Revue de presse : Article dans Le Figaro du 21/01/2011 : Le malaise enseignant dépasse les suppressions de postes
Au-delà des revendications mises en avant pour cette première manifestation de l'année, les raisons d'une inquiétude profonde.
L'année 2011 voit samedi son premier mouvement dans le monde enseignant. Les manifestations qui sont prévues dans de nombreux département entendent avant tout alerter l'opinion sur l'impact des nouvelles suppressions de postes, même si de nombreux autres sujets cristallisent également l'inquiétude des professeurs.
16 000 postes supprimés en 2011
C'est le sujet qui focalise l'attention. «Parce que cela fait 45.000 postes en moins en quelques années, argumente Bernadette Groison, secrétaire générale de la FSU, alors que 60 000 élèves supplémentaires arriveront à la rentrée 2011». Pour les enseignants et les parents, cela signifie une nouvelle baisse de la scolarisation des moins de 3 ans, des effectifs en hausse «alors que, précise Bernadette Groison, les publics scolaires ont évolué». Autant, les 16.000 postes de l'an dernier, qui correspondaient aux postes de stagiaires supprimés par la mastérisation, n'avaient pas eu de répercussions dans les classes, autant ceux de 2011 sont attendus avec appréhension. Pourtant, Patrick Gonthier, secrétaire général de l'Unsa-Education, reconnaît qu'il est impossible de prévoir la mobilisation d'aujourd'hui. «La fatigue se fait sentir après le mouvement des retraites, explique-t-il, et la grève voulue par la FSU ne peut plus marcher. Mais la tension est immense sur le terrain». Une tension qui ne s'explique pas seulement par les questions budgétaires.
L'extension du programme Clair
Ce programme s'applique depuis la rentrée à une centaine d'établissements. Issu des États généraux de la sécurité à l'école, il repose sur une plus grande autonomie des établissements, à travers notamment la possibilité accordée aux chefs d'établissements de choisir leurs équipes. Le programme devait être évalué en juin, pour un éventuel développement. Mais le 12 janvier, le ministère annonçait qu'il serait élargi aux écoles primaires du secteur de ces établissements, et étendu aux établissements Réseau ambition réussite. Les syndicats, de droite comme de gauche, y voient une attaque contre le statut des enseignants. D'autant qu'ils ont bien remarqué dans les propos de Christian Jacob que l'école ne faisait pas partie des «missions régaliennes» auxquelles serait limité le statut de fonctionnaire.
La formation en question
Pour nombre de syndicats, la remarque de Nicolas Sarkozy lors de ses vœux au monde de la connaissance entérine l'idée que la mastérisation pose, en l'état, de nombreux problèmes. «Les établissements ont été désorganisés par l'arrivée de stagiaires qui doivent partir en formation, à qui il faut trouver des remplaçants», explique Claire Mazeron, vice-présidente du Snalc, habituellement classé à droite. Et si le président a annoncé la poursuite de la réflexion sur la formation, les enseignants ont l'impression de naviguer à vue. «Ils craignent de n'avoir plus que des formations locales, sans ouverture sur le monde universitaire», résume Patrick Gonthier. Ils sont surtout submergés par un nombre d'heures trop important pour des débutants qui doivent créer de toutes pièces leurs cours et trouver les méthodes les plus adaptées.
Le développement des missions
Remplir les livrets de compétences et leurs centaines d'items pour le brevet, accompagner les élèves dans le cadre du «soutien personnalisé», participer à l'orientation… : les missions des enseignants ont évolué et tendent à se multiplier. «Et tout cela avec toujours moins d'heures consacrées à l'enseignement des savoirs disciplinaires, regrette Claire Mazeron. Le système commence à virer à la garderie et les professeurs ne savent plus pourquoi ils font ce métier. On nous demande toujours plus, sans objectif ni valorisant ni efficace». Est-ce pour cela que le nombre de candidats aux concours a chuté, au point que tous les postes ne seront sans doute pas attribués ? Les professeurs ne seront peut-être pas très nombreux ce samedi à battre le pavé, mais le malaise est pourtant palpable.
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