Revue de presse : Article dans Le Figaro du 21/01/2013 : Coup de froid entre Vincent Peillon et les enseignants
La grève parisienne massive de ce mardi contre les rythmes scolaires pourrait s'étendre dans le reste de la France.
La lune de miel est bel et bien terminée entre Vincent Peillon et les syndicats d'enseignants. Encensé pendant ses premiers mois d'exercice en raison de son esprit de «concertation» et de ses qualités «d'écoute», ce dernier avait dans les mains un atout maître, avec la promesse d'embauche de milliers de professeurs. Mis à l'épreuve de la réalité, le ministre, qui affronte sa première grève aujourd'hui, affiche un peu moins de sérénité, même s'il tente de faire bonne figure : «Je ne me sens pas isolé, car je me souviens de toutes les organisations syndicales signataires de l'appel de Bobigny qui étaient d'accord pour repasser à la semaine de 4,5 jours. Bien sûr, je connais le décalage qui existe parfois au moment de passer à l'acte», déclare Vincent Peillon.
Son ancien conseiller, Bruno Julliard, lui, est nettement plus bavard. Dans les colonnes de L'Express, l'ancien syndicaliste de l'Unef, à la manœuvre pendant les manifestations anti-CPE de 2006, ne cache pas son désappointement, «frappé par le conservatisme et le corporatisme des principaux syndicats enseignants». L'intérêt des élèves n'était pas prioritaire lors du débat organisé au Conseil supérieur de l'éducation sur les rythmes scolaires, reconnaît-il, dénonçant les jeux corporatistes. À l'épreuve de la réalité, toujours… «Peillon porte des idées fortes et généreuses pour l'éducation, mais j'ai parfois l'impression qu'il a du mal à troquer son costume de philosophe pour celui de ministre», estime de son côté Christian Chevalier, à l'Unsa, qui exige depuis de nombreux mois un «agenda social, comme c'est le cas dans les autres ministères».
Coûts de garde supplémentaires
Comble du paradoxe, l'épreuve de la grève survient à Paris, ville dont le maire socialiste est logiquement tout acquis à la réforme ministérielle. Ce dernier affirmait encore lundi au Figaro qu'il soutenait «pleinement» le retour à la semaine de quatre jours et demi dans sa circonscription. Dès la rentrée 2013, les écoliers parisiens devraient aller à l'école le mercredi matin. En compensation, leur temps «scolaire» sera tous les jours raccourci - les cours finiront à 15h45 en moyenne - et les activités périscolaires, prises en charge par la mairie, seront allongées.
Cette offre périscolaire «va coûter cher à la ville», mais c'est une «chance» pour les écoliers, assure Bertrand Delanoe. Reste que le taux d'intention de grève prévu mardi chez les enseignants parisiens est proche de 85%. Cette grève massive traduit les inquiétudes de l'ensemble de la France vis-à-vis d'une réforme des rythmes qui n'aurait pas les moyens de ses ambitions et pourrait faire tâche d'huile. Certes, la situation des professeurs parisiens reste spécifique. Ceux-ci entendent préserver leurs acquis, notamment le fait d'être déchargés de trois heures par les professeurs de la Ville de Paris qui assurent des enseignements en arts plastiques, musique et sport.
En revanche, un argument fait mouche partout en France : pour les enseignants qui ont des enfants, la classe le mercredi matin représente des coûts de garde supplémentaires, sans revalorisation financière… La «revalo», le mot est lâché et, pour l'instant, il n'en est pas question. Embaucher des enseignants, soit ; les augmenter, c'est une autre affaire. Le ministre de l'Éducation nationale balaie d'un revers de main cette demande. Il s'agirait même, selon lui, d'un «problème de vocabulaire». «Je ne demande pas plus de travail aux enseignants», assure-t-il - ce qui est vrai sans l'être, puisque ces derniers devront venir travailler un jour de plus. Diplomate, Vincent Peillon affirme toutefois sans plus de précision que des «discussions catégorielles» pourront avoir lieu pendant le temps du quinquennat.
Reste que même si les syndicats du primaire soutiennent nationalement toujours la réforme, l'unanimité n'est plus de mise, car leur «base» s'agite. Si l'heure n'est pas encore à la grève nationale, une «journée d'action» est prévue par le Snuipp le 23 janvier.
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