ALPE74140

ALPE74140

Revue de presse : Article dans Le Figaro du 03/11/2014 : «Adopte un prof», la démarche originale de parents d'élèves de Saint-Denis excédés

Exaspérés par les classes sans enseignant ou surchargées depuis la rentrée, des parents d'élèves de Saint-Denis ont créé un «ministère du bonnet d'âne» pour interpeller les services de l'État. La mobilisation aux formes multiples va durer quinze jours.

«J'aimerais que mon fils grandisse avec les mêmes chances que les autres enfants». Aux yeux de Mach-Houd, consultant dans la santé et père d'un petit garçon en CM1 à Saint-Denis, ce voeu est aujourd'hui pieux. La dizaine de parents d'élèves, rassemblée ce lundi matin autour du chapiteau du ministère Bonnet d'âne, pastiche du ministère de l'Education nationale qu'ils ont créé dimanche en signe de protestation, tiennent tous le même discours. Sur un terrain inoccupé du centre-ville, les parents d'élèves ont installé leur QG. Chapiteau de cirque, thermos de café, banderoles et mêmes toilettes sèches ont été installés dimanche, dans le but de maintenir une présence continue pendant deux semaines. Des équipes de douze se relaient du matin au soir. Durant ces quinze jours de mobilisation, des conférences, ateliers artistiques et autres happening sont prévus. Parmi eux, notamment, la création d'un «speed dating» parodiant le recrutement jugé désastreux de vacataires par Pôle emploi. Début octobre, le rectorat de Créteil a en effet mis en place une démarche inédite de «phoning». Les candidats potentiels, titulaires d'un bac + 4, sont contactés par des conseillers de Pôle Emploi. Un entretien de quelques minutes plus tard, voilà le demandeur d'emploi devenu contractuel et enseignant dans le 1er degré. Les parents mobilisés vont également créer un site sur le modèle du site de rencontre Adopteunmec, Adopteunprof.com (qui sera activé le 12 novembre), pour moquer les méthodes de recrutement de Créteil et faire parler de leur revendication.

«A la fin de sa scolarité obligatoire, un élève de Saint-Denis a perdu entre six mois et un an de cours»

L'objectif derrière est d'obtenir «une aide exceptionnelle de l'État» et notamment une valorisation des salaires des professeurs du département afin d'inciter les enseignants à choisir le 93. Saint-Denis est depuis longtemps déjà fortement touché par le non-remplacement des professeurs absents. Au sein de l'académie de Créteil, près de 14% des professeurs ne sont pas remplacés quand ils sont absents, contre 5% à Paris, selon les chiffres du ministère. La FCPE Seine-Saint-Denis estime qu'à la fin de sa scolarité obligatoire, un élève de Saint-Denis a perdu entre six mois et un an de cours. «C'est comme si on forçait tous les élèves de Saint-Denis à sauter une classe», soupire Sibylle Golac, mère de deux enfants.

«Un gouvernement qui devait faire de la jeunesse sa priorité»

Delphine Flaury, infirmière et mère de deux enfants est venue se ravitailler en tracts au QG. Elle les distribue devant l'école Jules Vallès, à deux pas. «Dans cette école, ils accueillent 18 classes. La direction a dû fermer la bibliothèque pour accueillir de nouveaux élèves cette année. Cela veut dire qu'on ne prête plus de livre aux enfants !» La mère de famille se souvient aussi de la rentrée de sa fille en CE1 en septembre dernier : «Elle n'avait tout simplement pas d'instituteur. Aucun adulte pour la prendre en charge. Elle a manqué une semaine d'école avant qu'une remplaçante n'arrive. Mais celle-ci vient de tomber enceinte, qui sait si elle va être remplacée.... On nous a déjà explicitement demandé de garder nos enfants chez nous la journée pour cause d'absence», soupire Delphine Flaury. Selon la FCPE, à la rentrée, 30 classes se sont retrouvées sans enseignant à Saint-Denis et tous les postes vacants n'ont pas encore été pourvus. Mais les organisations représentatives de parents d'élèves ne font pas partie de l'organisation du mouvement du ministère Bonnet d'ane. «Je comprends leur exaspération, mais nous sommes aujourd'hui dans une démarche de dialogue avec le ministère pour trouver des solutions», indique Arena Rodriguo, président de la FCPE 93.

«Ce qui est dur, c'est que tout ça se passe sous un gouvernement de gauche, regrette Mach-Houd. Que nos enfants bénéficient d'une sous-éducation sous un gouvernement qui devait faire de la jeunesse sa priorité. Quand c'est à l'école Jean Jaurès ou Jules Ferry qu'il n'y a pas d'instituteur, le symbole est fort...»

 

 Par 



10/11/2014
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 103 autres membres