Revue de presse : Article dans Le Parisien du 15/11/2012 : Rythmes scolaires : pourquoi les enseignants traînent des pieds
Selon une enquête du Snuipp, que nous révélons en exclusivité, les enseignants du primaire rechignent à l’idée de travailler le mercredi matin.
Le retour annoncé à quatre jours et demi de classe par semaine est loin d’enthousiasmer les enseignants du primaire. Un sur deux seulement se dit favorable à cette demi- journée supplémentaire qui doit être instaurée à la rentrée, selon une enquête Harris Interactive* qui sera dévoilée ce matin par le Snuipp, principal syndicat du 1er degré.
Travailler le mercredi à partir de la rentrée prochaine ? A 62%, les instits ne sont pas chauds. Quant au retour du samedi (qui n’est plus envisagé par le ministère), c’est pire : 70% y sont hostiles… alors qu’ils avaient contesté la suppression de cette demi-journée travaillée il y a cinq ans au prétexte qu’elle leur permettait notamment de rencontrer un peu plus les parents.
En résumé, les instits accueillent fraîchement les contours actuels du projet de refondation pour l’école. Alors, que veulent-ils au juste ? Seraient-ils finalement contre l’allégement de ces journées notoirement jugées trop longues pour les écoliers ? Des « tunnels » contre lesquels ils se sont pourtant indignés ces dernières années, aux côtés des associations de parents d’élèves.
Dans les salles de maîtres, on entend depuis la rentrée de très sérieuses réticences quant à travailler le mercredi matin. Un jour de classe en plus, ce sont des trajets domicile-travail parfois longs et coûteux, mais aussi d’éventuels problèmes de garde de bébés pour une profession féminisée à plus de 81%. Soit des dépenses en plus… sans aucune augmentation de salaire en perspective, crise budgétaire oblige.
Mais l’étude révèle que le malaise face à la refondation annoncée n’est pas si terre à terre. Ce que les instits réprouvent, c’est qu’elle « était présentée comme ambitieuse » et leur paraît aujourd’hui se limiter à cette seule question des rythmes hebdomadaires. 61% jugent qu’elle répond avant tout à des intérêts politiques et économiques, plus qu’à ceux des élèves. « C’est surtout comme si on se concentrait sur le seul emballage en oubliant le fond : ce n’est pas seulement en changeant d’emploi du temps, sans se pencher en même temps sur les programmes ou les façons d’apprendre, que les résultats des élèves s’amélioreront. Remettons cette réforme des rythmes à sa place, voilà ce qu’ils expriment dans cette enquête », analyse Sébastien Sihr, secrétaire général du Snuipp. Si les professeurs des écoles disent bel et bien, à 89%, attendre une refonte de l’école primaire, leur priorité no 1 est ailleurs que dans le retour des 4,5 jours. Comme le disent aussi les parents, ils attendent (pour 81% d’entre eux) surtout une diminution du nombre d’élèves par classe. « Comment individualiser le suivi des 20% d’élèves en difficulté, voire 80% dans certains quartiers, si l’on ne peut pas être formé à des pédagogies différentes, et les travailler en fractionnant la classe ? », note le responsable syndical. Sur ce terrain au moins, le ministre aura marqué un point auprès des profs en annonçant offrir, via des recrutements, « plus de maîtres que de classes » aux écoles qui en ont le plus besoin. Et leur permettre ainsi de travailler plus souvent en petits groupes.
* Enquête menée par questionnaires auprès des enseignants des écoles primaires publiques, entre le 11 septembre et le 11 novembre.
Claudine Proust
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