Revue de presse : Article dans Le Figaro du 16/12/2015 : Mariage, divorce, garde partagée : radiographie du couple français
Nombre croissant de familles recomposées, multiplication des histoires d'amour brèves, forte hausse de la garde partagée... Dans sa nouvelle publication révélée ce mercredi, l’Insee propose une radioscopie de la famille et des couples.
Un papa, une maman et leurs enfants sous le même toit : ce modèle « classique » de la famille reste majoritaire puisqu’il représente un peu plus de 70 % des 7,8 millions de familles avec au moins un enfant mineur à la maison en 2011. Trois enfants sur quatre vivent avec leurs deux parents. Mais peu à peu, les « familles Ricoré » perdent du terrain. Leur part a reculé de 5 % depuis 1999 au profit des familles recomposées (9,3 %) et surtout des familles monoparentales. « C’est le type de famille qui s’est le plus développé au détriment des familles traditionnelles : les familles monoparentales représentaient 16 % des familles avec enfants mineurs en 1999 et 20 % en 2011 », souligne l’Insee. Leur montée en puissance est une conséquence directe de la multiplication des ruptures. « Leur situation est essentiellement liée aux séparations (75 % des cas en 2011) alors qu’en 1962, plus d’un monoparent sur deux était veuf. Aujourd’hui, les familles monoparentales ont le plus souvent une femme à leur tête et 40 % d’entre elles vivent sous le seuil de pauvreté.
Le prix de la rupture, plus élevé pour les femmes
20 % de baisse de niveau de vie : c’est le prix de séparation pour les femmes dans l’année qui suit un divorce ou une rupture de Pacs. Pour les hommes, la facture est moins salée puisqu’ils ne sacrifient que 3 % de leur niveau de vie en moyenne, selon une étude menée par l’Insee et l’Ined sur des ruptures consommées en 2009 et à partir des documents fiscaux de 102.500 hommes et 100.300 femmes. Ce chiffre est le résultat de deux données. Le niveau de vie des femmes chute de 14,5 % en moyenne entre 2008 et 2010, années précédant et suivant la rupture. Or, il aurait augmenté de 5,5 % si elles étaient restées en couple.
Ces variations s’expliquent en partie par la fin de la mutualisation du logement et de l’équipement, par les nouvelles dépenses liées à la séparation et par les transferts financiers entre les anciens conjoints. La contribution de chaque conjoint au pot commun avant la séparation joue aussi beaucoup. Ainsi, les femmes qui apportaient moins de 40 % des ressources du ménage sont logiquement les plus pénalisées par la séparation. Les études anglo-saxonnes menées sur ce thème, plus nombreuses, pointent également que le divorce désavantage financièrement les mères car elles ont plus souvent la garde des enfants. Cette étude va enfin à l’encontre d’une publication de France Stratégie sur les charges du divorce qui avait fait polémique en juin dernier. Selon l’organisme d’études rattaché à Matignon, le parent qui n’avait pas la garde de l’enfant était le plus pénalisé financièrement
Une pension alimentaire mensuelle de 170 euros en moyenne par enfant, versée dans huit cas sur dix
Deux ans après une décision de divorce, les pensions alimentaires sont payées systématiquement et intégralement dans 8 cas sur 10 (82 %), selon une étude du ministère de la Justice portant sur l’année 2014 et concernant des couples ayant divorcé deux ans plus tôt. Une progression spectaculaire par rapport au dernier chiffre connu mais très ancien sur ce sujet sensible. En 1985, une étude de l’Ined (Institut national d’études démographiques) estimait en effet que seules 60 % des pensions étaient versées régulièrement contre 30 % jamais payées et 10 % versées en partie. Pour arriver à ce nouveau calcul, le ministère de la Justice s’est fondé sur la moyenne des déclarations des parents payeurs et receveurs, 92 % des premiers indiquant que la somme est toujours versée contre 72 % des seconds. En moyenne, la pension alimentaire s’élève à 170 € par mois et par enfant. La décision de fixer cette compensation « est nettement plus fréquente en cas de résidence chez la mère (82 %) qu’en cas de résidence chez le père (31 %) ou de résidence alternée (23 %) », précise l’enquête.
Mode de garde de l’enfant : vers plus d’égalité entre les pères et les mères
L’organisation « une semaine chez papa, une semaine chez maman » séduit de plus en plus de couples séparés avec enfants. Si les juges accordent la résidence unique chez la mère pour les trois quart des enfants, la résidence alternée, ou partagée de manière égale entre les deux parents, a presque doublé depuis son instauration. Elle ne concernait que 12 % des décisions des juges aux affaires familiales en 2003 contre 21 % en 2012. Un arrangement le plus souvent stable. Seuls 10 % des parents divorcés en 2012 ont modifié leur mode de garde en 2014, soit deux ans après le jugement. Et ce, le plus souvent, à la demande de l’enfant. Ces changements se font alors en défaveur de la résidence alternée (jugée trop chaotique pour les jeunes enfants par ses détracteurs), et de la résidence chez la mère. Est-ce la fin du mythe « Kramer contre Kramer » et une évolution vers un divorce plus apaisé ? En 2014, deux ans après la décision du juge, « 83 % de l’ensemble des divorcés sont satisfaits de la résidence de leurs enfants et de ses modalités d’organisation, qu’ils les aient ou non modifiées », souligne enfin l’étude du ministère de la Justice.
Vers l’amour en CDD
Est-ce un effet collatéral de la multiplication des divorces et des séparations ? Vivre plusieurs histoires d’amour successives, en partageant le même toit au cours de sa vie devient plus fréquent, relève l’Insee. Ce défilé des unions touche surtout les plus jeunes. Ainsi, à 35 ans, 22 % des 36-45 ans vivent ou ont déjà vécu deux fois avec un élu de leur cœur. Au même âge, la génération des 56-65 ans étaient deux fois moins nombreux (11 %) à avoir multiplié les cohabitations. Les premières histoires sont devenues plus courtes et 30 % des 26-35 ans ont rompu après cinq ans d’une première vie commune contre 9 % de leurs aînés quinquagénaires et sexagénaires. « Le risque de rupture est le plus fort les quatre première années de la vie de couple », avance même l’Insee.
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