Revue de presse : Article dans Le Figaro du 04/04/2011 : Chatel veut trouver des profs remplaçants avec Pôle emploi
-
INTERVIEW - Le ministre de l'Éducation Luc Chatel veut rassurer les parents qui redoutent l'absentéisme et les suppressions de postes. Il se félicite de l'amélioration du système des remplacements.
Le ministre annonce la création ce matin d'un comité chargé de réfléchir à l'apprentissage des langues vivantes de la maternelle au bac.
-
LE FIGARO - Vous installez ce matin le comité de réflexion sur l'enseignement des langues. Quelle sera sa feuille de route ?
Luc Chatel - Les Français ne sont pas bons en langue étrangère. Dans tous les classements internationaux, nous arrivons derrière les Suédois, les Danois, les Allemands, etc. Je pense que le temps est venu de réinventer cet enseignement. Je vais confier aujourd'hui cette tâche au comité, qui sera présidé par Suzy Halimi, présidente honoraire de Paris-III et grande angliciste. En feront aussi partie, entre autres, le linguiste Claude Hagège, Claude Bébéar et le sénateur Jacques Legendre. Je souhaite qu'ils fassent des propositions applicables à la rentrée 2012. Je n'ai pas d'idée préconçue. Mais je pense qu'il faut une épreuve orale au bac, en langue vivante 1, en plus de l'écrit actuel. La langue est un outil de communication, il faut savoir la parler.
-
Comment comptez-vous élargir l'enseignement de l'anglais aux enfants dès l'âge de trois ans, alors que les postes d'intervenants étrangers sont les premiers à ne pas être reconduits en raison des suppressions de postes ?
Nos jeunes enseignants parlent désormais davantage l'anglais, ils peuvent l'enseigner. Je pense surtout qu'on peut utiliser les nouveaux modes de communication. On peut apprendre l'anglais à Paris par visioconférence en dialoguant avec un enseignant basé à Londres. Nous allons mieux travailler avec les collectivités locales chargées de financer les équipements des écoles primaires, en vidéoprojecteurs ou ordinateurs. Enfin, dire qu'on doit d'abord bien parler français avant d'apprendre une langue étrangère est absurde : à Singapour, j'ai vu des enfants de cinq ans parler remarquablement anglais et chinois.
-
Les parents se plaignent que les enseignants absents ne soient pas remplacés. Certains parents et proviseurs passent même des petites annonces pour recruter eux-mêmes des contractuels. Trouvez-vous ça normal ?
Je tiens d'abord à rappeler que dans l'Éducation nationale, nous ne comptons que 4% d'absences sur une année. L'absentéisme n'y est pas plus développé qu'ailleurs. Et 96,2% de ces absences sont remplacées. Le remplacement s'améliore. Le taux de mobilisation des professeurs titulaires sur zone de remplacement est passé de 76,53% en octobre 2009 à 85,76% en février 2011. La situation dont vous parlez est d'ailleurs très marginale. Mais notre système du remplacement doit s'améliorer en étant plus souple et plus réactif. Il faut donc faire appel à des contractuels lorsque nos titulaires remplaçants ne sont pas disponibles. Naturellement, ce n'est pas le rôle des parents de passer des annonces de recrutement. En revanche, j'ai demandé aux proviseurs qu'ils le fassent et qu'ils se mettent en contact avec Pôle emploi. Ce n'est pas en recrutant davantage de titulaires remplaçants que ça marchera mieux. Les vacataires, étudiants ou jeunes retraités, peuvent très bien remplir ce rôle. Le système, trop rigide, a montré sa faillite dans le passé. Il faut donc l'assouplir.
-
L'enseignement catholique affirme qu'il va être obligé de fermer des classes en raison des suppressions de postes.Les enseignants du public estiment également ne plus pouvoir remplir leur mission. Que leur répondez-vous ?
L'enseignement privé contribue à l'effort de réduction de l'emploi public, mais il a des spécificités: il n'y a ni enseignant en surnombre, ni titulaire remplaçant. Nous en avons donc tenu compte pour notre calcul de retrait d'emploi et au total, si l'enseignement privé représente 20% des élèves aujourd'hui, il rendra environ 10% des postes cette année. Plus globalement, j'estime que la qualité de notre enseignement est toujours très bonne. Nous avons 35.000 postes d'enseignants de plus qu'il y a quinze ans alors que nous avons 500.000 élèves de moins. Nous restons l'un des pays de l'OCDE qui investit le plus dans l'éducation.
-
Soutenez-vous l'évaluation par compétences dénigrée par certains parents et enseignants qui craignent, par contagion, la disparition des notes ?
Je suis opposé à la disparition des notes. Mais depuis la loi Fillon sur l'éducation votée en 2005, l'évaluation par compétences est promue. Je parle en tant que parent d'élève. Cette évaluation par compétence est complémentaire de la note. Elle permet d'avoir des détails sur les acquis de son enfant. C'est une avancée sur un plan pédagogique.
-
Quels sont les résultats des dernières évaluations en classe de CM2 ?
La réforme de Xavier Darcos a sacralisé l'évaluation en CE1 et CM2. C'est un outil pour le professeur qui, grâce à l'aide personnalisée, peut remédier aux difficultés. D'ailleurs, les derniers résultats portant sur l'examen de CM2 datant de janvier montrent un léger frémissement en mathématiques. 38% des enfants ont des acquis «très solides» dans cette matière, contre 35% l'an dernier. Et ils ne sont plus que 7% à avoir des acquis «très fragiles» contre 10% l'année dernière. Les académies de Lille, la Réunion ou Créteil, plutôt en dessous de la moyenne nationale il y a un an, ont chacune progressé de plus de deux points. C'est bien la preuve que notre recentrage sur les fondamentaux, français et mathématiques, à l'école primaire est en train de payer.
-
Vous avez récemment approuvé le refus d'une directrice d'école de laisser participer une mère de famille voilée à une sortie scolaire. Que comptez-vous faire précisément ?
L'école de la République ne doit pas s'en remettre aux décisions de ses acteurs locaux. Je considère que c'est au ministre de donner des règles et de faire en sorte qu'elles soient respectées. Dans les jours qui viennent, je vais donc ajouter un paragraphe à la circulaire sur les sorties et voyages scolaires afin que les mères-accompagnatrices, considérées comme des collaborateurs occasionnels du service public, ne soient plus voilées. C'est une clarification. La laïcité est une des valeurs de la République que l'école doit incarner au quotidien. Chaque année, l'Éducation nationale est testée, mise à l'épreuve. Elle se doit d'être ferme sur ces questions de neutralité du service public.
A découvrir aussi
- Revue de presse : Article dans L'expansion du 17/01/2011 : Achèterez-vous des cartes bancaires prépayées ?
- Revue de presse : Article dans Le Monde du 07/04/2011 : Du bio au menu de neuf écoles privées de la région parisienne
- Revue de presse : Article sur www.cafepedagogique.net du 12/05/2011 : Evaluation de CM2 : Nouveau cap ou vieille rhétorique ?
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 103 autres membres