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Revue de presse : Article dans Le Figaro du 12/10/2011 : Des évaluations programmées en maternelle suscitent l'émoi

Dès le mois de novembre, les enseignants détecteront les difficultés d'attention des enfants de maternelle. Pour les syndicats, il s'agit d'un «fichage» en règle, alors que le ministère évoque une opération de remédiation.

 

C'est un petit livret qui fait grand bruit. Le ministère de l'éducation nationale a décidé de mettre en place un dispositif d'évaluation en dernière année d'école maternelle pour déterminer quels sont les élèves «à risque» voire à «haut risque d'échec scolaire». Dans l'entourage du ministre, on explique qu'il s'agit ainsi de «systématiser le repérage» des élèves «fragiles» et de les «aider» dès le plus jeune âge. Les syndicats d'enseignants qui ont révélé le contenu de ce livret, mercredi, ont néanmoins immédiatement crié au scandale. Pour le Snuipp-FSU, ce «dispositif est inacceptable. En maternelle, il n'existe pas d'élève à risque. Les différences de maturité et de développement ne peuvent pas être regardés sous le seul prisme de la difficulté scolaire et encore moins de celui des troubles du comportement», selon l'organisation.

 

Une pétition lancée par les syndicats

 

Le Se-Unsa a de son côté lancé une pétition de protestation qui a déjà récupéré 800 signatures en moins d'une journée. Concrètement, selon le document de travail que Le Figaro a pu lire, les enseignants noteront dès le mois de novembre prochain, le comportement à l'école, les difficultés d'attention, d'agitation motrice ou les relations sociales de l'enfant. La réponse à l'item «est capable d'une attention» se note ainsi 3, 2 ou 1 selon que l'enfant a une attention régulière, irrégulière ou s'il a du mal à «fixer son attention». Le langage sera également très attentivement observé. Il s'agira par exemple de repérer si l'enfant est «peu intelligible», s'il «ne sait pas utiliser des subordonnées» ou encore s'il «ne répond qu'exceptionnellement ou jamais à l'adulte qui lui pose une question» et ce, même s'il est introverti. Joue-t-il à la récréation ? Les figures qu'ils dessinent sont-elles droites ? Les enseignants vérifieront par ailleurs si les élèves respectent les consignes pendant leurs découpages ou copies de figures géométriques…

 

Trois étapes sont programmées sur l'année scolaire pour d'abord repérer, puis remédier aux difficultés, et enfin évaluer avant l'entrée en CP. Les enfants repérés «à risque» ou «à haut risque » à l'issue de ces tests bénéficieront d'une «aide personnalisée» de deux heures par semaine à l'image de ce qui se fait déjà à l'école primaire. Il s'agira notamment pour l'enseignant de mettre en place des séquences brèves» lors desquelles les enfants seront entraînés à mettre en rapport les lettres et le son et à bien intégrer le code orthographique. Si l'élève monopolise la parole, l'enseignant lui proposera de participer à des situations de jeux de société, à des échanges en petits groupes, etc.

 

Une polémique absurde selon le ministère

 

Les réactions à ce projet sont peu amènes. La principale fédération de parents d'élèves (FCPE) «refuse catégoriquement tout classement ou fichage des élèves, qui plus est d'enfants de cinq ans» et «exige le retrait immédiat de ce projet honteux directement inspiré du rapport Bénisti».

Ce rapport sur la prévention de la délinquance, rédigé en 2004 par la commission prévention du groupe d'études parlementaire sur la sécurité intérieure proposait de signaler les enfants dès leur plus jeune âge lorsqu'ils avaient des problèmes de comportement. La polémique est «absurde» pour Jean-Michel Blanquer, le directeur de l'enseignement scolaire au ministère. «En aucun cas, il ne s'agit de ficher les élèves, assure-t-il, simplement, l'école maternelle est l'école du langage par excellence. L'alphabet, les nombres doivent être connus avant d'entrer en cours préparatoire. Les élèves qui ont des difficultés à cet égard doivent être pris en charge. Cela fait longtemps que des évaluations spontanées ou non sont mises en place par les enseignants. Nous avons voulu leur offrir un outil supplémentaire élaboré avec une équipe de scientifiques. Nous n'avons pas d'autres arrière-pensées» affirme-t-il. Contrairement à ce que pourraient laisser supposer certaines anotations du document de travail diffusé mercredi, il affirme aussi qu'il n'y aura pas de remontées nationales et que les résultats resteront au niveau de l'école, à l'usage exclusif des enseignants.

 

Par Marie-Estelle Pech



13/10/2011
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