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Revue de presse : Article dans Le Nouvel Observateur du 17/03/2011 : Luc Chatel défend son bilan : "Le faux argument des suppressions de postes"

A deux jours de la mobilisation des enseignants, le ministre de l'Education nationale s'explique.

On reproche au ministère d'avoir supprimé 50.000 postes d'enseignants depuis 2007. N'y avait-il pas d'autres options ?

- Nicolas Sarkozy avait annoncé que pendant son quinquennat, il ne remplacerait pas un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. Avec la crise financière, cet objectif est plus que jamais d'actualité ! Pour autant, l'éducation reste LA priorité du gouvernement : le budget 2011 est en augmentation de 1,6%. Nous n'avons jamais autant investi pour l'éducation. Pensez qu'en 2010, nous avons augmenté les jeunes certifiés de 157 euros nets par mois et les agrégés de 259 euros. Ceci alors que nos voisins comme l'Italie ou le Portugal licencient des enseignants… Quant aux suppressions de postes, c'est un faux argument : nous avons 35.000 professeurs de plus en 2011 qu'en 1990 alors qu'il y a 500.000 élèves en moins. A la rentrée prochaine, le ministère de l'Education sera le premier recruteur de France avec 17.000 recrutements.

 

Plusieurs enquêtes soulignent que nous ne mettons pas les moyens là où il le faut : dans le primaire, et auprès des élèves les plus faibles. Qu'avez-vous fait ?

- Il faut avoir conscience du défi relevé par l'école républicaine : en l'espace d'une génération nous avons multiplié par trois le nombre de bacheliers ! Mais nous faisons face aujourd'hui à un nouveau défi : celui de la qualité. Le niveau des élèves est hétérogène, les difficultés sont hétérogènes ; il faut maintenant offrir un enseignement personnalisé, adapté à la situation locale, au potentiel et aux difficultés de chaque élève. C'est ce que nous avons fait au lycée avec deux heures d'accompagnement personnalisé. C'est aussi ce que nous faisons avec la mise en place d'un suivi des décrocheurs pour savoir où ils sont, en lycée, en CFA ou nulle part, en concertation avec les missions locales, pour leur proposer des réponses individuelles.

 

L'OCDE note pourtant une aggravation des inégalités, à quoi ont servi les réformes déjà engagées ?

- L'éducation, c'est le règne du temps long : la dernière enquête PISA de 2009 porte sur des collégiens entrés à l'école en 1996/1997. Les enfants du socle commun au collège, de la refonte du primaire, de toutes ces réformes engagées par la droite, ne seront évalués qu'en 2018. Nous manquions d'indicateurs et c'est pour cela que nous avons mis en place des évaluations nationales, en CE1 et en CM2. Les résultats des dernières évaluations seront bientôt publics. Je vous invite à les suivre.

 

Vous avez réformé la carte scolaire pour, disiez vous, améliorer la mixité sociale dans les établissements, quels en sont les résultats ?

- Nous l'avons assouplie pour donner à tous les parents une liberté de choix. Pour l'heure, nous enregistrons de bons résultats : 90% des dérogations demandées par des élèves en situation de handicap sont satisfaites, 80% pour les boursiers. Nous n'avons pas à ce jour d'évaluation sur l'impact concernant la mixité sociale, mais nous l'avons lancée.

 

Mais le syndicat des chefs d'établissement a dressé un bilan plutôt négatif de cet assouplissement...

- Contrairement aux caricatures que j'entends régulièrement, je n'ai pas d'exemple d'établissement qui se serait ghettoïsé.

 

Par ailleurs, on constate que les réformes ont du mal à s'appliquer sur le terrain. Que comptez-vous faire ?

- On ne peut pas à la fois revendiquer l'autonomie des établissements, la liberté pédagogique des enseignants, et s'en plaindre ! Désormais, le pilotage est décentralisé. Des décisions sont transférées au niveau des recteurs dans les académies, pour que les décisions soient prises au plus près de la réalité du terrain. C'est à eux notamment de répartir les postes entre les établissements et de conclure avec eux des contrats d'objectifs. Un exemple : les lycées ont carte blanche pour répartir 30% des heures de cours en seconde : une vraie marge de manœuvre !

 

Tout le monde crie au fiasco à propos de la réforme de la formation des enseignants…

- Tout le monde hurlait de la même manière contre les IUFM, à commencer par les syndicats eux-mêmes. Je trouve injustes ces critiques. Avec la réforme, nous élevons le niveau de la formation initiale en recrutant à bac+ 5 au lieu de bac +4. Certes, une partie des reçus au concours en 2010 ont dû prendre en charge des classes directement, mais c'est une étape de transition. Dès 2011, les admissibles aux concours auront un stage pratique dans un établissement avant de passer l'oral. Mais je ne m'interdis pas d'améliorer le dispositif, en introduisant les masters en alternance par exemple.

 

Propos recueillis par Caroline Brizard et Véronique Radier

Des extraits de cette interview ont été publiés dans Le Nouvel Observateur du jeudi 17 mars 2011



19/03/2011
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