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A Issy-les-Moulineaux, à l’image de leurs aînés collégiens ou lycéens, les élèves des écoles primaires se familiarisent avec Internet.

Derrière leur écran, les élèves du CE2 tiennent à peine sur leur chaise. Ce matin-là, à l’école Jean-de-La Fontaine d’Issy-les-Moulineaux, ils découvrent de nouvelles musiques jazz et des poèmes de La Fontaine, déposés hier soir par leur professeur sur la nouvelle plate-forme numérique de la ville. Certains, comme Lola, 8 ans et visiblement déjà habituée au clavier, farfouillent déjà sur le site pour en découvrir le contenu. D’autres peinent encore un peu à entrer l’adresse Internet : « En quelques semaines, on voit déjà des progrès. Ceux qui n’étaient pas familiers du clavier le maîtrisent mieux », assure Stéphane, l’enseignant volontaire pour lancer la plate-forme.

L’environnement numérique de travail (ENT) d’Issy-les-Moulineaux — sorte de blog adapté aux écoles isséennes — est officiellement lancé depuis une semaine. Le système doit permettre aux parents, aux élèves et aux enseignants — chacun muni de son propre identifiant — d’accéder aux informations des écoles mais aussi à celles des services jeunesse de la ville, ainsi que des médiathèques et des centres culturels. Outil de communication, d’apprentissage et d’implication, ses usages potentiels sont nombreux. Ainsi, parents et élèves peuvent consulter l’agenda numérique et les devoirs — par exemple, pour les enfants absents — et travailler sur des documents supplémentaires mis en ligne par les enseignants : « Pour faciliter l’apprentissage d’une poésie, on peut y mettre une version chantée ou parlée, ajouter d’autres poèmes pour les élèves plus curieux. Quant à moi, au lieu de faire 350 photocopies, je mets directement en ligne les comptes rendus des réunions, des informations sur une sortie, etc. », explique Yves-Laurent Martin, directeur de l’école La Fontaine.

Contrairement aux plates-formes Internet des collèges et lycées du département, ici, on ne trouve ni notes ni appréciations. « Ce n’est ni un outil de surveillance ni une charge de travail, et ça ne remplacera jamais le travail en classe. C’est simplement un outil pédagogique supplémentaire », assure Stéphane. « Nos élèves seront en fonction dans la deuxième moitié du XXIe siècle, dans un monde qui sera numérique. Les analphabètes de demain seront ceux qui ne maîtrisent pas le numérique », assure Edouard Rosselet, le directeur d’académie. « Au moins, pendant quelques heures à l’école, tous les enfants ont accès à un ordinateur et se familiarisent avec le clavier, de manière égalitaire. C’est aussi un moyen pour les parents de s’impliquer dans le quotidien de leurs enfants », souligne le directeur de La Fontaine.

Cependant, l’utilisation a encore des limites. A commencer par le nombre d’élèves par classe, variable selon les écoles, et qui rend difficile l’utilisation de l’ordinateur en classe. L’ENT demande aussi l’adhésion des parents, souvent rétifs à laisser leurs petits devant l’écran. « Le bateau virtuel de Lola, lancé sur l’application numérique du Vendée Globe, s’est échoué la nuit dernière parce qu’elle n’a pas pu avoir accès à Internet. Il faut encore convaincre les parents, même si je comprends leur réticence », avoue le professeur de La Fontaine. Mais surtout, pour exister, la plate-forme demande une implication et un travail supplémentaire aux professeurs. « Certains maîtrisent eux-mêmes mal l’informatique. La mise en place sera compliquée dans certaines écoles », reconnaît le directeur de l’école. Dès la rentrée 2013, la ville espère néanmoins y faire adhérer l’ensemble des établissements.

Jila Varoquier