ALPE74140

ALPE74140

Revue de presse : Article dans Le Figaro du 15/10/2014 : Cafouillages autour de la demi-journée sans école

Après avoir suscité la confusion dans le reste de la France, 136.000 élèves seront privés de classe mercredi matin à Paris pour cause de consultation des enseignants autour de la réforme des programmes. Les fédérations de parents ont déposé des recours en justice.

«La suppression d'une seule demi-journée d'enseignement ne (peut) être regardée, à l'aune de l'ensemble du calendrier scolaire, comme portant une atteinte suffisamment grave aux intérêts des élèves pour justifier une telle situation d'urgence.» Telle est la réponse du tribunal administratif de Paris au recours déposé par la FCPE 75. La principale fédération de parents exigeait le report, dans la capitale, de la demi-journée sans classe, décrétée par l'Éducation nationale pour cause de consultation des enseignants autour de la réforme des programmes. Sans obtenir gain de cause. Les 136.000 écoliers parisiens seront donc privés de trois heures de cours ce mercredi matin. «Une rupture du service public de l'Éducation nationale», regrette Hervé-Jean Le Niger, président de la FCPE 75. Une situation d'autant plus tendue pour les parents qu'une grève massive des animateurs de la ville - qui assurent les temps de cantine et de centre de loisirs - est prévue le jour dit.


Dans le reste de la France, cette grande consultation, fixée localement par chaque recteur (elle s'est déjà tenue dans l'essentiel des académies et s'achèvera le 17 octobre), a suscité la confusion, si ce n'est l'indignation. «Consulter, c'est bien, mais pas au détriment des parents», prévenait en septembre la FCPE, qui demandait une consultation «en dehors du temps scolaire». «L'Éducation nationale décide seule et les familles doivent s'adapter, ainsi sont les relations entre l'école et les parents», déplorait la Peep.


Changements de dernière minute

Dans les académies de Metz-Nancy et Rouen, les dates initialement prévues ont changé à la dernière minute. Dans l'Académie de Créteil, la Peep du Val-de-Marne et la FCPE de Seine-et-Marne en ont appelé à la justice. Une levée de boucliers commune qui a poussé la rectrice à faire marche arrière sur cette journée «banalisée», prévue le 13 octobre. Sera-t-elle reportée à une date ultérieure ?


Rien n'est moins sûr. Et du côté du Snuipp, principal syndicat d'enseignants du premier degré, c'est avec amertume que l'on commente ces cafouillages ministériels. «Pourquoi la ministre n'a-t-elle pas fixé une date nationale unique afin de solenniser ce moment?» interroge Sébastien Sihr, secrétaire général. «Cette concertation, qui devait être un moment de consensus autour des programmes, tourne au vinaigre, regrette-t-il.Elle perd de son crédit à la fois auprès des parents et des enseignants.» La ministre Najat Vallaud-Belkacem, qui défendait cette consultation, «pour le bien des enfants», a décidé de ne pas renouveler l'expérience.

 

Les enseignants étaient appelés à réfléchir sur les nouveaux programmes de maternelle, ainsi que sur le «socle commun de connaissances, de compétences et de culture», ce «bagage» que devrait idéalement maîtriser tout élève à l'issue de la scolarité obligatoire. Un concept - dont la première version avait été élaborée en 2006 dans le cadre de la loi Fillon - qui laisse les enseignants dubitatifs. Pour Pierre Favre, président du Syndicat national des écoles (SNE), ce «catalogue à la Prévert», fait de 160 composantes reflète «une généreuse ambition», mais reste «impossible à décliner». «On voudrait faire de nos élèves des artistes, des philosophes, des mathématiciens… Mais s'adresse-t-on vraiment aux 150.000 jeunes qui sortent chaque année du système sans qualification?», interroge-t-il. Mais surtout, sur le terrain, rares sont les professeurs qui se font encore des illusions quant à la portée de leur contribution. «On va sûrement bavarder. La directrice fera ensuite un compte-rendu qu'elle enverra dans cette grande usine à gaz qu'est l'Éducation nationale. Un bla-bla honteux !», s'exclame une professeur des écoles parisienne.
«Les collègues ont de sérieux doutes en termes de remontées», ironise Jean-Rémi Girard, au Snalc, tout en saluant «un temps d'échange pédagogique qui est finalement rare». Il rappelle d'ailleurs, à l'instar des autres syndicats d'enseignants, que par le passé des consultations similaires se sont tenues - pour revoir les programmes en 2002 ou pour élaborer le premier «socle» en 2006 -, sans provoquer de tels remous. Mais c'était avant la réforme des rythmes scolaires, qui a cristallisé les tensions des professeurs, élus et parents en décrétant le retour d'une matinée travaillée, le mercredi matin. Depuis, le terme «demi-journée» semble avoir pris tout son sens…

 

Par Caroline Beyer



15/10/2014
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 103 autres membres