Revue de presse : Article dans Le Point du 26/08/2015 : Éducation : la rentrée à laquelle vous avez échappé !
Un nouveau membre du Conseil supérieur des programmes a démissionné pour dénoncer la prise en main idéologique de Najat Vallaud-Belkacem sur cette instance.
Ce devait être une bien belle journée pour Najat Vallaud-Belkacem : celle de sa conférence de presse pour la rentrée, où elle expose, souriante et sourcilleuse, les grandes lignes de sa stratégie. À son arrivée, les photographes la mitraillent. Elle s'étonne même à haute voix, non sans plaisir, que l'assistance soit si nombreuse.
Mais un événement inattendu vient ternir son triomphe. La députée Les Républicains Annie Genevard, membre du Conseil supérieur des programmes (CSP), annonce officiellement sa démission. Elle est la quatrième sur dix-huit membres à claquer la porte. Et à lever le voile, du même coup, sur cette institution créée par la loi Peillon sur la refondation de l'école, qui a suscité de vives polémiques avant l'été à cause de ses choix, notamment sur l'enseignement de l'histoire ou des langues anciennes.
Fausse indépendance
La démissionnaire dénonce, en premier lieu, la « folie » qui consiste à modifier tous les programmes de la maternelle à la terminale d'un même mouvement. Elle s'insurge ensuite contre la fausse indépendance du CSP, que la loi de 2013 a désigné comme une « instance indépendante placée auprès du ministre ». Une ambiguïté dont n'a cessé de jouer Najat Vallaud-Belkacem. « Nous avons appris que le cabinet de la ministre intervenait dans nos travaux en amont et sans que la plupart des membres le sachent, explique Annie Genevard au Point. Quand, lors d'un déjeuner au ministère, je me suis étonnée de cet interventionnisme, le directeur de cabinet de Najat Vallaud-Belkacem m'a répondu en citant Edgar Faure sur « l'indépendance dans l'interdépendance ».
Ainsi, quand la suppression du latin et du grec en tant que disciplines à part entière a provoqué le tollé que l'on sait, la ministre s'est retranchée derrière la prétendue indépendance du CSP, auquel elle a demandé de faire des propositions. « Mais la lettre de saisine contenait déjà la réponse aux questions qu'elle posait, s'insurge la députée. Elle découpait l'enseignement du latin en tranches, entre français pour l'étymologie, l'histoire pour la civilisation et un enseignement complémentaire pour la langue. »
Absurde
Mais le plus grave, c'est assurément l'emprise idéologique exercée par Najat Vallaud-Belkacem et son entourage. En son nom, tout est possible, même les excès les plus absurdes. Ainsi, le projet des programmes de français recommandait dans sa première mouture, sur ordre du cabinet, de respecter la parité entre les auteurs femmes et les auteurs hommes. On imagine ce que devient dans un tel contexte l'étude des textes classiques !
Plus ahurissant encore, les programmes de maternelle, qui prennent effet dès cette rentrée 2015, émettaient, dans une version initiale, une proposition assez stupéfiante concernant les enfants de migrants scolarisés. Les familles de ceux-ci devaient être conviées à venir dans les salles de classe parler leur langue d'origine devant l'ensemble des élèves, invités à écouter les yeux fermés, afin de mieux s'imprégner de la musique de ces parlers différents.
Contre cette brillante idée, Annie Genevard avait déjà mis sa démission dans la balance. Avec succès. Il reste juste à se demander comment la même ministre peut à la fois cautionner de tels délires et prétendre incarner la défense de la laïcité.
Par Sophie Coignard
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