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L'élection des représentants de parents d'élèves qui vient de se dérouler dans les établissements scolaires a perdu de sa superbe. Ce qu'on voyait d'une communauté éducative prendre corps et renaître chaque année devient une formalité sans relief. Quand les élèves en difficultés scolaires continuent de noircir nos statistiques, quand les rythmes de l'enfant sont en débat, quand la formation est en péril, quand le projet est trop étriqué, le ronron cyclique d'une participation de façade ne satisfait personne.

Une communauté éducative parents-enseignants sans réalité ou sans vigueur répond-elle à l'urgence des enjeux ? Peut-on parler d'une "société de la connaissance" quand cette même "société", qui serait faite de tous ceux qui l'animent, ne se met que trop peu "en société" ?

Au-delà des blocages structurels où l'entre-soi est encore de mise, c'est surtout la capacité de mettre en mouvement positivement une société et ses acteurs qui est en cause. On tourne en boucle depuis des décennies autour d'un système trop verrouillé. Pour construire l'école du XXI^e siècle, élargissons le cercle. La refondation passe par une société civile éducative, communauté éducative élargie, qui saura dépasser les rigidités systémiques.

Le dialogue des co-éducateurs que sont les parents et les enseignants se résout facilement pour qui veut prendre des initiatives utiles : salle des parents, ateliers partagés, éducation collaborative, aides à la parentalité, sont des solutions éprouvées qui favorisent le partage d'une culture commune, font converger les objectifs éducatifs et donnent vie à cette communauté éducative.

Mais c'est vers un partenariat de co-acteurs engagés par des ambitions éducatives partagées qu'il faut aller.

A l'idée obsolète d'une "communauté éducative" plus ou moins fictive, préférons une nouvelle société civile éducative : agir sur celle que les parents forment avec les enseignants mais construire aussi avec l'ensemble des acteurs de l'éducation et de la culture, du tissu associatif et des mondes professionnels. Faire mieux et plus fort et répondre aux urgences éducatives, culturelles, sociales et économiques de nos quartiers.

DES COMPÉTENCES "DE SOCIÉTÉ" AVEC DES PARTENAIRES "EN SOCIÉTÉ"

Mettre l'éducation au cœur du progrès, créer une dynamique collaborative plus large, ouvrir les échanges en même temps que les fenêtres, faire respirer l'école, constituent autant d'actes fondateurs d'une rénovation. Nous avons tous déjà fait l'expérience de la rencontre et de ce qu'elle apporte de créatif ; celle, imprévue, qui s'opère entre des gens de tous horizons sociaux, culturels ou professionnels, celle qui relie des méthodes ou des modes de fonctionnement différents. Un fort potentiel de changement existe quand on sait partager et réunir au sein d'une démocratie active où l'Autre est une chance ; des femmes et des hommes réunies pour un nouveau socle commun.

Car nous avons conscience d'un autre constat : les savoirs ne peuvent être déconnectés sans risquer une crise de la culture scolaire. On la sent parfois percer, dans l'ennui des élèves, par exemple. 64 % des élèves ne comprennent pas ce qu'on leur demande à l'école. On parle de perte de sens de leurs apprentissages.

Se centrer de façon trop monolithique sur le lire, écrire, compter et avoir une lecture restrictive des fondamentaux ne fera qu'isoler l'école du contexte. Relier les savoirs à leurs utilités, c'est redonner du sens et permettre l'émancipation pour tous. Education aux média, environnement, solidarités, humanités, philo, Europe, économie, métiers, histoire…, sont d'autres savoirs majeurs. Il est nécessaire de libérer le temps scolaire à la faveur de visites d'expositions, de rencontres d'entreprises, d'autres mises en pratique telle le théâtre, la lecture, la vidéo, le sport, l'engagement solidaire, le jardinage… Créons autant d'occasions de se confronter aux textes, à l'écrit et aux chiffres à travers ces transversalités qui décloisonnent, reconnectent, enrichissent et fondent une école du XXI^e siècle.

Penser à la construction globale de l'être en partageant l'ambition éducative, c'est, enfin, faire en sorte que les enseignants se recentrent sur leur cœur de métier tout en développant des partenariats nouveaux avec d'autres intervenants. Savoir lire, écrire, compter en développant des compétences "de société" avec des partenaires "en société", en somme. Il s'agit de promouvoir un faire ensemble aux confluences régénératrices qui placent l'éducation au cœur de la nation et la société de la connaissance tout près d'ici, juste après la boulangerie : à l'école.