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Revue de presse : Article dans Le Point du 12/05/2011 : Reuters L'école prête à entrer en campagne

PARIS (Reuters) - La question scolaire pourrait jouer un rôle majeur dans la campagne présidentielle de 2012 en France avec une mauvaise note décernée par les syndicats et les associations de parents d'élèves à l'action du gouvernement.

Le ministre de l'Education nationale, Luc Chatel, vante pourtant son bilan en affichant des statistiques flatteuses. Le Parlement a ainsi voté cette année le budget le plus important jamais alloué à l'enseignement, d'un montant de 65 milliards d'euros, et la dépense moyenne consacrée à chaque élève a augmenté de 80% depuis 1980, a-t-il notamment fait valoir.

Les syndicats dénoncent pour leur part des chiffres en trompe-l'oeil et insistent sur les quelque 50.000 postes d'enseignants supprimés en quatre ans en raison du non-remplacement d'un départ à la retraite sur deux.

"L'école va devenir un enjeu important de la campagne", dit à Reuters Christian Chevalier, secrétaire général du syndicat SE-Unsa, qui juge le bilan gouvernemental "globalement négatif".

Sans surprise, certains dans la majorité portent une appréciation plus clémente que celle des syndicats sur l'oeuvre de Luc Chatel et de son prédécesseur, Xavier Darcos.

"Il n'y a pas eu de crise sociale majeure dans le monde de l'éducation, ce qui est une forme de prouesse", dit ainsi à Reuters le député UMP Hervé Mariton. "Il me semble que depuis quelques années, il y a une réforme continue de l'école qui est assez bien menée."

 

UN DÉFI POSÉ À L'ÉCOLE

 

Christian Chevalier est d'un tout autre avis. S'il approuve la réforme des lycées avec son système d'aide personnalisée, le syndicaliste estime "rétrograde" la réforme des programmes du primaire avec le retour de l'apprentissage par coeur.

Il se montre également sévère pour le retour de la semaine de quatre jours, toujours en primaire, avec la suppression des cours le samedi matin.

Mais ses critiques les plus dures sont pour la "désectorisation", terme barbare qui permet aux parents de choisir l'établissement de leurs enfants, contribuant ainsi à la formation de "ghettos". Et aussi pour la réforme de la formation des enseignants, "qui conduit à voir débarquer dans les établissements des jeunes sans aucune qualification."

S'y ajoutent les problèmes de violence et des classes surchargées qui rendent le métier d'enseignant "de plus en plus difficile et anxiogène et de moins en moins attrayant".

"Il y a un véritable défi posé à l'école avec un écart qui ne cesse de se creuser entre les élèves qui réussissent et ceux qui sont en difficulté, et un lien grandissant entre origine sociale et réussite sociale", dit Christian Chevalier à Reuters.

Autrement dit, l'école ne remplirait plus son traditionnel rôle républicain : donner à chacun les mêmes chances.

 

FERMETURES DE CLASSES

 

Le budget 2011 prévoit de supprimer 16.000 postes d'enseignants, rappellent en outre les syndicats, qui déplorent également la décision annoncée par Luc Chatel de fermer 1.500 classes de primaire à la rentrée, malgré l'arrivée attendue de près de 5.000 élèves supplémentaires.

Les occupations d'écoles se multiplient, notamment dans les zones sensibles comme les banlieues des grandes villes.

Des parents d'élèves et des enseignants de trois villes de Seine-Saint-Denis ont ainsi lancé la semaine dernière un "appel pour que l'éducation redevienne une priorité nationale" en présence d'élus et de personnalités de l'opposition.

"Nous estimons que la situation faite à l'éducation est inacceptable dans notre département et dans toute la France", ont souligné les protestataires dans un communiqué.

L'école française reçoit une note moyenne pour ses performances dans une étude internationale de référence qui relève un fort accroissement des inégalités et de la proportion d'élèves en difficultés.

Publiée tous les trois ans, la dernière livraison de l'étude internationale Pisa (Programme international pour le suivi des acquis), réalisée en 2009 par l'OCDE sur 65 pays, montre une stagnation de la France dans la moyenne des pays riches ou en développement et met en lumière des problèmes structurels.

Luc Chatel a admis que le résultat n'était guère brillant pour un pays qui consacre plus de 20% de son budget à l'Education, y emploie un million de fonctionnaires et a mené récemment d'importantes réformes.

"Le professeur dirait sans doute à la classe France : 'peut mieux faire' et surtout 'mobilisation générale'", a-t-il dit.

Si l'urgence est établie, il n'est cependant pas certain que Nicolas Sarkozy souhaite faire de ce sujet sensible un thème de campagne, estime Hervé Mariton.

"Je n'ai pas l'impression que le président de la République ait envie de cliver sur les sujets de société", dit-il. "C'est dommage car il pourrait y avoir matière".

 

Avec Emile Picy, édité par Yves Clarisse



15/05/2011
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