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Revue de presse : Article dans Le Parisien du 09/03/2011 : Parents, ayez confiance en vous !

Mais non, le « métier » de parent n’est ni insurmontable ni une mission jalonnée d’angoisses et truffée de culpabilité, au bout de laquelle on se verrait, espère-t-on, délivrer un certificat d’éducation réussie ! A lire et à écouter Virginie Dumont, psychologue, maman de deux grands enfants et responsable pédagogique dans une association de prévention auprès d’adolescents, il serait en tout cas temps, et salutaire, que les pères et mères du XXIe siècle, hyperstressés, s’en persuadent.

Pour y contribuer, elle vient de publier « Comment rater l’éducation de ses enfants ? »*. Un rassurant petit ouvrage, bourré d’humour, qui se pose en antimanuel du parfait parent.

Pourquoi ne serait-on pas capables d’élever nos enfants ?
« Les enfants et adolescents d’aujourd’hui vont… beaucoup mieux que leurs parents ! » Virginie Dumont n’en a pas après les adultes. Ils peuvent mieux faire, mais n’y sont pour rien. « C’est plutôt la société qui va mal ! Quand on voit tous les livres, sites Internet et forums consacrés à l’éducation, sous-entendu réussie, c’est à se demander si on ne serait pas tous devenus des crétins incapables d’élever des enfants ! »

 

Pourquoi les parents sont-ils alors si perdus qu’ils se ruent chez le spécialiste au moindre rot de travers, plongent dans les livres pour savoir s’il faut prendre dans ses bras bébé qui pleure, forcer le grand à finir ou pas sa soupe, ou interdire aux 13-15 ans de se tuer les yeux toute la nuit devant leur écran ? Pour partie, la faute à la psychanalyse : « En se libéralisant, elle s’est infiltrée dans l’éducation et sournoisement y a développé l’idée qu’on pourrait traumatiser les enfants en les élevant mal. » La faute aussi « à la disparition du lien social : l’éclatement géographique des familles réduit aujourd’hui la question de l’éducation à la seule sphère des parents. Je crois beaucoup à la constellation familiale pour coéléver un enfant. Or, aujourd’hui, les parents se retrouvent seuls avec ce poids dans un monde où pour eux tout est stress ».

Halte aux guides d’expertises
A trop pulluler, assénant des « normes » qui se contredisent selon les « experts » et l’époque, les guides, qui se veulent réponses à un besoin de conseils, finissent… par accentuer les doutes ! Pire : dépossédant les parents de leurs compétences, ils créent le manque de confiance, estime la psychologue, avouant en « experte repentie » qu’elle a elle-même commis, il y a vingt ans, de petits ouvrages de guidance parentale sur « le sommeil » ou les « difficultés scolaires ». « La culpabilisation commence dès la grossesse, qu’il faut à tout prix réussir. Chaque étape (de telle dent censée pousser pile à 8 mois à l’adolescence présentée comme une catastrophe prévisible, en passant par l’école) est surdramatisée : on n’est plus dans le rationnel », s’emporte la psy.

De vraies difficultés, ça existe parfois. Le besoin d’aider des parents « chez qui la télé serait allumée jour et nuit » ou d’être attentif au « signe de résultats scolaires qui chutent subitement chez un enfant » n’est pas à remettre en cause. « Mais franchement, je ne sais pas comment on peut donner des conseils d’éducation. Etre parent, ce n’est pas une langue étrangère qu’on apprend. On n’élève pas un enfant comme on suivrait une recette de cuisine. Ce n’est pas seulement être éducateur : chacun est parent, en fonction de l’enfant qu’il a été, des parents qu’il a eus, et de l’enfant qui vient au monde. »

On fait bien, on fait mal, mais tout n’est pas si compliqué
« Réussir l’éducation de son enfant, c’est quoi : qu’il devienne trader ou épanoui ? » La psychologue a évidemment son avis sur la question : « Il n’y a pas de réponse, ni de critère objectif. L’éducation n’est pas une réussite ou un échec. C’est un parcours important, qui fait avancer l’enfant ET le parent. » Stresser moins au moindre problème « comme si la vie de l’enfant en dépendait », « décider qu’on est heureux d’être parent », se faire confiance et manier l’humour pour dédramatiser : si l’on s’en tient bon an mal an à ce cap, Virginie Dumont est formelle : élever un enfant, « ce n’est pas si compliqué ». « On est plus ou moins sécurisant, guidant, aimant. On fait tous des erreurs, conclut-elle. Après coup, on se dit qu’on aurait fait certaines choses différemment. Et longtemps après, on voit que certaines ne sont pas si mal. » Il se peut même que les enfants nous en remercient : « Ils détestent sentir leurs parents inquiets. »

 

CLAUDINE PROUST

 

* « Comment rater l’éducation de ses enfants ? » de Virginie Dumont, Ed. Fleuve Noir, 128 pages, 13 €



10/03/2011
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