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LE PLUS. Cette semaine, certains établissements ont expérimenté les nouveaux rythmes scolaires. Parmi eux, l'école Arthur Cornette, dans le Nord-Pas-de-Calais. Son directeur, également adjoint délégué aux politiques éducatives de sa ville, explique pourquoi il a choisi d'appliquer la réforme dès cette année et détaille les problèmes qu'il a pu rencontrer.

RYTHMES SCOLAIRES. La refondation de l’école voulue par le ministre de l’Éducation nationale entre dans une phase décisive, celle de la concrétisation des premières décisions. Parmi  elles, et non la moindre, la réforme des rythmes scolaires. 

Cette réforme poursuit deux objectifs majeurs : mieux apprendre et favoriser la réussite scolaire de tous. La réussite des enfants à l’école primaire dépend en effet pour une part des conditions dans lesquelles se déroulent leurs apprentissages. Mais elle dépend également, et malheureusement, pour une autre part importante, de l’environnement familial et de son ouverture culturelle.

Assurer un plus grand respect des rythmes naturels d’apprentissage et de repos de l’enfant mais également lutter pour plus de justice sociale grâce à la mise en place d’activités culturelles, sportives ou artistiques, nous est apparu comme une réelle opportunité à saisir. Une autre donnée importante à prendre en compte concerne les élections municipales de 2014. De nombreuses villes connaîtront un changement de majorité avec une prise réelle de fonctions des nouveaux élus en avril, soit trois mois seulement avant les vacances.

Pour y arriver, il a fallu convaincre...

Or la mise en place de cette réforme nécessite du temps, beaucoup de temps…

La ville de Nieppe, dont je suis adjoint à la politique éducative, a donc décidé de mettre en place ce dispositif dès septembre 2013 et de créer un accueil périscolaire de qualité proposant des ateliers ambitieux, venant compléter les apprentissages réalisés en classe.

À l’issue du temps scolaire, à 15h45, des ateliers sont ainsi organisés le lundi, mardi, jeudi et vendredi jusqu’à 17h15. Ces ateliers, facultatifs et gratuits, touchent des domaines différents comme l’expression artistique et culturelle, l’initiation sportive, la communication et les nouvelles technologies, les langues, les activités scientifiques et mathématiques, les activités autour de la langue française.

Pour y arriver il a fallu de la patience, beaucoup de concertation et surtout convaincre…                                

D’abord se concerter avec les enseignants, premiers concernés et malheureusement trop souvent  insuffisamment associés au débat. De ces échanges ont émergé un projet commun d’organisation de ces nouveaux horaires (mairie et conseil d’école) présenté à l’Inspection académique et de nombreuses réflexions concernant le contenu et la durée des ateliers.

Ensuite, convaincre certains collègues élus qui, en découvrant le montant du financement de ce dispositif, perdaient de vue l’esprit de la loi et les objectifs visés pour ne retenir que "l’addition". Enfin, et surtout, convaincre les parents, parfois persuadés qu’il ne s’agissait là que d’une nouvelle réforme inutile, très souvent inquiets concernant l’organisation du mercredi matin (comment récupérer les enfants, mise en place ou non d’une restauration municipale etc.).

Une fois ce travail d’analyse et de discussion effectué et les stratégies définies, nous avons dû faire face aux réalités concrètes. Recruter 42 animateurs chargés de gérer les 500 élèves des écoles publiques de notre cité. Créer une brigade de remplacement avec pour mission de pallier aux absences ponctuelles et inévitables de certains intervenants (maladie, prise de vacances durant le temps scolaire). Trouver 42 locaux accueillant les enfants. Définir pour chaque groupe scolaire des situations de repli en cas d’intempérie. Travailler sur les projets de chacun des animateurs pour s’assurer de la qualité.

Pour le coup, un vrai parcours du combattant...

Certains points se sont avérés problématiques

Ce dispositif est en place depuis maintenant une semaine et il est l’heure d’effectuer un premier bilan. Le premier jour fut assez compliqué car bon nombre de points que nous n’avions pas identifiés ou considérés comme mineurs se sont, dans les faits, avérés réellement problématiques.

Je citerai à titre d’exemples la difficulté des élèves de CP, non lecteurs, à identifier sur les affiches repères leur nom et prénom, ou encore le temps passé par les élèves des classes maternelles à chercher et manger leur goûter, la récupération des cartables dans les classes à la fin des ateliers, et surtout, le problème des nombreux élèves non inscrits le jour du démarrage, dont les parents avaient soit changé d’avis, soit oublié d’inscrire l’enfant en mairie…

Mais les intervenants ont su faire face et ont trouvé une solution à toutes les difficultés qui se présentaient. Et cette motivation constitue à mes yeux un point tout à fait positif.

Les deux autres jours ont été plus sereins. L’organisation se rôde et les enfants prennent leurs repères. Les activités débutent désormais à l’heure et  les animateurs peuvent réellement travailler sur le contenu des séances. Il est naturellement trop tôt pour effectuer un bilan qualitatif de la réforme des rythmes scolaires mais on sent bien que les différentes pièces permettant d’atteindre les objectifs visés sont bien présentes.

Si, comme vous l’avez compris, je considère la réforme des rythmes scolaires comme une réelle avancée, il n’en demeure pas moins que d’autres chantiers tout aussi importants doivent rapidement sortir de terre si on souhaite une refondation réellement ambitieuse de l’école.

La création d’un véritable statut du directeur d’école, une réflexion sur les programmes, une autonomie maîtrisée des établissements, autant de défis à relever pour faire sortir notre système éducatif de l’âge de glace et le faire entrer dans le XXIe siècle…

Par David Decoopman, directeur d'école