ALPE74140

ALPE74140

Revue de presse : Article dans Le Messager du 19/01/2012 : Chablais - Les salles de classe débordent

La surpopulation scolaire est une conséquence de la poussée démographique.


Avec deux habitants de plus au km² chaque année, la Haute-Savoie connaît une croissance démographique rapide, due à un fort excédent des naissances sur les décès, mais aussi à un solde migratoire élevé.

 

La densification observée est d'ailleurs plus élevée à proximité de la Suisse, ce dont profite naturellement le Chablais.

 

Mais ce phénomène ne va pas sans conséquences, notamment sur le plan scolaire : les effectifs globaux sont eux aussi en progression constante, et certaines écoles, aux classes déjà souvent bien chargées, peinent désormais à accueillir les nouveaux élèves. Au point qu'à la rentrée prochaine l'académie de Grenoble entend affecter vingt-sept enseignants de plus à la Haute-Savoie, alors qu'elle supprime des postes partout ailleurs.

Le cas symptomatique de Thonon
Comptant à elle seule le quart de la population chablaisienne, la ville de Thonon est ainsi confrontée à des arrivées de population particulièrement importantes : un millier d'habitants en plus chacune des deux dernières années. A ce rythme la situation va devenir difficile dans les classes, surtout en maternelle et cours élémentaire.


« Nous sommes confrontés à un phénomène nouveau, lié à ces importants flux migratoires sur la commune », reconnaît le maire, Jean Denais. En effet, ces enfants à scolariser ont souvent pour parents des personnes qui ne sont pas originaires de la région mais s'installent dans la ville-centre pour sa proximité avec Genève. « C'est problématique, car ces arrivées sont également nombreuses en cours d'année, ce qui fausse toutes nos prévisions. » Avec pour conséquence des problèmes logistiques très concrets, notamment dans les classes des plus jeunes : « En petite section de maternelle, entend-on sur le terrain, comment voulez-vous faire faire la sieste aux petits quand vous avez deux fois plus d'enfants que de lits ? » Il faut donc faire avec les moyens à disposition, sachant heureusement que la Ville a pris la précaution d'anticiper tant que possible ces évolutions. «  Quand nous avons rénové les écoles de Létroz, des Charmilles et de Vongy, explique le maire, nous en avons profité pour créer de nouvelles salles en prévision de classes supplémentaires - sous réserve que l'Etat mette en place des enseignants. » Mais cela suffira-t-il à absorber l'afflux plus important de ces dernières années, et surtout de celles à venir ?

Un nouveau groupe scolaire à l'étude
C'est pour répondre à cette question que dans le cadre de son budget pour 2012, Thonon a lancé une étude de prospective sur l'évolution des besoins en matière scolaire sur la commune, quartier par quartier. Les conclusions seront rendues au printemps, mais les grandes lignes sont déjà connues, et ainsi le maire évoque l'opportunité de construire un nouveau groupe scolaire à Thonon. « Resterait alors à déterminer le lieu le plus adapté. »

 

Indépendamment de l'étude, la Ville planche aussi sur des agrandissements d'écoles sur le court terme, et a déjà acté par exemple la construction d'une nouvelle maternelle à la place de celle, désormais inadaptée, du Châtelard... Mais il paraît évident que ces programmes devront être revus et ajustés en permanence, pour répondre tant que possible aux défis d'un mouvement démographique qui ne semble pas vouloir s'arrêter.

YVAN STRELZYK

 

L'AUGMENTATION EST GLOBALE MAIS AVEC DES DISPARITES GEOGRAPHIQUES

Si une ville-centre comme Thonon a connu huit ouvertures de classe en deux ans, conséquence directe de sa poussée démographique, cette croissance est encore inégale dans le Chablais, selon l'Observatoire départemental de la Haute-Savoie : entre 1999 et 2006, l'augmentation de la densité de population a été plus forte dans les communes du "bas" (entre +1 et + 5 %), et plus particulièrement pour la frange littorale Anthy-Neuvecelle et les communes de la presqu'île tournées vers Genève (5 % et plus). Pour les vallées en revanche, la progression est restée en moyenne inférieure à 1 %.


Cela peut expliquer que, sur le plan scolaire, le Conseil départemental de l'Education nationale ait pu annoncer au printemps dernier des fermetures de classes pour la rentrée de septembre 2011, mais en partie seulement : il semble qu'il n'y ait pas toujours adéquation entre densité démographique et population scolaire, ces fermetures concernant Cervens, Châtel, Montriond et Vinzier (Boëge et La Vernaz étant alors sur la sellette), mais aussi Chens, pourtant en zone de forte progression. De même, si certaines communes constataient la hausse de leurs effectifs scolaires (Bogève, Draillant, Le Lyaud, Marin), encore que sans gagner de classe, d'autres évitaient une fermeture mais voyaient leurs chiffres baisser (Bons, Bellevaux, Bernex, Chevênoz, Féternes, Habère-Lullin/Habère-Poche, La Forclaz, Lugrin, Messery, Morzine et même l'école des Hauts-d'Evian).

Pas plus facile à gérer dans le privé

Du côté de l'enseignement privé, la situation est tout aussi difficile à gérer. Directrice de l'école Jeanne-d'Arc, Claire Robert voit les demandes affluer de façon bien plus importante depuis trois ans : « Sans doute à cause de l'attrait de la Suisse ? Nous sommes passés de 397 à 410 élèves, et sans doute 420 en septembre. D'ailleurs, nous organisons des portes ouvertes à la fin du mois... et je n'ai déjà plus de place en maternelle ! » En conséquence de quoi les effectifs sont « très chargés », à raison de trente à trente et un enfants par classe en maternelle, et vingt-huit ou vingt-neuf en élémentaire. « Et c'est la même chose pour tous les établissements de l'Enseignement catholique de Thonon » (ECT).


Aux niveaux suivants, en collège et lycée, l'établissement Saint-Joseph observe une certaine pression tant en 6e qu'en 2de en vue de la rentrée prochaine. « Pour la 6e, nous sommes déjà passés en liste d'attente, annonce lui aussi le directeur, Laurent Pichot. Mais c'est pour nous un phénomène habituel. Ce qui l'est moins, c'est que là où d'habitude les inscriptions sont prises sur deux mois, cette fois tout était plein en deux jours et demi ! » Quant au niveau de seconde, le lycée a anticipé en demandant l'ouverture d'une septième classe en septembre 2012, pour créer « une bouffée d'oxygène, car nous avons senti la pression l'an dernier : faute de place chez nous des personnes ont dû aller s'inscrire ailleurs par défaut. » Le directeur rappelle aussi que « les classes sont pleines », et qu'il n'a pas de marge pour accueillir d'éventuels nouveaux élèves en cours d'année.

La question se pose aussi pour le secondaire

A Thonon, la pression démographique se fait sentir également dans le secondaire, avec des variations selon les niveaux observés.

 

Au collège Jean-Jacques-Rousseau, les effectifs sont à peu près stables cette année, les départs équilibrant les arrivées. « Nous avons 705 élèves aujourd'hui, dénombre le principal, Thierry Merveille, mais d'après les prévisions de l'inspecteur d'académie ils devraient être un peu plus nombreux à la rentrée de septembre, soit 721. » Pas de situation alarmante pour le moment, donc, même si «  les effectifs importants constatés en primaire devraient arriver chez nous dans deux ou trois ans. » Il faudra s'y préparer.

 

Quant à sa capacité, le collège a encore la marge suffisante pour absorber de nouveaux éléments en cours d'année, sauf en niveau de 4e : «  Toutes les classes sont pleines, à vingt-huit ou vingt-neuf élèves, si bien qu'en cas de nouvelle arrivée nous redirigeons les enfants vers d'autres établissements », explique le principal. Autant de classes chargées qui se déporteront logiquement au niveau 3e l'an prochain, avant de passer au lycée.

Pousser les murs
Au lycée de la Versoie, justement, l'augmentation des effectifs est régulière. Courbe à la main, le proviseur, Marianne Chapelle-Le Guern, explique que « depuis 1997 c'est en constante augmentation : en 2000, il y avait 1 275 élèves ; depuis la rentrée de septembre 2011, ils sont 1 596. » Cela n'est pas sans poser quelques problèmes de place au quotidien : le self a été agrandi l'année dernière, mais c'est du côté des salles qu'il faut maintenant pousser les murs. « Avec quarante-huit classes, il faut trouver des solutions, explique le proviseur. Nous avons donc coupé une grande salle de contrôle pour en faire trois salles de classe. »

 

D'après Mme Chapelle- Le Guern, si les effectifs continuent à grimper, de sérieux problèmes pourraient voir le jour. « Les élèves manquent déjà d'espaces de vie, même constat pour les salles de sport. »

 

Consciente de la situation, la région Rhône-Alpes a décidé, à l'automne dernier, de lancer une étude en vue de la création d'un nouveau lycée dans le nord du département. Annemasse et Douvaine sont sur les rangs. Il y a urgence : « Le temps de l'étude, du projet et des travaux, le troisième lycée public chablaisien ne sera pas opérationnel avant sept ans », prévient le chef d'établissement de la Versoie.

E.R. et Y.S.



07/02/2012
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 103 autres membres