Revue de presse : Article dans Le Messager du 06/05/2010 : Chablais - L'accueil périscolaire dans les écoles publiques payant en 2010
Lors du conseil municipal du 24 mars dernier, la mairie accordait la DSP (Délagation du Service Public) à l'Ifac. De ce vote découlent plusieurs conséquences, dont la 1ère est l'augmentation du prix de l'accueil périscolaire dans les écoles primaires publiques de Thonon.
C'est Serge Meunier qui a donné l'alerte. Délégué départemental de l'Education Nationale (DDEN), il est en charge de veiller à ce que l'école publique reste fidèle aux principes de la République, et c'est dans le cadre de cette mission qu'il a présenté ses inquiétudes quant à la situation thononaise : "Nous avons effectué des calculs à partir d'une situation type. Soit une feuille qui souhaite scolariser son enfant dans une école privée et dans une école publique de la ville, distantes de seulement quelques dizaines de mètres. Et il se trouve que scolariser son enfant dans l'école publique coûtera plus cher à cette famille que de le faire dans le privé. C'est totalement aberrant et invraisemblable, et c'est contre cet état de fait que je proteste." Serge Meunier assure qu'il est "neutre", dans cette affaire, et que ces calculs ont été réalisés avec le plus grand sérieux et la plus grande justesse.
Des tarifs quasiment équivalents
De notre côté, nous avons également procédé à quelques opérations simples. En tenant compte des quotients familiaux (que nous avons calculés sur le site de la Caf) et des tarifs présentés dans les documents de l'ECT (enseignement catholique thononais) et de l'Ifac, nous avons déterminé le prix qu'aurait à payer un ménage marié souhaitant inscrire son unique enfant dans une école. Et il se trouve que sans dépasser les tarifs pratiqués dans les écoles privées, ceux du public combleraient nettement leur retard, et les égaleraient presque. Si l'on peut parfois faire dire ce que l'on veut aux chiffres, il est néanmoins difficile de les faire mentir.
C'est à partir de ce postulat que nous avons sondé différents parents d'élèves. A Jules-Ferry, Dorothée estime qu'il est "normal de faire payer des activités supplémentaires aux parents. Prenons l'exemple de la danse : si mon enfant en fait après l'école, c'est logique que je paie pour ça, parce-que dans une école de danse je paierais aussi." Par extension, une garderie extérieure coûterait certainement aux parents autant que celle de l'école. "Après, il y aura toujours des parents qui réclameront que l'école et tout ce qui s'y attache soit gratuit poursuit Dorothée, mais ce ne sera peut-être pas toujours possible".
"Le périscolaire est une 2ème école"
Didier Chartres, le directeur de l'école des Arts, estime lui aussi que la privatisation de cet encadrement est une bonne chose, mais pour des raisons différentes : "S'occuper des enfants avant et après l'école, c'est un énorme boulot qui demande une organisation considérable. A l'école des Arts, nous en avons pratiquement 100 chaque jour, c'est ce que j'appelle la 2ème école. Alors je pense qu'effectivement, c'est une bonne chose de déléguer la gestion du périscolaire."
Une opinion partagée par Serge Meunier, qui rappelle qu'il n'est pas "ostensiblement opposé à la DSP", et poursuit en expliquant que "jusqu'à présent, cet encadrement était géré de façon artisanale par la Ville. C'était une garderie agrémentée de diverses activités. Si les gens de l'Ifac sont des professionnels, alors pas de problèmes. Ce à quoi je suis opposé, c'est leur politique tarifaire."
Un débat qui n'intéresse pas le privé
Du côté du privé, ce débat n'intéresse pas vraiment les parents. Joëlle, qui scolarise plusieurs de ses enfants au Sacré-Coeur, juge que "bien souvent, le choix de mettre ses enfants dans le privé relève d'une conviction, ou, dans mon cas, de pragmatisme. J'ai plusieurs enfants scolarisés à plusieurs niveaux, et les inscrire tous ici me permet de limiter mes déplacements en ville."
Si l'augmentation des tarifs se confirme, bientôt seuls ces derniers critères permettront aux parents de déterminer où ils souhaitent (peuvent ?) inscrire leurs enfants.
Jean Denais, est-ce qu'inscrire ses enfants dans une école publique de Thonon sera plus cher en 2010 qu'en 2009 ?
"Nous ne raisonnons pas comme cela à la mairie. Nous avons un projet sur plusieurs années."
Est-ce que scolarises ses enfants dans le public sera aussi onéreux que le faire dans le privé ?
"Il faut comparer ce qui est comparable. Dans les 2 situations, nous n'avons pas à faire face aux mêmes types de garderies, de personnels et d'actions. Il faut différencier les contenus."
En votant cette délégation à l'Ifac, la mairie va tout de même faire augmenter le coût de l'école publique...
"Pour les parents qui laisseront leurs enfants à l'école de 8h30 à 16h30 sans cantine, ce sera toujours 0 euro. Mais vous avez fait vos calculs, nous aussi."
Que donnent vos calculs ?
"Le prix de l'accueil périscolaire va augmenter, mais dans très peu de cas il sera plus cher dans le public que dans le privé. Par exemple, pour une famille dont le quotient familial est supérieur à 1800, laisser l'enfant à la garderie le matin, le midi et le soir coûtera 141,69 euros contre 147 euros dans le privé. Et puis la plupart des parents laissent leurs enfants le matin ou le soir, mais pas les 2.
En outre, il y a une nuance qu'il est impératif de prendre en compte, c'est la commune où vivent les enfants."
Les Thononais paieront donc moins que les non-Thononais ?
"Exactement. Dans le privé, il n'y a pas de différence à ce niveau-là, tous les parents paient le même tarif. Ce qui est assez curieux, puisque nous versons aux établissements privés une somme pour chaque enfant qui s'y trouve et qui vit à Thonon.
Dans le public, ceux qui sentiront la plus grosse différence seront ceux qui inscrivent leurs enfants à Thonon mais qui n'y vivent pas. Et c'est normal puisqu'ils ne paient pas leurs impôts à Thonon."
Privatiser le périscolaire est-il obligatoire ?
"Nous déléguons parce que nous n'arrivons pas à trouver de personnel pour assurer cette mission. Qui plus est, nous mettons cette politique en place pour aider les familles et les enfants. On souhaite professionnaliser cet encadrement."
Ce n'est pas le rôle de l'Education Nationale ?
'L'Education Nationale participe essentiellement au financement des enseignants, pas à celui des élèves.
De notre côté, nous avons fait un effort sur la rentrée 2009 : l'investissement de la commune sur un élève de Thonon était de 1194 euros, alors qu'en 2008 il était de 1071 euros."
Et en 2010 ?
"Nous verrons à la rentrée."
La DSP, qu'est-ce que c'est ?
La DSP, qui signifie délégation du service public, est, entre autres, l'attribution par la Ville de l'encadrement périscolaire dans les écoles maternelles et élémentaires publiques de Thonon à un partenaire spécialisé, à savoir l'Institut de formation, d'animation et de conseil (Ifac).
D'après le contrat passé entre l'Ifac et la mairie, cet encadrement à l'école comprend :
- l'accueil des enfants le matin, de 7h30 à 8h30
- la surveillance de la pause méridienne, pendant le repas et pendant les récréations qui précèdent et suivent
- l'accueil des enfants le soir, de 16h30 à 18h30 (jusqu'à 17h45 ou 18h00 pour les élèves participant à l'étude).
L'Ifac assurera en outre le service minimum d'accueil les jours de grève.
Jusqu'à la fin de cette année, ce seront les services municipaux qui se chargeront de cet encadrement, mais à partir de la rentrée 2010, il sera confié à l'Ifac.
Dossier réalisé par Jean-Baptiste Serron
Ce document est publié à des fins informatives. Toute utilisation autre que celle initialement prévue ne saurait mettre en jeu la responsabilité du webmaster.
C'est Serge Meunier qui a donné l'alerte. Délégué départemental de l'Education Nationale (DDEN), il est en charge de veiller à ce que l'école publique reste fidèle aux principes de la République, et c'est dans le cadre de cette mission qu'il a présenté ses inquiétudes quant à la situation thononaise : "Nous avons effectué des calculs à partir d'une situation type. Soit une feuille qui souhaite scolariser son enfant dans une école privée et dans une école publique de la ville, distantes de seulement quelques dizaines de mètres. Et il se trouve que scolariser son enfant dans l'école publique coûtera plus cher à cette famille que de le faire dans le privé. C'est totalement aberrant et invraisemblable, et c'est contre cet état de fait que je proteste." Serge Meunier assure qu'il est "neutre", dans cette affaire, et que ces calculs ont été réalisés avec le plus grand sérieux et la plus grande justesse.
Des tarifs quasiment équivalents
De notre côté, nous avons également procédé à quelques opérations simples. En tenant compte des quotients familiaux (que nous avons calculés sur le site de la Caf) et des tarifs présentés dans les documents de l'ECT (enseignement catholique thononais) et de l'Ifac, nous avons déterminé le prix qu'aurait à payer un ménage marié souhaitant inscrire son unique enfant dans une école. Et il se trouve que sans dépasser les tarifs pratiqués dans les écoles privées, ceux du public combleraient nettement leur retard, et les égaleraient presque. Si l'on peut parfois faire dire ce que l'on veut aux chiffres, il est néanmoins difficile de les faire mentir.
C'est à partir de ce postulat que nous avons sondé différents parents d'élèves. A Jules-Ferry, Dorothée estime qu'il est "normal de faire payer des activités supplémentaires aux parents. Prenons l'exemple de la danse : si mon enfant en fait après l'école, c'est logique que je paie pour ça, parce-que dans une école de danse je paierais aussi." Par extension, une garderie extérieure coûterait certainement aux parents autant que celle de l'école. "Après, il y aura toujours des parents qui réclameront que l'école et tout ce qui s'y attache soit gratuit poursuit Dorothée, mais ce ne sera peut-être pas toujours possible".
"Le périscolaire est une 2ème école"
Didier Chartres, le directeur de l'école des Arts, estime lui aussi que la privatisation de cet encadrement est une bonne chose, mais pour des raisons différentes : "S'occuper des enfants avant et après l'école, c'est un énorme boulot qui demande une organisation considérable. A l'école des Arts, nous en avons pratiquement 100 chaque jour, c'est ce que j'appelle la 2ème école. Alors je pense qu'effectivement, c'est une bonne chose de déléguer la gestion du périscolaire."
Une opinion partagée par Serge Meunier, qui rappelle qu'il n'est pas "ostensiblement opposé à la DSP", et poursuit en expliquant que "jusqu'à présent, cet encadrement était géré de façon artisanale par la Ville. C'était une garderie agrémentée de diverses activités. Si les gens de l'Ifac sont des professionnels, alors pas de problèmes. Ce à quoi je suis opposé, c'est leur politique tarifaire."
Un débat qui n'intéresse pas le privé
Du côté du privé, ce débat n'intéresse pas vraiment les parents. Joëlle, qui scolarise plusieurs de ses enfants au Sacré-Coeur, juge que "bien souvent, le choix de mettre ses enfants dans le privé relève d'une conviction, ou, dans mon cas, de pragmatisme. J'ai plusieurs enfants scolarisés à plusieurs niveaux, et les inscrire tous ici me permet de limiter mes déplacements en ville."
Si l'augmentation des tarifs se confirme, bientôt seuls ces derniers critères permettront aux parents de déterminer où ils souhaitent (peuvent ?) inscrire leurs enfants.
Jean Denais, est-ce qu'inscrire ses enfants dans une école publique de Thonon sera plus cher en 2010 qu'en 2009 ?
"Nous ne raisonnons pas comme cela à la mairie. Nous avons un projet sur plusieurs années."
Est-ce que scolarises ses enfants dans le public sera aussi onéreux que le faire dans le privé ?
"Il faut comparer ce qui est comparable. Dans les 2 situations, nous n'avons pas à faire face aux mêmes types de garderies, de personnels et d'actions. Il faut différencier les contenus."
En votant cette délégation à l'Ifac, la mairie va tout de même faire augmenter le coût de l'école publique...
"Pour les parents qui laisseront leurs enfants à l'école de 8h30 à 16h30 sans cantine, ce sera toujours 0 euro. Mais vous avez fait vos calculs, nous aussi."
Que donnent vos calculs ?
"Le prix de l'accueil périscolaire va augmenter, mais dans très peu de cas il sera plus cher dans le public que dans le privé. Par exemple, pour une famille dont le quotient familial est supérieur à 1800, laisser l'enfant à la garderie le matin, le midi et le soir coûtera 141,69 euros contre 147 euros dans le privé. Et puis la plupart des parents laissent leurs enfants le matin ou le soir, mais pas les 2.
En outre, il y a une nuance qu'il est impératif de prendre en compte, c'est la commune où vivent les enfants."
Les Thononais paieront donc moins que les non-Thononais ?
"Exactement. Dans le privé, il n'y a pas de différence à ce niveau-là, tous les parents paient le même tarif. Ce qui est assez curieux, puisque nous versons aux établissements privés une somme pour chaque enfant qui s'y trouve et qui vit à Thonon.
Dans le public, ceux qui sentiront la plus grosse différence seront ceux qui inscrivent leurs enfants à Thonon mais qui n'y vivent pas. Et c'est normal puisqu'ils ne paient pas leurs impôts à Thonon."
Privatiser le périscolaire est-il obligatoire ?
"Nous déléguons parce que nous n'arrivons pas à trouver de personnel pour assurer cette mission. Qui plus est, nous mettons cette politique en place pour aider les familles et les enfants. On souhaite professionnaliser cet encadrement."
Ce n'est pas le rôle de l'Education Nationale ?
'L'Education Nationale participe essentiellement au financement des enseignants, pas à celui des élèves.
De notre côté, nous avons fait un effort sur la rentrée 2009 : l'investissement de la commune sur un élève de Thonon était de 1194 euros, alors qu'en 2008 il était de 1071 euros."
Et en 2010 ?
"Nous verrons à la rentrée."
La DSP, qu'est-ce que c'est ?
La DSP, qui signifie délégation du service public, est, entre autres, l'attribution par la Ville de l'encadrement périscolaire dans les écoles maternelles et élémentaires publiques de Thonon à un partenaire spécialisé, à savoir l'Institut de formation, d'animation et de conseil (Ifac).
D'après le contrat passé entre l'Ifac et la mairie, cet encadrement à l'école comprend :
- l'accueil des enfants le matin, de 7h30 à 8h30
- la surveillance de la pause méridienne, pendant le repas et pendant les récréations qui précèdent et suivent
- l'accueil des enfants le soir, de 16h30 à 18h30 (jusqu'à 17h45 ou 18h00 pour les élèves participant à l'étude).
L'Ifac assurera en outre le service minimum d'accueil les jours de grève.
Jusqu'à la fin de cette année, ce seront les services municipaux qui se chargeront de cet encadrement, mais à partir de la rentrée 2010, il sera confié à l'Ifac.
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Ce document est publié à des fins informatives. Toute utilisation autre que celle initialement prévue ne saurait mettre en jeu la responsabilité du webmaster.
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