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Revue de presse : Article dans Le Figaro du 14/12/2011 : Évaluation des enseignants : Luc Chatel tient bon

À la veille de la mobilisation des syndicats de l'Éducation nationale, le ministre juge archaïque le système actuel.

Le projet de réforme de l'évaluation des enseignants soulève la bronca de la quasi-totalité des syndicats de l'Éducation nationale qui appellent demain à une journée de grève et de manifestations. Seul le Sgen-CFDT ne s'est pas joint au mouvement. Un projet de décret dont l'entière application n'est pas envisagée avant 2014 a été dévoilé il y a un mois. Il propose de confier aux chefs d'établissements l'évaluation des professeurs de l'enseignement secondaire à l'occasion d'un entretien mené tous les trois ans. Le supérieur hiérarchique devrait évaluer la capacité de l'enseignant à faire progresser chaque élève, les compétences dans sa discipline, l'implication dans le projet d'établissement.

 

Le projet modifierait les grilles d'avancement, ce qui n'est pas étranger à la colère des syndicats. Il est ainsi possible d'obtenir un «avancement accéléré» avec des «mois de réduction d'ancienneté» en fonction des résultats. L'évaluation des enseignants par leur chef d'établissement était l'une des propositions UMP dévoilées en novembre, en préparation de la campagne présidentielle. Il y était notamment demandé qu'elle ne serve pas uniquement à vérifier leur bon respect du programme national et leur aptitude à le finir dans les temps.

Il faut «un patron»

Une récente intervention médiatique de Luc Chatel, affirmant qu'il fallait «un patron» dans un collège ou un lycée n'a guère été appréciée par les syndicats. «C'est important que le chef d'établissement ait un rôle prépondérant» dans l'évaluation des enseignants, a-t-il dit encore mardi sur RMC. Pour le ministre, le système actuel est «archaïque, n'est pas incitatif et ne valorise pas leur engagement». Aujourd'hui, les professeurs ne sont inspectés en moyenne qu'une fois tous les sept ans et leur avancement dépend pour l'essentiel de leur ancienneté et d'un système de notes. Selon un groupe de travail mis en place par le ministère, parmi les «points faibles les plus partagés» du système actuel, les inspections sont «trop espacées, aléatoires et brèves, ce qui ne permet pas un suivi efficace». Et «la surprotection qui entoure la fonction publique empêche la valorisation des bons enseignants pour protéger les moyens et les mauvais».

 

Reste que le Snes, syndicat de l'enseignement secondaire est particulièrement hostile au projet. «Comment accepter que des pilotes de lignes soient évalués par un directeur d'aéroport ?, interroge Daniel Robin, l'un des secrétaires généraux, le cœur du métier, c'est ce qui se passe dans la classe. Un chef d'établissement n'est pas capable d'apprécier les choix pédagogiques d'un enseignant. Cela suppose de maîtriser le contenu de la discipline.» Une pétition demandant le retrait des textes avait recueilli, mardi, 62.000 signatures.

 

En réalité, les chefs d'établissement ne devraient pas avoir tous les pouvoirs en matière d'évaluation. Luc Chatel a expliqué qu'ils auraient à s'entourer des compétences des inspecteurs. Responsable du SNPDEN, syndicat des chefs d'établissements, Philippe Tournier rappelle par ailleurs que ses alter ego ont déjà l'habitude d'évaluer des personnels dont ils ne possèdent pas la compétence technique, comme les infirmiers scolaires.

 

Par Marie-Estelle Pech



15/12/2011
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