Revue de presse : Article dans Le Point du 05/09/2011 : Les deux écoles de Puy Saint-Vincent
Une commune des Alpes a ouvert une classe maternelle privée hors contrat dans les bâtiments de l'école publique.
C'est la star de la rentrée des classes : Marcel Chaud, maire sans étiquette de Puy Saint-Vincent, une petite commune de 300 habitants des Hautes-Alpes. Son coup d'éclat ? Refuser la fermeture de sa classe maternelle, ce qui obligerait les enfants à descendre à Vallouise, plusieurs centaines de mètres plus bas, dans le cadre d'un regroupement pédagogique régional. Impensable pour de nombreux parents, qui refusent de confier leurs enfants à un bus l'hiver sur des routes enneigées du massif des Écrins.
En juin dernier, le conseil municipal a donc dégagé un budget de 30 000 euros pour recruter une enseignante, fonctionnaire de l'Éducation nationale. Celle-ci s'est mise en disponibilité : désormais rémunérée par une association, elle a en charge une classe de maternelle privée hors contrat qui accueille dix enfants. Une classe qui jouxte, au sein du bâtiment de l'école communale, l'unique classe élémentaire du village.
Craintes syndicales
Cette situation est unique en France et elle fait jaser : l'inspecteur d'académie des Hautes-Alpes est furieux. L'initiative de Marcel Chaud met en échec sa tentative de regroupement pédagogique, soit la répartition des élèves par niveaux sur plusieurs communes, c'est donc un manque de solidarité avec les autres. Le Snuipp, syndicat majoritaire du premier degré, craint que cette initiative ne fasse des émules, fragilisant encore l'école publique.
De fait, la Fondation pour l'école, une association catholique qui milite pour la création d'écoles privées hors contrat, en profitait vendredi pour appeler à la mise en place du chèque éducation : une mesure d'inspiration libérale, qui revient à faire financer l'école privée par des fonds entièrement publics. Mais Marcel Chaud insiste. Selon lui, le financement de cette classe lui coûte moins cher que le transport scolaire. Il permet de fixer des familles au village qui, sinon, auraient déménagé dans la vallée. Surtout, il se pose en défenseur de l'école républicaine : "C'est une mesure provisoire, qui pallie la carence de l'Éducation nationale. Nous avons recruté une enseignante venue du public pour réaffirmer notre attachement à l'école de la République." En cette rentrée, 1 500 classes doivent fermer pour répercuter la suppression de 16 000 postes à l'Éducation nationale.
Par Marie-Sandrine Sgherri
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