Revue de presse : Article dans Le Monde du 01/10/2013 : Il est inadmissible d'imposer une réforme de ce type aux collectivités locales
Nous sommes une délégation, sans étiquette politique, qui représente enfants, parents et enseignants d'une partie des écoles de la ville de Ris-orangis. Après un mois de mise en place de cette réforme, nous déplorons plusieurs dysfonctionnements.
En terme de sécurité, un nombre d'intervenants et d'animateurs insuffisant et qui ne possèdent pas systématiquement les projets d'accueil individualisé (PAI) (cinq enfants blessés, deux interventions pompiers, une hospitalisation), des autorisations de sortie mal vérifiées à la fin des activités pédagogiques complémentaires (APC) (enfants retrouvés seuls sur la voie publique, mains courantes de déposées), des portails ouverts trop tôt à la fin des Temps d'activité périscolaires (TAP), aucun contrôle effectué sur l'identité des personnes qui récupèrent les enfants aux heures de sortie.
En terme de qualité, des horaires de fin d'écoles irréguliers (provoquant déstabilisation, nervosité et grosse fatigue chez les enfants et le corps enseignant), des activités périscolaires dont le contenu est contestable (ex : scoubidou pour les 3/4ans, avions en papiers pour les 7/8, chanter au clair de la lune pour les 8/9), une augmentation de 100 % des centres aérés.
En terme d'informations auprès des parents, des déplacements non sécurisés de groupes d'enfants hors des écoles sans autorisation préalable des parents (centre équestre, voile) et sans certificat de natation par exemple (voile), pas d'affichage comportant les noms, qualifications, et projets pédagogiques des intervenants et du coordinateur, des enfants déjeunant le mercredi dans leur établissement scolaire (au lieu du centre aéré) à l'insu des parents.
Nous n'avons jamais été opposés à la réforme, ni réfractaire au changement. En mars 2013, nous avons demandé son report en 2014, auprès de notre maire M. Raffalli. Celui n'a pas donné suite à notre requête mais s'est engagé à ne pas appliquer la réforme dans le cas où la municipalité ne serait pas prête. Dès lors, nous nous sommes tout de même fortement impliqués dans l'élaboration de la mise place de cette réforme, pour qu'elle soit une vraie opportunité pour nos enfants. La mairie n'a encore une fois pas tenu compte de nos propos, depuis la rentrée et face à notre constat nous avons multiplié les actions d'alerte (rendez-vous avec la municipalité, opération gilet jaune, intervention auprès du conseil municipal...).
REVENIR AUX FONDAMENTAUX DE L'EDUCATION
Il nous parait essentiel de revenir sur les deux piliers fondamentaux du projet de l'éducation nationale. En premier lieu, le changement de rythme scolaire des enfants, qui doit améliorer leurs capacités d'écoute et d'attention sur les temps d'enseignement. En second lieu, l'accès à des activités sportives, culturelles, manuelles pour les enfants de toutes catégories socio-culturelles.
Il apparait avec certitude que ces deux éléments doivent être l'objectif de tous et par conséquent le clivage politique gauche-droite n'y a pas sa place. La municipalité de Ris-Orangis a choisi la gratuité des TAP pour défendre l'égalité à l'école. Elle a fait appel à son important réseau associatif pour apporter à ce temps périscolaire "une forte valeur ajoutée". L'intérêt des enfants est commun à tous. Mais l'envie et la réelle volonté d'établir un tel projet ne suffit malheureusement pas. Nous pensons que notre commune ne possède pas les moyens financiers, matériels, temporels et humains pour mettre en place ses ambitions.
Le problème est pour nous clairement énoncé : un ministère qui impose une réforme (ayant pour référence uniquement le papier) aux collectivités locales. Un décret concernant rien de moins que la vies de nos enfants peut-il être simplement déposé dans les boîtes aux lettres des maires de France ? Comment mener une réforme sans donner les moyens organisationnels et logistiques de la réaliser avec facilité, professionnalisme, et égalité ? En tout état de cause l'aide financière apportée est nettement insuffisante (des communes font payer le temps périscolaire aux parents !) et les ressources humaines qualifiées sont dangereusement peu nombreuses.
Un cahier des charges est-il prévu afin d'évaluer positivement ou négativement l'effet de la réforme des rythmes scolaires sur les enfants ? Des critères d'évaluation quantitatifs et qualitatifs ont-ils été établis pour l'école maternelle indifféremment de l'école élémentaire ? Qui sont les acteurs du suivi ? Quels sont les points d'arrêt que le ministère de l'éducation nationale s'est fixé pour alerter l'Etat sur son incapacité à appliquer la réforme ? Face à ce constat et à ces questions, comment s'annonce la rentrée des écoliers sur la France entière ?
Par Magali Martinelli (Représentante de l'école maternelle Ordener et membre du comité de pilotage de la réforme à Ris-Orangis)
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