FSU (principal syndicat du secondaire) à laquelle 150 débutants ont participé fin octobre. 82% se disaient alors « fatigués » et 60% « débordés ». Selon une autre enquête menée par le Snuipp-FSU, principal syndicat à l'école primaire, auprès de 1.027 stagiaires, 94% jugent la préparation de la classe « lourde, très lourde ou beaucoup trop lourde ».

 

L'aide qui leur a été portée en début d'année est, quant à elle, estimée insuffisante par 53% d'entre eux. Selon quatre jeunes filles professeurs stagiaires exerçant à Paris ou dans les Hauts-de-Seine, « la plupart des stagiaires ont des difficultés mais évitent d'en faire part car ils craignent de ne pas obtenir leur titularisation à la fin de cette année. Nous sommes tous dans la débrouille ».

 

Une autre jeune femme témoigne : « Je ne sais pas du tout comment m'y prendre. Mes élèves sont des cobayes. Devant les parents, je bluffe et affiche une assurance que je n'ai pas. » Cet autre professeur stagiaire a assisté à une manifestation de parents d'élèves, hostiles à l'arrivée d'une débutante. Difficile de faire la part des choses, reconnaissent cependant les jeunes professeurs entre la réforme entrée en vigueur cette année qu'elles critiquent vertement et l'appréhension naturelle du débutant.

 

Cette année, les stagiaires enseignant à l'école primaire bénéficient d'un dispositif transitoire puisqu'ils ont eu droit jusqu'à la Toussaint à un tutorat dans les classes. Cette aide paraît nécessaire mais insuffisante à la plupart des sondés : 74% d'entre eux souhaiteraient que ce tutorat se prolonge pendant l'année scolaire. Au ministère de l'Éducation, on fait observer que la formation pédagogique dispensée dorénavant par les universités et non plus par les IUFM comprendra des stages obligatoires. Il est aussi possible « d'améliorer le dispositif actuel », affirme Luc Chatel qui n'exclut pas la possibilité d'une formation « en alternance ».  

 

La mise en place à petit pas de la réforme des lycées

Principale réforme du ministère de l'Éducation nationale entrée en application cette année, celle du lycée a été testée par l'institut de sondage Ipsos auprès d'un panel de parents, enseignants et chefs d'établissement.

 

Le changement qui consiste en une diminution des disciplines habituelles, en classe de seconde, au profit de deux heures hebdomadaires d'accompagnement personnalisé, est approuvé de façon écrasante par les chefs d'établissement, à 86%. Les parents et surtout les enseignants sont nettement moins enthousiastes. Si un peu plus de la moitié des parents soutiennent la  réforme, 17% la jugent négativement et près d'un tiers n'en pensent rien! Quant aux enseignants, seuls 33% jugent la réforme positive et nombreux sont ceux qui n'en pensent pas grand-chose non plus, peut-être parce qu'elle est complexe ou parce qu'elle n'est pas encore effective partout. « Mettre en place un tel changement, modifier les habitudes, ça prend du temps », souligne-t-on à la Direction de l'enseignement scolaire. Un chargé de mission responsable du suivi de la mise en œuvre de la réforme du lycée va bientôt être nommé. D'après un premier bilan dressé par Luc Chatel, le soutien représente 50% de ces heures d'accompagnement personnalisé, l'approfondissement 30%, et l'aide à l'orientation, 20%.

 

Par Marie-Estelle Pech

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



02/12/2010
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