Revue de presse : Article dans Le Figaro du 17/07/2012 : Fahim, le jeune clandestin devenu champion d'échecs
Fahim Mohammad, enfant sans papiers, fils d'immigré clandestin, champion de France pupille en titre, sera le représentant tricolore au futur championnat d'Europe. Cette histoire qui ressemble aujourd'hui à un conte de fées a bien failli finir en cauchemar. Retour sur l'itinéraire d'un enfant qui n'a pas toujours été gâté.
En 2008, son père, Nura, décide de quitter le Bangladesh pour «protéger son fils». Le pays est en proie à une forte agitation politique et le père du champion appartient au clan de l'opposition. Fahim joue déjà aux échecs et fait déjà parler de lui localement. Au Bangladesh et en Inde, le jeu de l'esprit inventé, selon la légende, par le brahmane Sissa il y a 1500 ans, est redevenu populaire depuis que l'Indien Viswanathan Anand est champion du monde. Malgré l'engouement pour le jeu, Nura sait qu'il sera difficile, et peut-être même dangereux, pour son fils, de voir éclore son talent, dans un pays pauvre et politiquement instable. Sa décision est prise, il fuit avec Fahim, direction la France, pays qui au temps des Lumières voyait les meilleurs joueurs du monde se rencontrer au célèbre Café de la Régence, place du Palais-Royal à Paris.
François Fillon intervient pour le jeune champion
Ils sont accueillis par le club de Créteil qui applique à la lettre la devise internationale, latine, des échecs : gens una sumus (en français, «nous ne sommes qu'un»). Un signe de ralliement digne des Quatre Mousquetaires. Fahim sera leur d'Artagnan. Sous la houlette du passionné Xavier Parmentier, un maître d'échecs qui consacre sa vie à l'entraînement des jeunes talents, le club d'échecs de Créteil et ses membres soutiennent et protègent le surdoué. Son père, lui, vit une situation plus périlleuse. À la différence de son fils, il est expulsable et doit donc trouver travail et papiers pour enfin devenir persona grata sur le sol français.
Cet état de semi-clandestinité dure deux longues années. La présidentielle et le titre de champion de France de Fahim vont accélérer les événements. Le débat sur l'immigration va permettre de poser la bonne question. Doit-on, au nom d'un durcissement aveugle des règles de l'immigration, expulser un enfant - et son père - alors que celui-ci est le symbole d'une intégration réussie ?
Le 4 mai 2012, François Fillon est interpellé en direct sur France Inter par une auditrice. Sa question est sans détour «Fahim Mohammad, champion de France pupilles, pourrait ne pas pouvoir représenter la France au championnat d'Europe parce qu'il est ... sans papiers».
Découvrant le problème, Fillon répond avec sa mesure et son intelligence habituelle : «La règle générale est qu'on ne doit pas être en situation irrégulière.» Mais aussitôt, il suggère que la République française comprend aussi les cas particuliers. Le premier ministre de Nicolas Sarkozy poursuit : «Si ce jeune homme est un champion d'échecs, son cas mérite qu'il soit regardé avec la plus grande attention... on va le faire dès aujourd'hui.» Quelques jours plus tard, Nura Mohammad obtient un récépissé de demande de titre de séjour. François Fillon a tenu sa promesse.
Deux mois plus tard, la judicieuse intervention de l'ex-premier ministre est certainement relayée par le nouveau ministre de l'Intérieur Manuel Valls, qui en tant que maire d'Évry avait toujours très fortement soutenu les activités échiquéennes dans sa ville.
Par Bertrand Guyard
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