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La mairie de Paris compte mettre en place la réforme dès la rentrée de septembre. Les instituteurs, eux, manifestent aujourd’hui.

La réforme nationale des rythmes scolaires n’en finit pas de créer des fractures dans la capitale. De quoi s’agit-il ? Le plan du ministre de l’Education, Vincent Peillon, prévoit le retour des cours le mercredi matin et un allégement de l’emploi du temps les autres jours de la semaine. A Paris, selon l’hypothèse de travail privilégiée par la mairie, les enfants finiraient toujours à 16h30, mais verraient leur pause de midi allongée de quarante-cinq minutes.

Les animateurs de la Ville profiteraient de ce créneau pour organiser des activités culturelles et ludiques.

Les professeurs

Vent debout contre ce projet, les instituteurs semblent avoir consommé le divorce avec la mairie de Paris, qui ne renonce pas à mener sa révolution tambour battant pour la rentrée de septembre. A l’appel de l’ensemble de leurs syndicats, les professeurs manifesteront encore cet après-midi entre la Sorbonne et l’Hôtel de Ville. Le 22 janvier, ils avaient été plus de 82% à cesser le travail. Une grève record.

Ces derniers jours, les directeurs d’école ont aussi multiplié les réunions d’information avec les parents d’élèves. Selon Jérôme Lambert, secrétaire local du syndicat Snuipp, la Ville et le rectorat auraient « empêché » la tenue de deux de ces débats. « La Ville cherche à éviter la jonction entre parents et enseignants, affirme Jean-Pierre Daymard, porte-parole du Snudi-FO. Le mouvement ne retombe pas, il s’étend. »

Autour de Bertrand Delanoë, qui a fait savoir qu’il ne lâcherait pas, on s’efforce d’« expliquer » et de « concerter ». Les syndicats seront reçus à l’Hôtel de Ville mardi. Mais, sans attendre, la direction des affaires scolaires a envoyé une première mouture de son projet dans les établissements. Et, selon nos informations, des éléments de « riposte » à en-tête du PS auraient aussi été adressés aux conseils d’école.

Les animateurs

Dans cette guerre de tranchées, chacun est sommé de choisir son camp. Principal représentant des agents de la Ville, l’Unsa a très mal pris les arguments des instituteurs, qui insistent sur le manque de formation et l’absentéisme des animateurs promis à des responsabilités accrues. « Les syndicats d’enseignants donnent de nous l’image d’une bande d’incapables, nuls, voire dangereux pour les enfants », écrit l’Unsa. Une caricature, postée sur le site du Snuipp, montrait récemment une animatrice « désorientée » au point de remettre des écoliers à un ogre et Barbe-Bleue, au lieu de ses parents. La blague — vite retirée — a si peu fait rire que l’Unsa appelle maintenant… « à ne pas soutenir » la manifestation d’aujourd’hui.

Du côté des familles aussi

Le cortège pourrait révéler des divisions. Car si la FCPE soutient le principe de refonte des rythmes scolaires, une partie des parents commencent à s’inquiéter de sa mise en œuvre à Paris. Chez les élus parisiens, le Front de gauche s’est positionné contre la réforme. La droite a exprimé un soutien inattendu aux grévistes. Quelques voix susurrent même que « les Verts ne seraient pas tous favorables au projet ».

Les élus

Le débat devrait s’inviter au prochain Conseil de Paris, le 11 février. Si la cacophonie ne s’étend pas à l’Hémicycle, elle sera en tout cas bien là dehors : les enseignants ont déjà prévu un nouveau rassemblement ce jour-là sur le parvis de l’Hôtel de Ville. Ce sera le cinquième en deux mois.

Christel Brigaudeau