Revue de presse : Article dans Les Echos du 17/01/2011 : Les évaluations de CM2 suscitent une contestation d'ampleur
Des opposants aux évaluations de CM2 ont mis en ligne les tests qui doivent être passés cette semaine par les élèves, une divulgation jugée "inadmissible" par le ministre Luc Chatel mais qui s'inscrit dans une large contestation du dispositif par la communauté éducative.
Alors que 821.792 élèves de CM2 (public et privé) doivent plancher cette semaine sur ces tests, les cent questions de français et mathématiques qui les composent étaient consultables lundi matin sur deux sites internet, mais n'y étaient plus dans l'après-midi, sans que l'AFP n'en connaisse la raison.
Il s'agit du blog "Evaluator" (http://evalsnats.eklablog.fr), dont un groupe de parents d'élèves de Haute-Savoie est à l'origine selon lemonde.fr, et du site du syndicat d'enseignant pp-FSU de la Meuse (http://55.snuipp.fr).
Ayant appris que ces évaluations étaient en ligne, des parents d'élèves FCPE en ont fait une distribution lundi matin devant une école parisienne.
"Les évaluations sont arrivées dans les écoles la semaine dernière, il a suffi qu'un enseignant ait décidé de les transmettre à d'autres personnes pour qu'elles soient mises en ligne", a expliqué à l'AFP Sébastien Sihr, numéro un du SNUipp au niveau national.
Interrogé par l'AFP, le ministre de l'Education nationale, Luc Chatel, a jugé la divulgation "inadmissible", brandissant la menace de poursuites mais disant aussi sa confiance dans "le sens des responsabilités" des professeurs et des parents pour qu'ils ne donnent pas les documents aux élèves avant l'organisation des tests.
Ceux-ci sont "indispensables", a-t-il insisté, pour mesurer le niveau de chaque élève et pour "améliorer les performances de notre système éducatif".
"Nous avons depuis deux ans des tentatives de sabotage du dispositif. Ces tentatives sont le fruit d'une infime minorité. Elles n'en demeurent pas moins indignes de l'Ecole de la République", a ajouté M. Chatel.
Si les fuites sur internet, qui ne sont pas une première, sont bien l'oeuvre de quelques uns, en revanche la contestation de ces évaluations organisées depuis 2009 en fin de CE1 et milieu de CE2 prend cette année de l'ampleur.
Certes, seuls la CGT (minoritaire dans l'éducation), des maîtres du mouvement pédagogique Freinet et les "désobéisseurs" ont appelé au boycott.
Mais la FCPE, principale fédération de parents du public, a appelé au blocage via la non-transmission des résultats aux académies, et aucun des trois grands syndicats de maîtres n'est favorable au dispositif actuel, le SE-Unsa ayant même demandé lundi "le retrait des évaluations en cours".
A l'issue de discussions avec les syndicats, le ministère avait accepté cette année de revoir en partie le mode de notation, mais pas le calendrier.
Or un bilan en janvier est considéré comme trop tardif pour être utile aux instituteurs à aider les élèves, selon le SNUipp, le SE-Unsa et le Sgen-CFDT.
Derrière l'intransigeance sur le calendrier, certains voient désormais la volonté de faire des tests de CM2 un examen de passage en 6ème.
Malgré l'assurance du ministère que les résultats individuels ne seraient connus que des maîtres et des parents, un collectif national juge probable leur transmission au collège. "C'est déjà le cas dans le collège de ma fille", a assuré à l'AFP Cécile Espérou-Kenig, de la FCPE Paris.
Ce serait le "prélude à un retour à un examen d'entrée en 6ème", idée défendue par une partie de la droite, écrit lundi sur son blog l'historien de l'éducation Claude Lelièvre.
Par Emmanuel DEFOULOY
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